Le suivi de la situation en Ukraine et en Russie le 25 juin. [AFP]
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Retour au calme en Russie, où aucun dirigeant d'importance ne s'est exprimé dimanche

- Le calme est de retour dimanche en Russie après une journée de samedi sous haute tension. Les Moscovites semblent soulagés d'avoir évité le pire, même si le "régime d'opération antiterroriste" instauré dans la capitale et dans sa région après la mutinerie du groupe paramilitaire Wagner reste en vigueur. Aucun dirigeant d'importance ne s'est exprimé sur cette crise durant la journée.

- Les forces du groupe paramilitaire Wagner ont quitté leurs positions en Russie sur ordre de leur chef Evguéni Prigojine. "Conscients de la responsabilité de notre camp dans une éventuelle effusion de sang russe, nous faisons demi-tour avec nos convois et retournons dans nos campements, conformément au plan établi", avait-il déclaré sur Telegram.

- Le Kremlin a annoncé que les combattants du groupe Wagner ne seraient pas poursuivis pénalement. Evguéni Prigojine verra également les charges contre lui être abandonnées et partira pour la Biélorussie, a ajouté Moscou sans donner plus de précisions.

- Dans la nuit de vendredi à samedi, les troupes de la milice russe étaient entrées en rébellion contre le Kremlin. Son chef Evguéni Prigojine avait affirmé que ses combattants avaient quitté le territoire ukrainien pour investir le sud de la Russie et renverser le commandement militaire.

- Selon président ukrainien Volodymyr Zelensky, la rébellion de Wagner montre la "faiblesse" de la Russie et prouve que "les dirigeants russes n'ont aucun contrôle sur quoi que ce soit". Dans le même temps, son armée a revendiqué "des avancées dans toutes les directions" sur le front Est, où elle affirme avoir lancé de nouvelles offensives.

Suivi assuré par RTSinfo

00h00

La suite des événements

22h25

Volodymyr Zelensky s'est entretenu avec Joe Biden

Volodymyr Zelensky a dit dimanche avoir échangé avec son homologue américain Joe Biden sur la rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner, la veille, en Russie.

"Nous avons discuté du cours des hostilités et des 'processus' qui se déroulent en Russie. Le monde doit faire pression sur la Russie jusqu'à ce que l'ordre international soit rétabli", a indiqué le président ukrainien sur ses réseaux sociaux, saluant "une conversation positive et inspirante" avec Joe Biden.

"Les dirigeants ont discuté des récents événements en Russie", a confirmé la Maison Blanche dans un communiqué.

22h00

La Russie recommande un jour de congé aux journalistes

Les autorités russes ont conseillé dimanche aux entreprises des médias de donner un jour de congé à leurs employés après un samedi qualifié de "tendu", marqué par la rébellion avortée du groupe Wagner dans le pays.

Cette communication insolite intervient au lendemain d'une insurrection armée menée par Evguéni Prigojine et ses combattants de Wagner qui a ébranlé le pouvoir russe pendant plusieurs heures.

Face à la situation inédite dans l'histoire de la Russie ces dernières années, les autorités de Moscou, la capitale russe, avaient introduit des mesures "antiterroristes", puis annoncé que la journée de lundi était décrétée chômée.

Et malgré la fin de la révolte éphémère samedi soir à la suite d'un accord entre Evguéni Prigojine et le Kremlin, la mairie de Moscou avait assuré que lundi restait chômé.

Dimanche, le ministère russe de la Transformation numérique a publié un communiqué recommandant aux journalistes et aux spécialistes du secteur informatique de prendre du repos après un week-end "tendu".

21h15

En Russie, un système de pouvoir opaque

De l'extérieur, Vladimir Poutine est souvent perçu comme le seul homme fort de Russie, celui qui décide de tout.

Pourtant, le pouvoir russe reste un système opaque, où plusieurs hommes gravitent autour du président et tentent de l'influencer.

Des militaires aux Siloviki (les hommes des services de sécurité, ndlr) en passant par les oligarques et les hauts responsables de la Garde nationale, il existe plusieurs cercles qui gravitent en permanence autour du Kremlin.

>> Le sujet du 19h30 sur ces hommes qui ont la confiance du maître du Kremlin :

Le système Poutine en question: Portrait des hommes qui ont la confiance du maître du Kremlin
Le système Poutine en question: Portrait des hommes qui ont la confiance du maître du Kremlin / 19h30 / 2 min. / le 25 juin 2023

>> L'analyse d'Antoine Silacci sur la fragilisation de Vladimir Poutine à la tête de l'Etat :

Outre sa crédibilité, Vladimir Poutine a peut-être perdu sa légitimité à la tête de la Russie. L’éditorial d’Antoine Silacci
Outre sa crédibilité, Vladimir Poutine a peut-être perdu sa légitimité à la tête de la Russie. L’éditorial d’Antoine Silacci / 19h30 / 55 sec. / le 25 juin 2023

20h45

Trois questions qui subsistent

De nombreuses zones d'ombre subsistent un jour après la reddition surprise d'Evguéni Prigojine et il est difficile de démêler le vrai du faux. Trois questions principales se posent.

La première question est quel était le véritable objectif d’Evguéni Prigojine. Voulait-il renverser le commandement de l’armée comme il l'a déclaré ou souhaitait-il frapper plus haut et faire tomber Vladimir Poutine? Est-ce que son but était simplement d'étaler sa force pour obtenir certains avantages? Ou encore était-il seulement l’exécutant, le bras armé servant d'autres intérêts?

La deuxième question est de savoir si cet acte était prémédité. Il semble que oui, car il est impossible de planifier une telle opération du jour au lendemain. Et, selon plusieurs médias, les services de renseignement américains avaient prévenu la Maison Blanche déjà à la mi-juin de l'imminence de cette révolte.

Reste une troisième question fondamentale: pourquoi les services russes n'ont visiblement rien vu venir? Pourquoi et comment les troupes de Wagner ont pu opérer sur des centaines de kilomètres à l'intérieur même du pays sans rencontrer de résistance sérieuse? Deux scénarios sont ici envisagés: l'incompétence ou des complicités au sein du pouvoir russe.

>> Le décryptage d'Antoine Silacci :

Des zones d’ombre subsistent sur la rébellion en Russie. Le commentaire d’Antoine Silacci, chef de la rubrique internationale
Des zones d’ombre subsistent sur la rébellion en Russie. Le commentaire d’Antoine Silacci, chef de la rubrique internationale / 19h30 / 59 sec. / le 25 juin 2023

>> Voir aussi le sujet du 19h30 sur les événements survenus depuis 24 heures :

Evguéni Prigojine a mis fin à la rébellion contre le commandement militaire russe. Il a été acclamé à son départ de Rostov
Evguéni Prigojine a mis fin à la rébellion contre le commandement militaire russe. Il a été acclamé à son départ de Rostov / 19h30 / 2 min. / le 25 juin 2023

20h05

Les dirigeants russes aux abonnés absents

Depuis l'adresse à la nation de Vladimir Poutine samedi matin, aucun dirigeant russe de premier plan n'a pris la parole publiquement pour évoquer la crise vécue samedi.

Mais ce n'est pourtant pas une surprise. En Russie, dans les moments difficiles, c'est en règle générale uniquement le président qui s'exprime et Vladimir Poutine l'a fait très clairement samedi, recevant le soutien des présidents des deux chambres du Parlement et de nombreux gouverneurs locaux.

