Le suivi de la COP28 à Dubaï.
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Les négociations s'accélèrent à la COP28 avec l'obsession d'une entente sur les énergies fossiles

- Un accord sur la fin du charbon, du pétrole et du gaz reste à trouver à la COP28 à Dubaï, mais les négociations s'accélèrent vendredi dans une atmosphère trépidante, le président émirati Sultan Al Jaber et les ministres des pays s'engageant pour la dernière ligne droite.

- L'année 2023 sera la "plus chaude" de l'histoire après un mois de novembre "extraordinaire" devenu le 6ème mois d'affilée à battre des records de température, a annoncé mercredi le service européen Copernicus. Il met ainsi la pression sur les négociations de la COP28, où une nouvelle version du texte en discussion en vue d'un futur accord, théoriquement d'ici le 12 décembre, est attendue.

- Près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles ont obtenu une accréditation pour la COP28 à Dubaï, a fait savoir mardi une coalition d'ONG, alors que les négociations sur l'énergie fossile se poursuivent dans l'émirat.

- Le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, a réaffirmé lundi qu'il respectait les préconisations scientifiques sur le changement climatique et qu'il appelait à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43% d'ici à 2030, répondant à ses détracteurs au 5e jour de la conférence.

- "Voici des sites majeurs d'émissions": invité à faire une présentation en salle plénière de la COP28 à Dubaï, l'ex-vice-président américain Al Gore a pointé dimanche le bilan climatique des Emirats arabes unis, pays hôte, allant jusqu'à dénoncer l'empreinte carbone d'Adnoc, la compagnie pétrolière nationale dirigée par le président de la conférence, Sultan Al Jaber.

- Une vingtaine de pays, dont les États-Unis et la France, ont appelé dans une déclaration commune à tripler les capacités de l'énergie nucléaire dans le monde d'ici 2050, par rapport à 2020, pour réduire la dépendance au charbon et au gaz.

-  Des dizaines de dirigeants, chefs d'Etat et monarques se sont succédé à la tribune de la COP28 à Dubaï durant les premiers jours, mais le chemin vers un accord pour rompre la paralysie climatique semble loin d'être acquis. Si les discours ont souvent été enflammés, aucune avancée significative n'a été enregistrée.

RTSinfo

21h40

A la COP28, la Colombie et les Emirats arabes unis pressent les autres

Les négociations ont repris à la Conférence de l'ONU sur le climat. Après une journée de pause, les ministres des quelques 200 Etats signataires de l'accord de Paris, parmi lesquels le Conseiller fédéral Albert Rösti, convergent vers Dubaï. La COP28 où la sortie des énergies fossiles concentre toute l'attention et toutes les tensions.

"Laissez votre carbone sous terre": une action contre les énergies fossiles parmi de nombreuses autres dans les artères palmées de la COP28. Pression surtout dans le coeur climatisé des négociations sur la sortie des énergies fossiles. Les pays producteurs s'y opposent toujours, mais ce matin, l'un d'eux, la Colombie, a fait sensation.

"La Colombie veut inviter avec respect les pays à s'engager pour la sortie des énergies fossiles et pour l'objectif de réduction des émissions en 2030", martèle Susanna Muhamad, ministre colombienne de l'Environnement, dans le 19h30 vendredi.

"J'ai besoin que vous passiez à la vitesse supérieure, que vous sortiez de votre zone de confort", presse de son côté le sultan Al Jaber, président de la COP28.

>> Le reportage du 19h30 vendredi :

La politique de sortie des énergies fossiles cristallise les tensions à la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques
La politique de sortie des énergies fossiles cristallise les tensions à la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques / 19h30 / 2 min. / le 8 décembre 2023

15h00

Une nouvelle version du texte négocié élargit les possibles sur les fossiles

Une nouvelle ébauche de projet d'accord a été publiée vendredi à la COP28, élargissant encore les possibilités sur les énergies fossiles, pour tenter de trouver la bonne formule susceptible d'emporter l'adhésion de pays aux aspirations contradictoires.

Cette troisième version du texte qui sert de base de discussion en vue d'une adoption d'ici la fin de la COP, mardi, reprend en 27 pages et 206 articles les différentes options poussées par les différents pays, avec de nouvelles formulations inédites.

Sur les énergies fossiles, au coeur des discussions, cinq options sont désormais proposées, dont celle de n'avoir "aucun texte" - rien sur le sujet - ou encore "une sortie des énergies fossiles alignée sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles".

Deux autres formulations de sortie des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) mettent plus spécifiquement l'accent sur le rôle des technologies de captage des émissions.

Deux types d'énergies liés

Mais le sort des énergies fossiles est aussi mentionné par ricochet dans d'autres passages du texte, en particulier celui qui appelle à un triplement de la capacité des énergies renouvelables dans le monde d'ici 2030. Cela ouvre donc aussi la voie à une formulation finale qui pourrait lier le sort des deux types d'énergies.

Ce développement des renouvelables pourrait ainsi être mis en oeuvre de telle manière qu'il "déplace", ou remplace, l'énergie fondée sur les combustibles fossiles, selon l'une des options proposée.

Une phraséologie qui fait écho à une déclaration conjointe en novembre entre Chine et Etats-Unis, les deux premiers émetteurs mondiaux. Les deux puissances s'engageaient à "accélérer suffisamment le déploiement des renouvelables (...) afin d'accélérer le remplacement de la production d'électricité à partir du charbon, du pétrole et du gaz".

Mais, rappel que rien n'est joué et que certains pays ne veulent pas voir de formules trop spécifiques sur l'énergie, une option est aussi de n'avoir "pas de texte" sur les renouvelables.

11h00

La Suisse classée "médiocre 21e" au classement climatique par pays

La Suisse doit faire beaucoup plus pour combattre le réchauffement, estime Greenpeace à l'occasion de la publication du classement climatique 2024 par pays en marge de la COP28 à Dubaï. Notre pays figure au 21e rang sur 63 nations.

“La classe politique suisse doit se réveiller de son profond sommeil!", s'insurge Greenpeace dans un communiqué. L'ONG réagit ainsi à l'indice de performance sur le changement climatique (CCPI) 2024, dévoilé ce vendredi en marge de la COP28 à Dubaï.

La Suisse stagne à la 21e place, un rang qualifié de "médiocre" par l'organisation de protection de l'environnement. C'est à peine mieux qu'en 2023 (22e) et nettement moins bien qu'en 2022 (15e) et 2021 (14e).

En tant que pays riche, la Suisse a la responsabilité de se doter d'une politique climatique plus ambitieuse.

Georg Klingler, expert climat et énergie pour Greenpeace Suisse

Ce classement établi par l'organisation environnementale Germanwatch de concert avec le New Climate Institute et le Climate Action Network évalue chaque année, depuis 2005, les efforts d’atténuation du réchauffement climatique d'une soixantaine de pays ainsi que de l’Union européenne dans son ensemble, responsables de plus de 90% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Plusieurs centaines d'experts internationaux y participent.

Le classement prend en compte quatre grands critères: la politique climatique, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie et les mesures en faveur des énergies renouvelables. Les critiques sévères subies l'an dernier par la Confédération de la part des milieux écologistes ne s'apaisent pas cette année, au contraire.

>> Les précisions dans le 12h30 :

Une action de Greenpeace sur le glacier du Gorner, près de Zermatt, en 2009. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Greenpeace enjoint la Suisse à en faire plus pour combattre le changement climatique / Le 12h30 / 1 min. / le 8 décembre 2023

>> Lire :

Une action de Greenpeace sur le glacier du Gorner, près de Zermatt, en 2009. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Greenpeace enjoint la Suisse à en faire plus pour combattre le changement climatique / Le 12h30 / 1 min. / le 8 décembre 2023

09h00

La guerre entre Israël et le Hamas s'ingère-t-elle dans les négociations?

Près de 200 pays négocient ces jours à la COP28  à Dubaï. Une question se pose: la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi que les tensions géopolitique majeures, piratent-elles les pourparlers climatiques?

Pas directement, estime Sébastien Treyer, directeur de l'Institut du développement durable et des relations internationales, qui assiste aux négociations.

"On parle plutôt de la manière dont les pays du Nord ou ceux du Sud sont capables de s'entendre sur la question des problèmes économiques des pays défavorisés. Et c'est dans ce cadre-là que la défiance de certains pays du Sud est encore accrue par le problème de la guerre entre Israël et le Hamas. Ces Etats disent: 'vous avez des doubles standards, des manières de nous regarder différemment. La guerre vient renforcer cela", explique Sébastien Treyer.