>> Les explications de Jean-Didier Revoin à Moscou :

Jean-Didier Revoin, correspondant à Moscou, relève que Vladimir Poutine est très discret depuis la fin des hostilités avec le groupe Wagner
Jean-Didier Revoin, correspondant à Moscou, relève que Vladimir Poutine est très discret depuis la fin des hostilités avec le groupe Wagner / 19h30 / 1 min. / le 25 juin 2023

Depuis lors, c'est son porte-parole Dmitri Peskov qui explique et décrypte le discours présidentiel dans les médias. C'est d'ailleurs une constante dans la communication politique russe: il est rare de voir un responsable politique important s'exprimer sur un sujet sensible avant le président. Au vu de la gravité de la crise, personne n'a envie de s'exposer, de peur de déplaire.

>> Voir aussi le sujet du 19h30 sur les réactions à Moscou :

L’affrontement évité de peu entre la milice Wagner et l’armée régulière russe laissera des traces à Moscou
L’affrontement évité de peu entre la milice Wagner et l’armée régulière russe laissera des traces à Moscou / 19h30 / 1 min. / le 25 juin 2023

19h30

Une rébellion qui montre les divisions, selon Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a estimé que la rébellion du chef du groupe paramilitaire Wagner "montre les divisions qui existent au sein du camp russe, la fragilité à la fois de ses armées et de ses forces auxiliaires", dans un entretien à La Provence.

Au lendemain de la mutinerie avortée, le chef de l'Etat français a indiqué avoir "suivi les événements heure par heure, en lien avec les principaux partenaires de la France", en soulignant une "situation qui reste évolutive".

18h50

Des prochains jours décisifs

Après 24 heures sous tension, les prochains jours vont être décisifs pour comprendre les manoeuvres des uns et des autres. Il est toutefois possible de tirer quelques enseignements.

Le premier est que cette mutinerie avortée est le symptôme d'un malaise sur la façon dont la Russie mène la guerre en Ukraine. "L'opération spéciale" russe ne s'est pas déroulée comme prévu et, dès le début, des critiques tout d'abord timides ont émergé, jusqu'à culminer avec cette "marche sur Moscou" des mercenaires de Wagner.

>> L'analyse d'Anouk Henry dans Forum :

Quel bilan tirer de la rébellion avortée du groupe Wagner?
Quel bilan tirer de la rébellion avortée du groupe Wagner? / Forum / 2 min. / le 25 juin 2023

La deuxième élément est le fait que Vladimir Poutine a montré des signes de fébrilité inhabituels, alors que d'ordinaire il minimise les coups durs. Cette fois, il a parlé de "grave danger" et même de risque de "guerre civile". En Europe, on y voit un aveu de faiblesse, mais pas sûr que cela résonne de la même manière en Russie.

Enfin, Evguéni Prigogine a montré qu'il n'était pas juste un pion du Kremlin et s'il n'a peut-être pas réussi son pari de faire tomber le commandement militaire, il a en tout cas obligé le pouvoir à sortir de sa réserve et il a émoussé les déclarations perpétuelles affirmant que tout va bien sur le front ukrainien.

Autre élément à surveiller, qu'adviendra-t-il de Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense? Ce proche allié de Vladimir Poutine, directement mis en cause par la rébellion, peut-il survivre à cet épisode ou sera-t-il le fusible nécessaire pour surmonter cette crise?

>> Les explications de Jean-Didier Revoin dans Forum sur la situation à Moscou :

Point de situation à Moscou après la tentative de rébellion du groupe Wagner
Point de situation à Moscou après la tentative de rébellion du groupe Wagner / Forum / 2 min. / le 25 juin 2023

18h45

"Des villes de plus d’un million d’habitants ont été prises"

Hanna Perikoda est Ukrainienne, historienne des relations russo-ukrainiennes et chercheuse à l'Université de Lausanne. Invitée dimanche de l'émission Forum, elle a dit rejoindre les responsables ukrainiens sur le fait que "cette crise n’avait pas entraîné de changements majeurs sur la ligne de front".

Cependant, il est d'après elle possible que Vladimir Poutine soit "forcé" de retirer un certain nombre de troupes pour renforcer son front arrière, car les événements de samedi ont montré que "l'Etat est en train de perdre le monopole de la violence en Russie."

"Quant on parle de Rostov et de Voronej, qui ont été prises en l'espace de quelques heures, il faut se rappeler que ce sont des villes de plus d'un million d'habitants", détaille l'historienne.

"On a vu à quoi peut ressembler une désintégration de l'Etat russe"

Selon elle, "la facilité avec laquelle ces villes ont été prises" par des troupes qui n'étaient pas extrêmement nombreuses démontre une crise de légitimité du pouvoir russe.

"On a vu à quoi peut ressembler une désintégration de l'Etat russe", estime-t-elle.

Pour l'historienne, "la privatisation et l’atomisation des forces armées et des forces de sécurité" risquent d'ailleurs d'être à terme un facteur "qui détruira le pouvoir de Poutine".

>> Ecouter l’intervention de Hanna Peridoka dans Forum :

La mutinerie russe est-elle de bon augure pour les Ukrainiens? Interview d’Hanna Perekhoda
La mutinerie russe est-elle de bon augure pour les Ukrainiens? Interview d’Hanna Perekhoda / Forum / 4 min. / le 25 juin 2023

18h25

Jean Radvanyi : "dans cette affaire, il n’y a pas de gagnant"

L’incursion armée en Russie des forces du groupe Wagner continue à questionner.

Invité de Forum dimanche, Jean Radvanyi, professeur émérite de l’Institut français des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) et spécialiste de la Russie, a expliqué que personne ne ressortirait vainqueur de ces événements, mais que c’est surtout la fragilité du système de pouvoir russe qui avait été révélée.

"Je crois que dans cette affaire, il n’y a pas de gagnant. Evguéni Prigojine et Vladimir Poutine ont tout deux perdu des plumes. Prigojine a très certainement présumé de ses forces mais il a posé un certain nombre de questions et il a montré à quel point le système russe de pouvoir mis en place par Poutine est un système dysfonctionnel et extrêmement fragile", analyse-t-il.

"Les hommes de Wagner vont rentrer dans le rang"

Le spécialiste ne voit pas pour autant des conséquences émerger à court terme sur le front de la guerre en Ukraine.

"Il faudra attendre plusieurs semaines avant de savoir ce qu’il va se passer dans l’état-major de l’armée russe, mais ce que l’on sait déjà, c’est que la guerre continue. Il y a toutefois probablement une chose qui a été décidée, c’est que les hommes de Wagner rentrent dans le rang, signent des contrats et soient soumis au commandement militaire, ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour les Ukrainiens", prédit-il.

"Les fissures du système"

Quant à l’avenir d’Evguéni Prigojine, Jean Radvanyi reconnaît une certaine incertitude.

"On peine quand même à croire qu’il finisse ses jours tranquillement en Biélorussie. Certains prédisent une mort prochaine par empoisonnement ou dans un accident de voiture mais l’autre possibilité, c’est qu’il attende des jours meilleurs. Parce que cette affaire a montré les fissures du système. Des fissures, une brèche, des critiques contre l’état-major et contre Vladimir Poutine qui vont continuer", conclut-il.