Des manifestants en marge de la COP28 sur le climat demandent la fin des énergies fossiles. [AP/Keystone - Peter Dejong]AP/Keystone - Peter Dejong
La guerre entre Israël et le Hamas s'invite à la COP28: interview de Sébastien Treyer / La Matinale / 1 min. / le 8 décembre 2023

08h00

"Finissons le travail", lance le président émirati à la reprise des débats

Un accord sur la fin du charbon, du pétrole et du gaz reste à trouver à la COP28, mais les négociations s'accélèrent vendredi à Dubaï dans une atmosphère trépidante, le président émirati Sultan Al Jaber et les ministres des pays s'engageant pour la dernière ligne droite.

"S'il vous plaît, finissons le travail!" a lancé Sultan Al Jaber vendredi matin aux négociateurs des pays, après la journée traditionnelle de pause de jeudi. Il a mis au travail quatre binômes de ministres des pays développés et du Sud pour débloquer les discussions.

Il a demandé une troisième version du projet d'accord, où les fossiles doivent être cités, dès vendredi après-midi.

Sultan Al Jaber, par ailleurs patron de la compagnie pétrolière Adnoc, a prévenu les 197 pays participants qu'il voulait clôturer la COP à l'heure, mardi à 11H00 heures locales (07H00 GMT), ce qui serait exceptionnel: les quatre dernières COP ont toutes dépassé leur fin prévue de plus de 24 heures.

Ce patron à la personnalité méthodique ne cesse lui-même de parler d'une COP historique, depuis le premier soir, le 30 novembre, quand les pays ont adopté une décision historique sur la mise en oeuvre d'un fonds pour aider les pays pauvres à payer pour les "pertes et dommages" climatiques.

"Nous avons surpris les sceptiques et inspiré les optimistes", a-t-il insisté vendredi.

Il n'est pas le seul à le dire, malgré le suspense qui reste entier sur la forme d'un accord final autour des énergies fossiles.

>> Les explications dans le 12h45 :

En direct de Dubaï, notre journaliste Pascal Jeannerat fait le point sur ce qu'il reste à attendre de la COP28
En direct de Dubaï, notre journaliste Pascal Jeannerat fait le point sur ce qu'il reste à attendre de la COP28 / 12h45 / 1 min. / le 8 décembre 2023

Plusieurs pays opposés à la réduction ou la sortie des énergies fossiles

Une poignée de pays, dont la Chine, premier consommateur mondial d'énergies fossiles, et l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, se sont opposés pour l'heure à la mention d'une réduction ("phase-down", en anglais) ou d'une sortie ("phase-out") des énergies fossiles dans le projet d'accord.

Leur opposition est en balance avec les deux options de formulation citées dans la 2e version du projet d'accord, datant de mardi: "une sortie juste et ordonnée" des énergies fossiles, ou l'engagement d"accélérer les efforts en vue d'une sortie" de ces combustibles brûlés "sans dispositif de captage des émissions, et de rapidement réduire leur usage pour atteindre la neutralité carbone" d'ici 2050.

>> Les précisions dans La Matinale :

Les négociations s'accélèrent à la COP28 avec l'obsession d'une entente sur les fossiles. [AP/Keystone - Joshua A. Bickel]AP/Keystone - Joshua A. Bickel
Les enjeux de la COP28 au moment d'entamer les cinq jours de négociations / La Matinale / 1 min. / le 8 décembre 2023

Cette dernière formulation fait écho à celle employée par les deux plus puissantes économies mondiales, Etats-Unis et Chine, dans une déclaration commune en novembre: "accélérer suffisamment le déploiement des renouvelables (...) afin d'accélérer le remplacement de la production d'électricité à partir du charbon, du pétrole et du gaz".

Mais des formulations alternatives à ces options peuvent encore surgir: "ce n'est pas binaire ou trinaire, il faudra trouver quelque chose qui permette d'avoir un consensus", confie un négociateur du camp de la sortie.

VENDREDI 8 DÉCEMBRE

Les espoirs d'un responsable du WWF au moment d'entamer les négociations

La COP28 de Dubaï sur le climat, entame sa dernière ligne droite. Après une journée de repos, les différentes délégations se remettent autour de la table des négociations. Les discussions techniques de la première semaine sont désormais terminées.