>> L'interview complète Jean Radvanyi dans Forum :

Cette mutinerie est-elle le signe d’un affaiblissement de Poutine? Interview de Jean Radvanyi
Cette mutinerie est-elle le signe d’un affaiblissement de Poutine? Interview de Jean Radvanyi / Forum / 6 min. / le 25 juin 2023

18h15

Pas de naïveté chez les Ukrainiens

En Ukraine, les événements de samedi ne semblent pas avoir soulevé d’espoirs gigantesques. Alors que Prigojine et ses hommes avançaient vers Moscou, une pointe d’optimisme était certes perceptible, mais personne n’a imaginé un effondrement rapide du pouvoir russe.

Que Vladimir Poutine apparaisse fragilisé après cette crise, peut-être, que l’armée russe ait désormais à faire face à une menace interne qui pourrait limiter ses possibilités d’action en Ukraine, peut-être, mais ici se pose surtout la question du marché qui a été trouvé avec Evguéni Prigojine.

Pour beaucoup, il s’agissait peut-être moins d’un coup d’état avorté que d’une stratégie. Car il faut maintenant imaginer Evguéni Prigojine et ses hommes exilés en Biélorussie, à la frontière nord de l’Ukraine.

La Biélorussie, un pays à la botte du Kremlin où la Russie a d’ailleurs récemment installé certaines de ses armes nucléaires tactiques. En l’espace de quelques heures, l’inquiétude a donc à nouveau monté d’un cran à Kiev.

>> Les explications dans Forum de Maurine Mercier, correspondante pour la RTS en Ukraine :

Comment les Ukrainiens perçoivent-ils cette rébellion avortée?
Comment les Ukrainiens perçoivent-ils cette rébellion avortée? / Forum / 2 min. / le 25 juin 2023

16h20

La Chine assure Moscou de son soutien

Le ministère chinois des Affaires étrangères a assuré qu'il soutenait les efforts de la Russie pour "protéger la stabilité" du pays, première réaction de Pékin après la rébellion du groupe paramilitaire Wagner, qui a fait trembler le Kremlin.

"En tant que voisin amical et partenaire stratégique, la Chine soutient la Russie dans ses efforts pour protéger la stabilité du pays, se développer et atteindre la prospérité", a déclaré le ministère dans un communiqué.

Il a souligné que ce qui venait de se passer en Russie était une "affaire intérieure".

Première réaction

Il s'agit de la première réaction officielle chinoise à la situation en Russie. C'est dans ce contexte que le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko a été reçu dimanche à Pékin par le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang

La Chine s'était abstenue samedi de tout commentaire sur les événements en Russie.

15h40

Quelles conclusions tirer de ce qu'il s'est passé samedi?

La reddition de Wagner a probablement surpris autant que la mutinerie elle-même. Cette sortie de crise, sous l'égide de la Biélorussie, avec des troupes qui se retirent de Russie très rapidement et un chef qui devra s'exiler laisse perplexe.

Comme la population russe, les experts mondiaux semblent désabusés et ne peuvent s'empêcher de se poser tout un tas de questions auxquelles ils peuvent apporter peu de réponses. Qu’est-ce qui a poussé Evguéni Prigojine à battre en retraite? Y a-t-il des éléments dont on ne parle pas et qui tirait vraiment les ficelles de ce jeu de dupe? Que va-t-il désormais advenir du leader de Wagner et de ses troupes? Que va-t-il se passer désormais sur le front? Cette crise sera-t-elle suivie de décisions politiques importantes? Enfin, le pouvoir de Vladimir Poutine est-il en train de vaciller?

Concernant ce retrait express, certains pensent que Prigojine a peut-être surestimé les soutiens qu'il pouvait trouver dans les milieux nationalistes et les forces armées russes. D'autres jugent que c'était simplement la mission kamikaze d'un homme acculé qui a échoué.

A propos de Prigojine lui-même, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a refusé de dire quelles concessions lui avaient été éventuellement accordées pour le convaincre de rentrer dans le rang. Et on ignore où il se trouve depuis son départ de Rostov samedi. Mais quasiment tout le monde s'accorde à dire qu'une réconciliation entre Prigojine et Poutine semble impossible, le premier ayant franchi une ligne rouge.

>> Les explications de Jean-Didier Revoin à Moscou sur les questions que l'on se pose :

Les questions que pose l'issue de la rébellion en Russie sont nombreuses. Jean-Didier Revoin, correspondant à Moscou, fait le point
Les questions que pose l'issue de la rébellion en Russie sont nombreuses. Jean-Didier Revoin, correspondant à Moscou, fait le point / 12h45 / 58 sec. / le 25 juin 2023

Selon les analystes, cette crise ne restera pas sans conséquences pour Wagner et son chef. "Il faut qu'il y en ait. Sinon le message est qu'une force militaire peut ouvertement défier l'Etat, et d'autres doivent comprendre que l'Etat russe a effectivement le monopole de la violence à l'intérieur du pays", a tweeté Samuel Bendett, chercheur au Center for Naval Analyses (CNA).

Des conséquences concrètes sont aussi à attendre en Russie. Qu'adviendra-t-il notamment du ministre de la Défense Sergueï Choïgou et du chef d'Etat-major Valéri Guérassimov, tous deux ciblés par Prigojine et invisibles pendant toute la durée des événements? Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques, estime que "Prigojine voulait envoyer le message que Choïgou et Guerassimov devaient être licenciés parce qu'ils sont incompétents et qu'un changement de stratégie est nécessaire".

L'impact de cette tentative de rébellion sur la guerre en Ukraine est aussi difficile à évaluer. Pour l'historien militaire Cédric Mas, des répercussions sur le moral des troupes semblent cependant inévitables.

Mas

>> Plus de détails sur les questions que l'on se pose : Que s'est-il passé samedi en Russie et quelles conclusions en tirer?

15h00

Des "fissures réelles" au sommet de l'Etat russe, selon Blinken

Le coup de force avorté du chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, révèle des "fissures réelles" au plus haut niveau de l'Etat russe, défiant l'autorité du président Vladimir Poutine, a estimé dimanche le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.

"Cela a défié directement l'autorité de Poutine. Donc, cela soulève de vraies questions et révèle des fissures réelles", a affirmé le secrétaire d'Etat américain sur la chaîne CBS.

Les Etats-Unis, qui ont mené ces dernières 24 heures d'intenses consultations avec leurs alliés européens à propos de la crise en Russie, s'étaient gardés jusqu'à présent de commenter directement ces événements.

Antony Blinken s'est lui-même entretenu samedi de la situation en Russie avec ses homologues des pays du G7, ainsi que de la Pologne et de la Turquie.

Faisant le tour des émissions télévisées dominicales, il a encore jugé "trop tôt" de spéculer sur l'impact de la crise sur la Russie ou la guerre en Ukraine.

14h00

La Russie dit avoir repoussé plusieurs assauts dans l'est de l'Ukraine

La Russie a affirmé avoir repoussé plusieurs assauts des forces ukrainiennes dans l'est de l'Ukraine, où Kiev avait annoncé samedi avoir lancé de nouvelles offensives et fait des progrès.

L'armée russe "a repoussé avec succès" les attaques menées par les forces de Kiev dans quatre zones du front, notamment dans les régions de Donetsk (est), mais aussi de Zaporijjia (sud), a indiqué le ministère russe de la Défense, en précisant que dix de ces attaques avaient été repoussées près de Bakhmout (est).