Les ministres de l’environnement des différents pays, dont Albert Rösti pour la Suisse, sont attendus ce week-end à Dubaï pour entamer la phase politique.

A ce stade, toutes les options sont encore présentes sur la table pour un texte finale ambitieux, attendu pour mardi, avec potentiellement un passage sur la sortie des énergies fossiles.

"Nous, nous avons le recul de 30 ans de COP", explique Arnaud Gilles, responsable Climat-Energie au WWF (France), qui participe aux négociations à Dubai. "En 30 ans, on n'a pas mentionné une seule fois le mot 'fossile', avant 2021. En 2021, on a commencé à parler du charbon: il s'est passé alors quelque chose qu'il ne s'est jamais passé avant, c'est-à-dire qu'on traite des principaux responsables du réchauffement climatique, qui sont le gaz, le pétrole et le charbon."

Le fait que cette COP se passe dans un pays extracteur de pétrole a également réveillé la société civile dans de nombreux pays, se réjouit Arnaud Gilles. "La présidence émirienne a bien mesuré qu'elle a là une responsabilité qui est de l'ordre de sa réputation", analyse le responsable, qui espère que cette pression sur la diplomatie des Emirats arabes unis leur permette de "se détacher de leurs intérêts économiques à très court terme".

>>  L'interview d'Arnaud Gilles dans La Matinale:

Après les discussions techniques, les négociations: la COP28 entame sa dernière ligne droite. [EPa/Keystone - Martin Divisek]EPa/Keystone - Martin Divisek
Note d'espoir des ONG pour la dernière journée de la COP 28: interview Arnaud Gilles / La Matinale / 1 min. / le 8 décembre 2023

21h10

Pour faire bouger les choses, "il faut cibler les messages" en fonction du public

En parallèle de la Cop28, le service climatique européen Copernicus a annoncé que l'année 2023 sera la "plus chaude" de l'histoire.

Les annonces de ce type se multiplient, pourtant le réchauffement climatique ne semble pas réduire. Ces messages sont-ils insuffisants pour faire bouger les choses? La maîtresse de conférences à l'Université de Grenoble et spécialiste du marketing social Marie-Claire Wilhelm estime qu'il est "contreproductif" de seulement faire état du changement climatique sans donner de marche à suivre concrète.

"En plus de la menace, il faut donner des recommandations à suivre qui vont sembler efficaces aux individus et qu'ils vont pouvoir effectuer", indique-t-elle dans Forum mercredi soir.

Et d'ajouter: "Les communications doivent être ciblées. Les messages ne doivent pas être les mêmes."

Pour les jeunes, ce sera plus efficace s'il y a de l'humour, illustre-t-elle.

>> Son décryptage dans Forum mercredi :

La chaleur extrême risque de tuer cinq fois plus d'humains d'ici 2050, selon l'édition 2023 d'un document de référence publié tous les ans par la revue médicale The Lancet. [Keystone - John Locher/AP]Keystone - John Locher/AP
Est-il efficace de communiquer sur les records de chaleur? Interview de Marie-Claire Wilhelm / Forum / 5 min. / le 6 décembre 2023

11h30

Les mangroves, véritables "puits de carbone", sont dangereusement menacées

Les mangroves, ces écosystèmes aussi fragiles que précieux, sont dangereusement menacées. Or, les mangroves sont non seulement des refuges exceptionnels pour la biodiversité terrestre et marine et de formidables remparts contre les tumultes océaniques pour la vie côtière, mais elles sont aussi de véritables "puits de carbone". Les protéger peut donc enclencher un cercle vertueux dans la lutte contre le réchauffement climatique.

A Bali, en Indonésie, les locaux se battent pour préserver les plus grandes mangroves du monde, mises à mal notamment par la pollution plastique. A proximité du port de Benoa, dans le sud de l'île, au sein d'un petit parc de quelques hectares annoncé par un panneau discret "Mangrove Arboretum Park", plusieurs habitants tentent de réimplanter et de protéger la mangrove.

Ketut, un Balinais, fait l’état des lieux de son précieux terrain au micro de Tout un monde.

>> Ecouter le sujet de Tout un monde sur le travail de Ketut dans la mangrove balinaise :

Des mangroves
Série COP28 (3/3): sauver les mangroves à Bali / Tout un monde / 4 min. / le 6 décembre 2023

10h30

Le chef de l'ONU Climat dénonce les "postures" de certains pays

Le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, a tancé mercredi les pays en négociations à la COP28 à Dubaï, les accusant de camper sur leurs positions à six jours de la fin prévue de la conférence.

"Nous avons un texte de départ sur la table, mais c'est un empilement de voeux pleins de postures", a dénoncé un sévère Stimon Stiell dans une courte conférence de presse.

"Il est impératif de séparer le bon grain de l'ivraie. Si nous voulons sauver des vies et maintenir l'objectif de 1,5 degré à portée de main, les objectifs les plus ambitieux de la COP doivent rester au coeur", a-t-il souligné.

08h00

A la découverte du centre des médias de la COP28

Le Centre des médias de la COP28 accueille près de 4000 journalistes. Cet immense open space dédié à la presse est géré depuis 18 ans par un homme: Tim Davis. C'est lui qui chapeaute de A à Z l'organisation pour accueillir les journalistes du monde entier. Un travail hors norme qu'il a accepté d'évoquer dans La Matinale.

>> Ecouter le sujet de La Matinale :

COP 28 UAE. [AFP - ©Beata Zawrzel / NurPhoto]AFP - ©Beata Zawrzel / NurPhoto
En direct de Dubai - La COP28 / En direct de... / 2 min. / le 6 décembre 2023

07h30

2023, année la plus chaude, met la COP28 sous pression

L'année 2023 sera la "plus chaude" de l'histoire après un mois de novembre "extraordinaire" devenu le 6ème mois d'affilée à battre des records de température, a annoncé mercredi le service européen Copernicus. Il met ainsi la pression sur les négociations de la COP28.

Avec une moyenne de 14,22 degrés à la surface du globe, le mois écoulé dépasse le record précédent de novembre 2020 de 0,32 degré. Le mois de novembre 2023 est par ailleurs 1,75 degré plus chaud que la moyenne d'un mois de novembre pour la période 1850-1900, qui correspond à l'ère pré-industrielle. L'automne boréal (dans l'hémisphère nord) est ainsi le plus chaud de l'histoire "avec une marge large", puisqu'il est 0,88 degré au-dessus de la moyenne, selon Copernicus.

"2023 a maintenant six mois et deux saisons records. Ce mois de novembre extraordinaire, comprenant notamment deux jours avec des températures supérieures de 2 degrés à l'ère préindustrielle, signifie que 2023 est l'année la plus chaude jamais enregistrée dans l'histoire", a déclaré Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus, dans un communiqué.

La question des énergies fossiles

A Dubaï, une nouvelle version du texte en discussion en vue d'un futur accord, théoriquement d'ici le 12 décembre, est attendue "probablement" mercredi dans la journée, selon un observateur.

Mais rien n'est jamais certain à la COP, ni sur la forme, ni sur le fond. La situation est "très dynamique", résumait une négociatrice mardi soir, alors que les représentants de près de 200 pays ont débattu jusque très tard du noeud gordien du projet d'accord final: le sort du pétrole, du gaz et du charbon, principales causes du réchauffement climatique.

Plusieurs options sont sur la table, notamment l'objectif d'une "sortie ordonnée et juste des énergies fossiles". L'apparition de cette formulation préfigure un éventuel consensus qui fixerait un objectif universel tout en permettant un échéancier différent pour les pays selon leur degré de développement ou de dépendance aux hydrocarbures.

Mais cette option est en balance avec une possibilité plus radicale: ne rien décider sur les énergies fossiles, reflet de l'opposition à ce stade de l'Arabie saoudite et de la Chine, selon plusieurs observateurs qui assistent aux réunions à huis clos. En l'état, le texte ne propose pas d'objectif à court terme pour les trois énergies fossiles alors que les experts du climat estiment qu'il faut réduire les émissions de 43% d'ici à 2030 par rapport à 2019 pour espérer tenir la limite de 1,5 degré.

>> Ecouter le sujet du 12h30 :

Vers un nouveau record de la demande mondiale de pétrole pour l'année 2023. [Keystone - AP Photo/Charlie Riedel, File]Keystone - AP Photo/Charlie Riedel, File
L’année 2023 est la plus chaude de l’histoire, alors que la COP28 fait perdurer les énergies fossiles / Le 12h30 / 1 min. / le 6 décembre 2023

MERCREDI 6 DECEMBRE

Comment les influenceurs parlent-ils du climat?