13h35

Retour au calme à Moscou

Le calme est de retour dimanche à Moscou, mais l'émotion reste vive après les événements de la veille et l'opération de Wagner demeure dans tous les esprits, selon le correspondant de la RTS sur place Jean-Didier Revoin.

Les habitantes et habitants de la capitale décompressent aujourd'hui après avoir envisagé le pire samedi, à savoir un affrontement entre les miliciens de Wagner et les forces de sécurité. Toute la journée s’est déroulée dans ce climat de tension assez extrême mais dans le calme, sans panique ni hystérie.

>> Les réactions à Moscou dans le 12h45 :

Moscou maintient le "régime d’opération antiterroriste" au lendemain du retrait des troupes de la milice Wagner
Moscou maintient le "régime d’opération antiterroriste" au lendemain du retrait des troupes de la milice Wagner / 12h45 / 1 min. / le 25 juin 2023

Et lorsqu’on a appris en début de soirée que la colonne de Wagner rebroussait chemin, les Moscovites et beaucoup d’autres Russes ont éprouvé un profond soulagement. Celui sans doute d’avoir échappé au pire.

Le "régime d'opération antiterroriste" instauré la veille et qui confère des pouvoirs accrus aux forces de l'ordre reste toutefois en vigueur et d'importantes patrouilles de police sont toujours déployées le long de la route menant à la sortie de Moscou, dans le sud de la capitale.

Et après avoir senti passer le vent du boulet, la population accuse le coup et ne peut s’empêcher de se poser tout un tas de questions auxquelles elle n’a pas de réponse. Qu’est-ce qui a poussé Evguéni Prigojine à battre en retraite? Y a-t-il des éléments dont on ne parle pas? Que va-t-il se passer désormais sur le front? Cette crise sera-t-elle suivie de décisions politiques importantes?

>> Les précisions de Jean-Didier Revoin à Moscou :

La troupe paramilitaire Wagner s'apprête à quitter la ville de Rostov après sa tentative de rébellion. [EPA/Keystone - ARKADY BUDNITSKY]EPA/Keystone - ARKADY BUDNITSKY
Point sur la rébellion avortée en Russie / Le 12h30 / 2 min. / le 25 juin 2023

13h10

Isabelle Facon: "Pregojine a peut-être surestimé ses soutiens"

Pour Isabelle Facon, directrice adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), la situation est tellement confuse en Russie après la rébellion avortée du groupe Wagner qu'elle favorise la "surrationalisation".

"Ceux qui pensent que Poutine est faible vont trouver des éléments qui vont dans ce sens, tout comme ceux qui pensent au contraire qu'il reste fort et peu ébranlé par la guerre", relève-t-elle dimanche dans le 12h30 de la RTS.

Cette spécialiste des politiques de sécurité russes estime qu'une réconciliation entre Vladimir Poutine et Evguéni Prigojine est très peu probable. Le chef de Wagner "a franchi trop de lignes rouges". Il a également "fait preuve d'une forme de hubris" en considérant que les troupes du groupe paramilitaire avaient fait la différence sur le terrain en Ukraine contrairement à l'armée régulière.

"Prigojine a peut-être aussi surestimé les soutiens qu'il pouvait avoir dans les milieux nationalistes et les forces armées, où l'on sent une certaine crispation" par rapport à la guerre, ajoute Isabelle Facon, qui s'étonne par ailleurs, comme beaucoup, que les troupes de Wagner aient pu prendre le contrôle de sites militaires et avancer relativement rapidement vers Moscou.

>> L'interview d'Isabelle Facon dans le 12h30 :

Isabelle Facon: "Pour Poutine, l'Ukraine était une pièce très importante de son projet d'Union économique eurasiatique"
Comment expliquer cette rétractation des troupes Wagner? Interview d’Isabelle Facon / Le 12h30 / 4 min. / le 25 juin 2023

12h45

Où se trouve Evguéni Prigojine?

On ignore où se trouve Evguéni Prigojine ce dimanche. Des vidéos l'ont montré samedi soir quitter à bord d'un SUV le quartier général de l'armée russe à Rostov-sur-le-Don, qui sert de base logistique à l'"opération militaire spéciale" en Ukraine.

Sur ces images, on peut aussi voir des habitants acclamer les mercenaires.

Selon les termes de l'accord négocié samedi soir sous l'égide la Biélorussie, Evguéni Prigojine ne sera pas poursuivi, tout comme ses combattants d'ailleurs, mais il devra aller s'installer en Biélorussie.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a refusé de dire quelles concessions avaient été éventuellement accordées au leader de Wagner pour le convaincre de rentrer dans le rang.

12h20

Les forces de Wagner ont quitté la région de Lipetsk

Les forces du groupe paramilitaire Wagner ont quitté la région de Lipetsk, au sud de Moscou, où elles étaient entrées samedi lors de leur équipée rebelle vers la capitale russe, ont annoncé les autorités locales.

La capitale régionale de Lipetsk est située à 400 kilomètres de Moscou.

>> Les précisions du 12h45 sur les derniers événements :

En Russie, Evguéni Prigojine a quitté Rostov en héros après avoir ordonné le retrait de ses hommes qui marchaient sur Moscou
En Russie, Evguéni Prigojine a quitté Rostov en héros après avoir ordonné le retrait de ses hommes qui marchaient sur Moscou / 12h45 / 2 min. / le 25 juin 2023

12h05

Le bilan des frappes de samedi à Kiev s'alourdit à 5 morts

Le bilan des victimes d'une attaque aérienne russe sur Kiev menée samedi aux premières heures de la journée est passé à cinq morts, a annoncé le maire de la capitale.

"Les sauveteurs ont trouvé les corps de deux autres victimes sous les décombres dans le district de Solomyan", a déclaré Vitaliy Klichko sur Telegram. "Au total, cinq personnes sont mortes dans la maison touchée par des fragments d'une roquette russe", a-t-il ajouté.

11h40

La Corée du Nord exprime son soutien à la Russie

La Corée du Nord a offert son total soutien à la Russie après la mutinerie du groupe paramilitaire Wagner, selon les médias d'Etat.

Lors d'une réunion avec l'ambassadeur russe à Pyongyang Alexander Matsegora, le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères Im Chon-il a "exprimé sa ferme conviction que la récente rébellion armée en Russie serait réprimée avec succès", a rapporté l'agence de presse nord-coréenne KCNA.

D'après cette agence, Im Chon-il a aussi affirmé que "l'armée et le peuple russes surmonteront certainement les épreuves et sortiront héroïquement victorieux de l'opération militaire spéciale contre l'Ukraine".

11h15

De hauts diplomates chinois et russes discutent à Pékin

Le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang a reçu à Pékin le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Rudenko, a indiqué la Chine, la première rencontre publique entre diplomates des deux pays depuis la rébellion armée du groupe Wagner.

Les deux hommes ont échangé "sur les relations sino-russes et les questions internationales et régionales d'intérêt commun", indique le ministère chinois des Affaires étrangères, sans autre détail et sans préciser si les événements de la veille en Russie avaient été abordés.

10h40

Les restrictions levées à Rostov

Toutes les restrictions de déplacement ont été levées dans la région de Rostov, dans le sud de la Russie, y compris sur les autoroutes, rapportent les agences de presse russes.

"Les gares routières et ferroviaires fonctionnement normalement. Les billets sont en vente, toutes les destinations sont desservies", a dit le vice-ministre des politiques régionales et de la communication de la région de Rostov.