En pleine COP28, comment les influenceurs parlent-ils du climat? Les discours écologiques font désormais partie de leur boîte à outils marketing pour redorer leur image. Ces stratégies révèlent une nouvelle forme de communication.

Selon une chercheuse de l'Université libre de Bruxelles, Erica Lipper, qui a analysé les discours des "méga-influenceurs" francophones, ces derniers se divisent en trois catégories: les militants, qui sont marginaux, ceux qui n'en parlent tout simplement pas, et les "environnementalistes" qui appellent à des comportements vertueux, mais sans remettre en cause le système capitaliste de consommation.

>> Ecouter le sujet de La Matinale :

Comment les influenceurs parlent-ils de la COP28? [AFP - Dominika Zarzycka]AFP - Dominika Zarzycka
Les influenceurs s'invitent à la COP28 / La Matinale / 2 min. / le 6 décembre 2023

19h25

La COP 28 va-t-elle sauver les très décriés crédits carbone?

Les crédits carbone permettent aux entreprises de promouvoir des vols, des shampoings ou du café en principe "neutres en carbone" grâce à des mécanismes de compensation. Mais ces mécanismes sont de plus en plus décriés.

Pour Sebastien Duyck, présent à la COP28 en tant que juriste senior pour l'ONG Centre International pour le Droit de l’Environnement, ils rendent "presque impossible" la lutte contre le changement climatique.

"Par exemple, on n'arrive pas à prouver qu'il y a eu une diminution effective des émissions de gaz à effet de serre", illustre-t-il dans Forum.

"Ces mécanismes de marché carbone ne nous permettent pas de combattre le changement climatique de manière suffisamment efficace", critique-t-il. "Ce qu'il faut, c'est réduire les émissions à la source."

>> Les explications de Sebastien Duyck dans Forum :

La COP 28 va-t-elle sauver les très décriés crédits carbone? Interview de Sébastien Duyck
La COP 28 va-t-elle sauver les très décriés crédits carbone? Interview de Sébastien Duyck / Forum / 4 min. / le 5 décembre 2023

17h15

La Secrétaire générale d'Amnesty évoque un "environnement répressif" aux Emirats

Les restrictions sur les libertés aux Emirats arabes unis compliquent l'approbation par l'ONU d'un événement organisé par Amnesty International dans le contexte de la COP28, pour réclamer la libération des prisonniers politiques émiratis, a déploré la secrétaire générale de l'ONG.

S'exprimant en marge des travaux de la conférence de l'ONU sur le climat qui se tient dans l'émirat de Dubaï, l'un des sept de la fédération des Emirats arabes unis, Agnès Callamard a évoqué des obstacles entravant les actions des militants au sein de la Zone Bleue gérée par l'ONU sur le site de la COP.

"L'ONU essaie de trouver des moyens pour que nous puissions mener nos actions (...) mais l'environnement rend les choses beaucoup plus compliquées", a-t-elle souligné devant les journalistes sur le site de la COP28, évoquant une "quantité d'obstacles qui reflète une interprétation des règles de l'ONU fortement influencée par l'environnement des Emirats arabes unis dans lequel nous opérons".

Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) accusent les Emirats de détenir au moins 64 de leurs ressortissants pour des raisons politiques, notamment Ahmed Mansoor, surnommé "le dernier défenseur des droits de l'homme" des Emirats.

14h55

Le combat des petites îles menacées pour pousser les énergies fossiles vers la sortie

"Garder 1,5 degré en vie": menacées de disparition par la montée des océans ou ravagées par les ouragans, les petites nations insulaires sont des personnages centraux à la COP28 dans la bataille pour obtenir la sortie des énergies fossiles.

"Pour nos petites îles en développement, l'objectif central est de limiter le réchauffement climatique en dessous de la limite de 1,5 degré", a lancé Cedric Schuster, ministre de l'Environnement des Samoa, qui préside actuellement l'alliance des petits Etats insulaires, un groupe à l'autorité morale imposante dans les conférences climatiques.

Dans le glacial air climatisé d'un pavillon de la COP28 à Dubaï, il répète ce mantra du groupe d'îles du Pacifique, des Caraïbes et d'ailleurs, qui avait été en pointe pour faire adopter la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris de 2015.