10h20

Un civil tué à Kherson

Un civil a été tué dans le bombardement par la Russie de la ville de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a déclaré le gouverneur local.

L'Ukraine a repris en novembre le contrôle de Kherson et d'une partie de sa région après des mois d'occupation russe. Les forces russes, qui contrôlent toujours la rive opposée du fleuve Dniepr, bombardent régulièrement la ville et ses environs depuis leur retraite.

"L'un des obus a explosé en plein milieu de la pièce", a déclaré le gouverneur Oleksandr Prokoudine sur la messagerie Telegram. Une femme est ensevelie sous les décombres mais vivante, a-t-il ajouté.

Les autorités ukrainiennes ont aussi fait état de bombardements russes sur le sud de la région de Dnipropetrovsk au cours de la nuit. Une personne a été blessée et trois maisons ont été endommagées.

09h55

Les combattants de Wagner se retirent de la région de Voronej

Après Rostov-sur-le-Don tard samedi, les combattants de Wagner se sont retirés dimanche de la région de Voronej, à mi-chemin entre Rostov et la capitale Moscou.

"Les unités du groupe paramilitaire Wagner achèvent leur retrait du territoire de la région de Voronej", a écrit sur Telegram le gouverneur local, Alexandre Goussev, en assurant que tout se passe "normalement, sans incidents".

09h00

Le "régime d'opération antiterroriste" toujours en vigueur à Moscou

Le "régime d'opération antiterroriste" instauré à Moscou et dans sa région après la mutinerie du groupe paramilitaire Wagner reste en vigueur dimanche, malgré la volte-face du chef de la rébellion Evguéni Prigojine.

D'importantes patrouilles de police étaient toujours déployées le long de la route principale menant à la sortie de Moscou dans le sud de la capitale, a constaté une journaliste de l'AFP.

Dans la région de Moscou, les restrictions à la circulation sur l'autoroute reliant Moscou à Rostov (sud-ouest) où la rébellion de Wagner avait pris samedi le contrôle du QG militaire, avant de s'en retirer, étaient également maintenues dimanche, selon un communiqué de l'agence Avtodor, chargée des autoroutes en Russie.

Pouvoirs accrus aux forces de l'ordre

Le Comité national antiterroriste (NAK) a ordonné samedi un "régime d'opération antiterroriste" à Moscou, dans sa région, ainsi que dans la région de Voronej, frontalière de l'Ukraine, après l'annonce par Evguéni Prigojine d'une marche de ses combattants sur la capitale russe.

Ce régime donne des pouvoirs accrus aux forces de l'ordre, notamment pour mener des opérations de police.

D'importantes patrouilles de police étaient toujours déployées le long de la route principale menant à la sortie de Moscou. [AFP - Natalia Kolesnikova]
D'importantes patrouilles de police étaient toujours déployées le long de la route principale menant à la sortie de Moscou. [AFP - Natalia Kolesnikova]

DIMANCHE

Le groupe Wagner commence son retrait de Russie après la volte-face de son chef

Les forces du groupe paramilitaire Wagner ont commencé à quitter leurs positions en Russie sur ordre de leur chef Evguéni Prigojine. Celui-ci a fait volte-face après avoir frontalement défié l'autorité du président russe Vladimir Poutine.

Après une journée de rébellion armée spectaculaire, Evguéni Prigojine doit partir pour la Biélorussie et les poursuites contre lui seront abandonnées, a annoncé le Kremlin. On ignore où se trouve le tempétueux patron de Wagner, qui avait promis la veille "de libérer le peuple russe" en lançant ses troupes vers Moscou, mais a finalement fait machine arrière afin d'éviter de faire couler le "sang russe".

Des combattants du groupe Wagner quittent Rostov dans la nuit. [Reuters - Stringer]
Des combattants du groupe Wagner quittent Rostov dans la nuit. [Reuters - Stringer]

"Il y était de l'intérêt supérieur d'éviter un bain de sang", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov dans la soirée, saluant "une résolution sans nouvelles pertes" de la crise, qui a vu le président biélorusse Alexandre Loukachenko jouer le médiateur.

23h50

Selon Kiev, Evguéni Prigojine a "humilié" Vladimir Poutine

Selon le conseiller à la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak, Evguéni Prigojine "a humilié Poutine" en menant une rébellion avec ses hommes. Dans un tweet publié à la suite de l'annonce d'un accord entre les deux factions russes, il a raillé la décision du groupe Wagner tout en saluant que celui-ci ait démontré qu'il n'y avait "plus de monopole de la violence" en Russie.

"Le choix phénoménal de Prigojine... Vous anéantissez presque Poutine, vous avez pris le contrôle des centres d'opération, vous avez atteint Moscou et subitement... vous renoncez. Parce qu'un intermédiaire très particulier à la réputation douteuse (Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, ndlr) vous a promis de vous protéger de la personne qui a ordonné votre destruction le matin même. Et vu la peur que l'élite pro-Poutine a éprouvée ces dernières 24 heures, cet ordre sera certainement exécuté", a expliqué le conseiller.

Tout cela n'est pas sans bénéfice: 'Prigojine a humilié Poutine/l'Etat et a montré qu'il n'y a plus de monopole de la violence' en Russie", a-t-il ajouté.

23h40

L'Otan a intercepté 21 appareils russes en trois semaines

Des avions de chasse britanniques de la Royal Air Force (RAF) ont "intercepté" 21 appareils russes aux confins de l'espace aérien de l'Otan ces trois dernières semaines lors d'une mission en Estonie, a affirmé samedi le ministère de la Défense.

Parmi les appareils russes en question figurent des avions de combat, des avions de transport ou de collecte d'information, ainsi que des bombardiers longue portée Tu-22M.

Déployés sur la base d'Amari en Estonie depuis mars, dans le cadre de la contribution britannique aux missions de l'Otan, les Typhoon britanniques ont décollé pour surveiller les appareils russes lorsque ces derniers ne communiquaient pas avec les agence de trafic aérien, représentant ainsi un danger pour la sécurité aérienne, selon le ministère britannique de la Défense.

Exercices majeurs

Les appareils britanniques doivent rester en Estonie jusqu'au mois d'août, où ils seront relayés par des avions de l'armée espagnole.

Durant son déploiement en Estonie, la Royal Air Force a aussi pris part à plusieurs exercices majeurs, dont l'un a été décrit par Londres comme le plus important exercice aérien de l'Otan depuis la fin de la guerre froide.

Cette démonstration de force et d'unité face aux menaces potentielles de la Russie, en pleine guerre en Ukraine, avait été décrite par ses organisateurs comme le plus important exercice aérien de toute l'histoire de l'Alliance, réunissant 250 aéronefs militaires de 25 pays membres et partenaires de l'Otan, dont le Japon et la Suède, pays candidat à l'adhésion.

23h30

Les combattants de Wagner quittent Rostov

Les combattants de Wagner ont quitté Rostov, dans le sud-ouest de la Russie, selon le gouverneur de la région.

23h10

Prudence dans le monde occidental

Les Etats-Unis et leurs alliés européens se sont montrés prudents samedi face à la crise en Russie, qui pourrait par ailleurs profiter à l'Ukraine en pleine offensive contre les forces russes, selon des experts.

Lors de consultations lancées à la hâte, le président américain Joe Biden s'est entretenu par téléphone de la situation en Russie avec ses homologues français Emmanuel Macron, allemand Olaf Scholz et britannique Rishi Sunak, selon la Maison Blanche.

Au-delà de l'impact éventuel de la mutinerie sur la guerre en Ukraine, l'instabilité d'une puissance nucléaire soulève encore d'autres craintes.

Des réunions similaires au plus haut niveau se sont déroulées également dans les capitales européennes.

23h00

Apaisement en fin de journée

Les forces du groupe paramilitaire Wagner ont commencé samedi à quitter leurs positions en Russie sur ordre de leur chef, qui a fait volte-face après avoir frontalement défié l'autorité de Vladimir Poutine.

Certaines mesures de sécurité exceptionnelles prises en Russie face à l'avancée de Wagner ont commencé à être levées, notamment dans la région de Lipetsk, au sud de Moscou, où avaient pénétré des paramilitaires.

Après le départ de ses troupes, le chef de Wagner devrait finalement échapper aux poursuites dont l'avait pourtant directement menacé Vladimir Poutine.

Accord encore flou

"Personne ne persécutera (les combattants), compte tenu de leurs mérites au front" ukrainien, a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, qui a défendu la nécessité d'un accord avec Evguéni Prigojine pour éviter un "bain de sang".

Si les termes de cet accord restent sujet à spéculations, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, proche allié de Vladimir Poutine, semble avoir joué un rôle-clé de médiateur. Selon ses services, c'est lui qui a proposé au chef de Wagner de cesser sa progression en Russie.

L'heure semble donc désormais à un relatif apaisement entre Vladimir Poutine et le chef de Wagner, après une matinée ponctuée par de très virulentes déclarations des deux hommes.

22h30

Dmitri Peskov: un accord pour éviter "un bain de sang"

La présidence russe et Evguéni Prigojine ont convenu samedi d'un accord, après une journée de rébellion armée spectaculaire des paramilitaire du groupe Wagner, "pour éviter un bain de sang", a affirmé dans la soirée le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

"Il était de l'intérêt supérieur d'éviter un bain de sang", a déclaré à la presse Dmitri Peskov, utilisant la même expression qu'Evguéni Prigojine, qui a ordonné à ses hommes qui marchaient vers Moscou de faire demi-tour et de retourner dans leurs camps.

22h00

Evguéni Prigojine et le groupe Wagner ne seront pas poursuivis

Samedi soir, le Kremlin a annoncé qu'un accord avait bien été passé avec Wagner pour éviter un bain de sang et que les combattants du groupe paramilitaire ne seraient pas poursuivis pénalement.

Leur chef, Evguéni Prigojine, verra aussi les charges contre lui être abandonnées et partira pour la Biélorussie, a aussi dit Moscou. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a précisé qu'Alexandre Loukachenko avait proposé sa médiation, avec l'accord de son homologue russe Vladimir Poutine, en raison de ses liens personnels avec Evguéni Prigojine depuis une vingtaine d'années.

La Russie a ajouté que cette rébellion armée avortée n'affecterait "en aucun cas" l'offensive en Ukraine. "L'opération militaire spéciale continue. Nos militaires ont réussi à repousser la contre-offensive de l'Ukraine", a affirmé le porte-parole du Kremlin.

22h00

Des experts déboussolés

Après l'annonce par Evguéni Prigojine du retrait de ses troupes, les experts n'arrivent pour l'instant pas à trouver de logique aux événements de la journée de samedi.

En quelques heures à peine, le groupe Wagner est entré sur le territoire russe, s'est emparé de la base militaire et de la ville de Rostov, a avancé sans grande résistance jusqu'à s'approcher à quelques 200 kilomètres de la capitale, avant de finalement décider de se retirer.

"Je ne sais ce à quoi nous venons d'assister au cours des dernières 24 heures", admet par exemple sur Twitter Michael Kofman, directeur des études russes au CNA, un institut de recherches américain.

"Et bien, cela ne fait aucun sens", renchérit de son côté Sam Greene, sociologue au Centre d'analyse des politiques européennes.

Il faudra sans doute du temps avant de trouver une explication cohérente aux événements de samedi, mais les experts sont unanimes à dire qu'elle laissera quoi qu'il arrive des traces, l'autorité de Vladimir Poutine ayant été contestée comme jamais auparavant.

>> L'analyse d'Antoine Silacci dans le 19h30 :

Antoine Silacci fait le point sur la situation en Russie. Pour lui, même si le groupe Wagner se retire, Poutine aura perdu le contrôle du monopole de la violence sur son sol
Antoine Silacci fait le point sur la situation en Russie. Pour lui, même si le groupe Wagner se retire, Poutine aura perdu le contrôle du monopole de la violence sur son sol / 19h30 / 1 min. / le 24 juin 2023

21h15

Retour sur une journée historique

Si une désescalade semble se confirmer, cette journée du 24 juin laissera des traces en Russie. Les images des troupes d'Evguéni Prigojine avançant en direction de Moscou, ouvertement en rébellion contre le Kremlin, resteront dans les mémoires.

Depuis 24 heures, des scènes encore impensables auparavant ont été vues: des combats en Russie entre l'armée régulière et le groupe Wagner, un convoi de mercenaires rebelles visé par une frappe, un avion de l'armée de l'air russe abattu par des hommes de Wagner, un hélicoptère qui échappe de peu à la défense antiaérienne des mercenaires, des scènes de chaos et de destruction, notamment un dépôt de carburants incendié à Voronej.

>> Les images fortes de la journée dans le 19h30 :

En Russie, la milice Wagner s'est rebellée contre l'armée. Les hommes d’Evguéni Prigojine ont mis le feu aux poudres sur la route de Moscou
En Russie, la milice Wagner s'est rebellée contre l'armée. Les hommes d’Evguéni Prigojine ont mis le feu aux poudres sur la route de Moscou / 19h30 / 1 min. / le 24 juin 2023

Tout avait démarré vendredi soir vers 20h, quand Evguéni Prigojine avait diffusé une vidéo censée montrer un campement militaire endommagé. Le chef de Wagner accusait l'armée russe d'avoir bombardé ce camp et d'avoir frappé les mercenaires russes de Wagner.

>> Retour sur une nuit de soulèvement dans le 19h30:

En une soirée, la Russie a basculé en situation insurrectionnelle suite à l’appel à la rébellion du groupe paramilitaire Wagner contre le commandement général russe
En une soirée, la Russie a basculé en situation insurrectionnelle suite à l’appel à la rébellion du groupe paramilitaire Wagner contre le commandement général russe / 19h30 / 2 min. / le 24 juin 2023

21h00

Poutine remercie Loukachenko

Vladimir Poutine a remercié Alexandre Loukachenko pour "le travail réalisé", a annoncé la présidence biélorusse.

"Le président de la Biélorussie a informé en détail le président de la Russie des résultats des négociations avec la direction du groupe Wagner", a indiqué Minsk dans un communiqué.

20h45

Soutien populaire pro-Wagner à Rostov

Des dizaines d'habitants ont scandé "Wagner, Wagner!" près du QG militaire de Rostov pris tôt dans la matinée par les mercenaires d'Evguéni Prigojine, alors que ceux-ci s'apprêtaient visiblement à quitter leurs positions, après une annonce en ce sens de leur chef.

Réunis sur une rue principale dans le centre-ville, de nombreux résidents ont sorti leurs téléphones pour prendre en vidéo les combattants du groupe paramilitaire, tout en les applaudissant.

20h25

Les forces en présence

Il n'est pas facile de faire le point sur les forces en présence dans cette rébellion qui a frappé la Russie dans la journée de samedi.