Soumises aux ouragans ou à la montée du niveaux des mers, les petites îles sont souvent les premiers témoins des effets catastrophiques du changement climatique.

"Tout le monde le ressent maintenant - avec les feux, les sécheresses et les ouragans. Mais je dirais qu'on les a ressentis en premier et que les effets vont nous toucher plus rapidement", explique Tina Stege, l'émissaire pour le climat des îles Marshall.

13h30

Pour MSF, l'urgence climatique est une urgence sanitaire et humanitaire

Protéger les vies humaines face aux ravages du réchauffement climatique: c'est l'un des messages porté par la délégation de Médecins Sans Frontières qui a fait le déplacement à la COP28. Stephen Cornish, directeur général de MSF Suisse, a fait le voyage pour s'assurer que la question de la santé soit aussi au coeur des discussions.

Car pour lui, l'urgence climatique est une urgence sanitaire et humanitaire, comme il l'explique au micro de La Matinale. "Nous, on travaille dans les endroits les plus vulnérables au monde. Depuis plusieurs années, nos patients nous témoignent l'impact du changement climatique sur leur vie. Ils voient de plus en plus de sécheresses et de cyclones qui font que leur vie est en danger, que leur santé diminue. Nous, on est venu à la COP pour s'assurer qu'on parle de la santé et de la face humaine du changement climatique."

>> Ecouter l'interview complète de Stephen Cornish dans le 12h30 :

Médecins sans frontières n'a pas attendu les drames de ces derniers jours pour décider de se porter au secours des réfugiés pendant leur traversée. [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Médecins sans frontières à la COP28: interview de Stephen Cornish / Le 12h30 / 4 min. / le 5 décembre 2023

12h25

Vladimir Poutine se rendra-t-il à la COP28?

Le président russe Vladimir Poutine poursuit son retour sur la scène internationale en dépit des tentatives occidentales de l'isoler. Il est attendu ce mercredi aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite.

"Les visites de travail du président Poutine aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite auront lieu demain. Tout cela se déroulera en une seule journée", a précisé mardi aux journalistes le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.

Selon lui, Vladimir Poutine abordera notamment lors de cette visite "les relations bilatérales", "l'agenda international", "le conflit israélo-palestinien", ainsi que les réductions de la production de pétrole dans le cadre de l'Opep+ dont la Russie est membre.

Le Kremlin n'a toutefois pas indiqué si le président russe se rendra à la COP28, la conférence internationale sur le climat qui se déroule actuellement aux Emirats.

12h15

Le PDG de TotalEnergies interpellé par des militants sur l'Ouganda

Des militants ont interpellé le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné, présent comme d'autres patrons pétroliers à la COP28, pour appeler à la libération de militants ougandais emprisonnés de StopEACOP, opposés au projet pétrolier géant en Afrique de l'Est.

"Nos équipes s'en occupent, elles sont en liaison avec les autorités, elles vont voir les étudiants", répond calmement le patron français. "On a cette politique, plusieurs fois je l'ai exprimé, de façon à faire en sorte que les autorités puissent les libérer le plus vite possible".

12h00

Présence record des lobbys en pleines négociations sur le fossile

Près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles ont en effet obtenu une accréditation pour la conférence, selon une coalition d'ONG mardi. [afp - KARIM SAHIB]
Près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles ont en effet obtenu une accréditation pour la conférence, selon une coalition d'ONG mardi. [afp - KARIM SAHIB]

Les fossiles du matin au soir: le débat occupe les négociateurs en coulisses comme les tables-rondes et événements publics organisés à la COP28 à Dubaï, où la journée est officiellement consacrée à l'énergie.

La deuxième version du texte qui servira de base de discussion en vue d'une adoption d'ici à la fin de la COP28 a été rendue publique. Il synthétise en 24 pages les différentes options poussées par les quelque 200 pays qui négocient fiévreusement à Dubaï.

Leurs divergences de vue se reflètent dans les différentes options laissées ouvertes sur la question essentielle de l'avenir des énergies fossiles.

D'une "sortie ordonnée et juste des énergies fossiles" à rien du tout sur le sujet, toutes les options sont sur le table, suggérant de féroces batailles d'ici la fin théorique de la COP28 le 12 décembre.

Manifestations

Des dizaines de personnes ont manifesté à l'entrée de la COP28 sous un soleil déjà mordant mardi matin, devant une grande image d'une planète en flammes. "Dégagez les pollueurs !", chantait la petite foule.