Du côté de l’assaillant, les mercenaires du groupe Wagner commandés par Evguéni Prigojine auraient été environ 25'000 à être en activité sur territoire russe. Ce sont pour la plupart des combattants aguerris, plutôt bien équipés et surtout fidèles à leur chef.

Face à eux, leur bête noire Sergueï Choïgou, ministre de la Défense, qui représente l’armée russe. Sur le papier, cette armée peut compter sur plus d’un million d'hommes dans ses troupes combattantes. Mais si le nombre est impressionnant, l’institution est désormais très affaiblie.

Beaucoup d’hommes sont mobilisés en Ukraine et leurs meilleures unités ont été littéralement saignées à blanc par la guerre. La motivation est parfois faible, les équipements insuffisants ou vétustes. Evguéni Prigojine comptait sur ces faiblesses pour établir un rapport de force en sa faveur.

>> Les explications d'Antoine Silacci :

Antoine Silacci fait le point sur la situation en Russie. Pour lui, même si le groupe Wagner se retire, Poutine aura perdu le contrôle du monopole de la violence sur son sol
Antoine Silacci fait le point sur la situation en Russie. Pour lui, même si le groupe Wagner se retire, Poutine aura perdu le contrôle du monopole de la violence sur son sol / 19h30 / 1 min. / le 24 juin 2023

20h10

Un événement "qui va laisser des traces"

Interrogée dans le 19h30 de la RTS, la professeure d’histoire russe Korine Amacher de l’Université de Genève est revenu sur la situation en Russie.

"Il faut que nous restions toutes et tous modestes parce que l’Histoire est en train de se jouer sous nos yeux, donc nous n’avons pas de réponses. Évidemment, aujourd’hui, le président russe a évoqué un 'coup de poignard dans le dos', et il a raison. Mais il a aussi évoqué la révolution russe de 1917, et c’est plus compliqué."

Selon l’historienne, Vladimir Poutine a parlé de cet événement historique pour appuyer le caractère gravissime de la situation.

"De mon point de vue d’historienne, les coups d’Etat et les révolutions de palais qui ont réussi ont toujours été réalisés depuis le centre, à savoir depuis la capitale – Saint-Pétersbourg à l’époque tsariste. Ici, nous sommes dans une situation un peu différente. Chaque fois qu’il y a une rébellion qui s’est déroulée dans les siècles passés, aux 16e, 17e, 18e, 19e siècles, avec plusieurs grosses révoltes populaires menées au départ par un leader, tout en essaimant ensuite dans la population, elle a échoué."

Un "tournant"?

Interrogée sur la déclaration d’Evguéni Prigojine, qui a ordonne le repli de ces hommes, l’historienne avance que malgré tout, il "a joué son va-tout sans retour possible en arrière", "ce qui pose une grosse question sur le devenir des troupes Wagner".

Selon elle, le chef de guerre a dévoilé la faiblesse de la Russie, donc Vladimir Poutine en ressort quoi qu’il arrive affaibli à court terme.

"Evidemment, cet événement va laisser des traces. (...) Il sera dorénavant très difficile de présenter l’Etat russe comme un Etat fort", et c’est en ça que cette rébellion représente un "tournant", conclut Korine Amacher.

>> L'interview de Korine Amacher dans le 19h30 :

Pour Korine Amacher, professeure d'histoire russe à l'Université de Genève, Evguéni Prigojine a franchi le point de non-retour mais aussi affaibli Vladimir Poutine. Décryptage
Pour Korine Amacher, professeure d'histoire russe à l'Université de Genève, Evguéni Prigojine a franchi le point de non-retour mais aussi affaibli Vladimir Poutine. Décryptage / 19h30 / 1 min. / le 24 juin 2023

19h40

Evguéni Prigojine annonce le retrait de ses troupes

Le leader du groupe Wagner a annoncé dans la soirée que ses hommes allaient rentrer dans leurs camps pour "éviter un bain de sang".

Dans une note audio publiée par son service de presse sur Telegram, le chef de guerre explique: "Ils voulaient démanteler PMC Wagner. Nous nous sommes donc mobilisés le 23 juin pour la 'Marche de la Justice'. En une journée, nous avons marché jusqu'aux environs de Moscou, à 200 kilomètres de la ville. Pendant tout ce temps, nous n'avons pas versé une seule goutte de sang de nos combattants."

Il ajoute: "Aujourd'hui, le moment est venu où le sang peut couler. C'est pourquoi, conscients de la responsabilité de notre camp dans une éventuelle effusion de sang russe, nous faisons demi-tour avec nos convois et retournons dans nos campements, conformément au plan établi."

19h35

La Biélorussie dit avoir trouvé un accord avec Prigojine

La présidence de la Biélorussie a déclaré qu'Alexandre Loukachenko était parvenu à un accord avec Evguéni Prigojine pour que ce dernier accepte de mettre fin aux mouvements de son groupe paramilitaire Wagner en Russie.

Evguéni Prigojine, qui conteste l'état-major de l'armée russe dans sa conduite de la guerre en Ukraine et dit avancer vers Moscou, est d'accord pour calmer la situation, ont déclaré les services du président biélorusse.

19h30

Les réactions à Kiev

Dans la capitale ukrainienne, les réactions à la rébellion du groupe Wagner sont mitigées. La réaction officielle, celle de Volodymyr Zelensky s’en prend directement à Vladimir Poutine: "Celui qui choisit la voie du mal se détruit lui-même", a écrit le président ukrainien sur sa chaîne Telegram.

La vice-ministre de la défense ukrainienne veut quant à elle y voir une "fenêtre d’opportunité".

"Ils nous combattent, dit-elle, mais ils s’autodétruisent". Elle se montre convaincue elle aussi que le régime russe a signé son propre arrêt de mort en envahissant l’Ukraine.

Tous les officiels ukrainiens le martèlent d’ailleurs depuis le début de la guerre : "La paix ne surviendra que lorsque le régime russe s’effondrera". Ces événements récents sont donc vus comme une lueur d’espoir.

>> Ecouter l’intervention de Maurine Mercier dans Forum :

Volodymyr Zelensky. [Keystone - EPA/SERGEY DOLZHENKO]Keystone - EPA/SERGEY DOLZHENKO
Les répercussions de la situation en Russie sur l’Ukraine / Forum / 3 min. / le 24 juin 2023

L’avis de la rue

Dans la rue pourtant, les Ukrainiens sont plus méfiants, plus prudents. Sans forcément avoir de réponse, les habitants de Kiev se posent la question : "Est-ce une stratégie, une sorte de jeu dangereux auquel se livreraient Poutine et Prigojine?"

Un homme, la quarantaine, résume la situation à la correspondante de la RTS sur place, Maurine Mercier : "Si la Russie sombre dans une guerre civile, l’Ukraine aura peut-être quelques années de répit, mais ensuite?". La crainte qu’Evguéni Prigojine l’emporte et soit un nouveau Staline est aussi prégnante.

En effet, le patron de Wagner est l’opposé d’un pacifiste. Il ne condamne pas la guerre en Ukraine, mais plutôt la manière dont l’armée russe la mène. Et aucun Ukrainien n’oublie que ce sont les hommes d’Evguéni Prigojine qui ont mené les combats les plus durs contre l’Ukraine, notamment ces derniers mois à Bakhmout, dans l’est du pays.