Près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles ont en effet obtenu une accréditation pour la conférence, selon une coalition d'ONG mardi.

"J'ai zéro confiance dans le fait que la COP réussira" si "les Nations unies continuent de permettre à l'industrie des énergies fossiles" d'en mener les débats, dit à l'AFP Thomas Harmy Joseph, de l'ONG américaine Indigenous Environmental Network.

>> Ecouter le sujet de La Matinale :

Présence record des lobbys en pleines négociations sur le fossile à la COP28. [Keystone - Martin Divisek]Keystone - Martin Divisek
La COP28 est celle qui compte le plus grand nombre de lobbyistes des énergies fossiles / La Matinale / 1 min. / le 6 décembre 2023

08h45

Ryad "absolument" opposé à une réduction des énergies fossiles

Le ministre saoudien de l'Energie s'est dit "absolument" opposé à un accord portant sur la réduction des énergies fossiles à la COP28, donnant le ton des difficiles négociations qui se déroulent à Dubaï.

"Sortie" ou "réduction" du pétrole, gaz et charbon sont au coeur d'âpres discussions à la COP28, et les deux options figurent pour l'instant dans la première ébauche du texte majeur dont doit accoucher la conférence, sous la forme d'un "bilan mondial" de l'accord de Paris de 2015.

Mais le prince Abdelaziz ben Salmane a affirmé que son pays, premier exportateur de pétrole au monde, n'était "absolument pas d'accord", dans une interview donnée à Ryad à Bloomerg, diffusée lundi. "Et je vous assure que personne - je parle des gouvernements - n'y croit".

08h30

L'art aussi s'est fait une place à la COP28 pour dénoncer l'urgence climatique

Au milieu de l'énorme hall qui accueille la COP28 trône une oeuvre d'art baptisée la "danse de l’unité". Cette dernière est formée de figurines en terre cuite représentant des femmes, des hommes et des enfants, tous habillés avec des vêtements de paysans. Ils sont disposés en trois cercles concentriques, autour d'un enfant qui tient le drapeau de la COP28.

Selon son créateur, l’artiste roumain Marius Diaconu, la figurine centrale de l’enfant représente la promesse de demain, tandis que les figurines adultes autour représentent la force collective et la diversité de la communauté humaine. Plus généralement, l'oeuvre traduit le pouvoir de l’unité et l’importance de s’unir pour créer un monde meilleur pour les générations à venir.

Des exemples d'oeuvres ayant pris place dans l'enceinte de la COP28 à Dubaï, il y en a beaucoup. Et c'est inédit. Il faut dire qu’à Dubaï, les organisateurs ont les moyens de proposer un environnement riche et faire une excellente impression sur le plan visuel. Une manière aussi de faire du soft power pour oublier le contexte de la pétromonarchie. Sans compter que cet art peut aussi pousser à la réflexion.

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Au milieu de l'énorme hall qui accueille la COP28 trône une oeuvre d'art baptisée la "danse de l’unité" qui pousse à la réflexion. [keystone - ALI HAIDER]keystone - ALI HAIDER
En direct de la COP 28 de Dubaï (ép. 2) - L'art pour l’urgence climatique / En direct de... / 2 min. / le 5 décembre 2023

MARDI 5 DÉCEMBRE

Le seuil de 1,5 degré pourrait être franchi dans 7 ans

Il est "désormais inévitable" que le seuil de 1,5°C de réchauffement de la planète soit dépassé "de manière constante",  ont alerté mardi les scientifiques du Global Carbon Project. Et il y a une chance sur deux pour que cela arrive dans seulement sept ans.

Selon cette étude de référence présentée à la réunion de l'ONU sur le climat à Dubaï, les émissions de CO2 produites par l'utilisation du charbon, du gaz et du pétrole dans le monde pour se chauffer, s'éclairer ou rouler devraient en effet franchir un nouveau record en 2023.

>> Ecouter aussi le sujet de Tout un monde sur les chaleurs extrêmes à Séville :

Jose Sanchez Ramos, ingénieur. [RTS - Valérie Demon]RTS - Valérie Demon
Série COP28 (2/3): Le projet de Séville pour rafraîchir son atmosphère / Tout un monde / 4 min. / le 5 décembre 2023

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