Pour les Ukrainiens, que le maître de Wagner ou le maître du Kremlin l’emporte ne change rien. Ce n’est pas tant un problème de personne, mais de système, un système peut-être en train de commencer à vaciller.

>> Les explications de Maurine Mercier dans le 19h30 :

À Kiev, Maurine Mercier rapporte le sentiment général en Ukraine sur la révolte qui agite la Russie
À Kiev, Maurine Mercier rapporte le sentiment général en Ukraine sur la révolte qui agite la Russie / 19h30 / 1 min. / le 24 juin 2023

19h25

Kiev revendique de nouvelles avancées dans l'est de l'Ukraine

L'armée ukrainienne a lancé des offensives dans plusieurs directions face aux forces russes sur le front Est et revendique de nouvelles avancées, a annoncé samedi le ministère de la Défense.

"Une offensive sur plusieurs directions simultanément" a été lancée samedi vers les localités d'Orikhovo-Vassylivka, Bakhmout, Bogdanivka, Iaguidné, Klichtchiïvka, Kourdioumivka, a déclaré la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, en revendiquant "des avancées dans toutes les directions".

19h20

Le monde a les yeux tournés vers la Russie

Les pays du monde entier suivent évidemment de très près la situation en Russie, quel que soit le camp auquel ils appartiennent. Les pays proches de Moscou ont sans surprise montré leur soutien à Vladimir Poutine, à l'image de l'Iran, qui demande que "l'Etat de droit soit respecté en Russie", le Kazakhstan et la Biélorussie. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko estime ainsi que la rébellion de Wagner est un "cadeau" fait à l'Occident. Aucun commentaire n'a revanche été fait du côté de Pékin.

>> L'analyse de Forum sur les réactions internationales :

Le monde suit de près la tournure des événements en Russie. [Keystone - EPA/MAXIM SHIPENKOV]Keystone - EPA/MAXIM SHIPENKOV
Le monde suit de près la tournure des événements en Russie / Forum / 3 min. / le 24 juin 2023

La Turquie, qui joue un rôle de pivot dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie, a rappelé son soutien au président russe, mais l'a aussi exhorté à faire preuve de "bon sens", comme une mise en garde contre de possibles dérapages.

Du côté des alliés de l'Ukraine, on montre un certain embarras et on s'abstient de prendre position, preuve de l'incertitude que provoque cette mutinerie et preuve que Prigojine au Kremlin n'est pas une alternative souhaitable pour les Occidentaux.

L'Union européenne a pour sa part noté qu'il s'agissait "d'un problème interne à la Russie" et les pays du G7, Etats-Unis en tête, se contentent de "surveiller attentivement la situation".

En Suisse, la ministre de la Défense Viola Amherd a déclaré que "la situation évolue d'heure en heure et est très confuse". Le centre de gestion de crise à Berne tourne à plein régime, notamment pour savoir ce qu'il faut faire des citoyens suisse présents en Russie.

>> L'analyse de la réaction suisse dans le 19h30 :

La Suisse et les pays occidentaux surveillent de près l’évolution de la rébellion en Russie
La Suisse et les pays occidentaux surveillent de près l’évolution de la rébellion en Russie / 19h30 / 1 min. / le 24 juin 2023

19h15

Pourquoi Prigojine a-t-il lancé cette offensive aujourd'hui?

Ancien cuisinier devenu épicentre de la guerre, Evguéni Prigojine est un chef de guerre jusqu'au-boutiste au passé de bandit et il a même passé quelques années en prison à la fin de l'Union soviétique. Il a ensuite fait fortune dans la restauration dans l'entourage du Kremlin. Au style vulgaire, violent, populiste, Prigojine s'est ensuite tourné vers le secteur militaire avec sa milice Wagner, tout d'abord pour défendre les intérêts de Moscou et dorénavant en critiquant la stratégie du ministère russe de la Défense.

>> Le portrait d'Evguéni Prigojine dans Forum :

Portrait d’Evgueni Prigogine, l’auteur du coup d’Etat en Russie [Keystone - Prigozhin Press Service via AP]Keystone - Prigozhin Press Service via AP
Portrait d’Evguéni Prigojine, l’homme qui s’est rebellé contre Poutine / Forum / 3 min. / le 24 juin 2023

Mais pourquoi Prigojine a-t-il lancé cette offensive aujourd'hui? En partie acculé, il sentait peut-être qu'il perdait de l'influence et semble jouer le tout pour le tout. En effet, le ministère de la Défense a demandé à tous les bataillons volontaires, que ce soit celui du Tchétchène Kadyrov ou Wagner, de se soumettre à lui d'ici le 1er juillet.

Pour Cyrille Bret, chercheur à l’institut Jacques Delors et spécialiste de la Russie, Evguéni Prigojine "était arrivé à une impasse". Il cite tout d'abord une impasse financière, car ce qui faisait sa fortune, à savoir les interventions de Wagner en Afrique, a diminué, car les troupes ont été redéployées vers l'Ukraine. Et il était acculé politiquement, car il était arrivé "au maximum de sa stratégie de la tension" avec le ministère de la Défense et les forces armées russes. En outre, il n'avait plus reçu depuis plusieurs mois de soutien de la part de Vladimir Poutine. En résumé, à ses yeux, "c'est une mission suicide, une mission kamikaze, un tout pour le tout".

Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la Revue militaire suisse, estime de son côté que le risque de guerre civile est réel "parce que nous avons à faire à des personnes expérimentées et armées jusqu'aux dents, y compris d'armements lourds, et qui connaissent les forces et faiblesses de l'armée russe". A ses yeux, le véritable risque, c'est la contagion, notamment si la présidence prend des unités actuellement sur le front en Ukraine pour venir combattre ces milices Wagner. Certains pourraient afficher une certaine sympathie aux combattants de Prigojine.

>> Les analyses de Cyrille Bret et Alexandre Vautravers dans Forum :

Evgueni Prigogine et Vladimir Poutine en 2011. [Keystone - AP Photo]Keystone - AP Photo
Que cherche Evguéni Prigojine avec sa rébellion contre le Kremlin? / Forum / 9 min. / le 24 juin 2023

19h05

La pression augmente sur Vladimir Poutine

Le maître du Kremlin aurait pris la mesure de ce qu’il se passe, comme le laisse entendre, plus tôt dans la journée, son discours au ton très martial. Alors qu’il communique souvent avec calme, essayant de transmettre une impression de normalité à la population russe, aujourd’hui, les mots sont forts: "La patrie est en danger."

Pour Vladimir Poutine, tout autre point de vue en période d’opération militaire spéciale est un signe de trahison. Cependant, il n’a pas encore annoncé à ce jour de réponses très concrètes.

Sur le plan militaire, les observateurs estiment que le président russe devrait assez évidemment s’en sortir affaibli, tout du moins à court terme. Cependant, sur le plan politique, les effets de cette mutinerie militaire pourraient être positifs, légitimant un serrage de vis supplémentaire du pouvoir sur la population, craignent certains opposants au régime.

>> Ecouter l’intervention d’Isabelle Cornaz, de Cyrille Bret et d’Alexandre Vautravers dans l’émission Forum de la RTS :

Vladimir Poutine pendant son discours le 24 juin 2023. [Keystone - EPA/SERGEI ILNITSKY]Keystone - EPA/SERGEI ILNITSKY
La position de Vladimir Poutine est-elle fragilisée? / Forum / 5 min. / le 24 juin 2023

19h00

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