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Les députés américains tombent d'accord pour éviter un défaut de paiement du pays

Le bâtiment du Congrès américain. [Keystone - EPA/Michael Reynolds]
Les députés américains tombent d'accord sur un plan pour éviter le défaut de paiement du pays / Le Journal horaire / 29 sec. / le 1 juin 2023
Les élus de la Chambre des représentants ont adopté mercredi à une très large majorité le texte visant à relever le plafond de la dette, éloignant ainsi un peu plus le spectre d'un défaut des Etats-Unis sur sa dette, qui aurait eu des conséquences catastrophiques sur l'économie américaine et mondiale.

Le texte adopté par la Chambre basse doit désormais être approuvé par le Sénat, qui devrait se prononcer rapidement, le chef de la majorité démocrate, Chuck Schumer, assurant un peu plus tôt dans la journée qu'il le soumettrait "aussi vite que possible" afin que "nous évitions le défaut de paiement".

Dans un communiqué, Joe Biden a qualifié le vote de "pas en avant essentiel afin de prévenir pour la toute première fois un défaut". Selon le président démocrate, ce résultat a été obtenu grâce à un "compromis des deux partis".

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De son côté, le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a estimé que ce vote "plaçait le citoyen américain en priorité" en réalisant ce "qu'aucune mandature précédente n'avait réussi jusqu'ici": réduire les dépenses fédérales. "Le vote de ce soir a permis d'adopter les plus importantes coupes budgétaires de l'histoire américaine", a-t-il insisté.

Un compromis qui ne satisfait pleinement personne

Fruit de négociations marathon et arraché au forceps pendant le week-end prolongé du Memorial Day, le texte doit avant tout permettre d'éviter le pire: que les caisses du pays se retrouvent à sec lundi prochain, risquant d'amener les Etats-Unis au défaut de paiement.

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C'est pour éviter ce scénario aux répercussions potentiellement catastrophiques pour l'économie que Joe Biden et Kevin McCarthy ont conclu un accord, qui, comme tout bon compromis, n'a pleinement satisfait personne, de l'aveu même du président américain.

Budget fédéral retouché

Kevin McCarthy avait lui reconnu avant le vote qu'il ne ferait pas le plein de voix dans son camp, tout en affichant son optimisme, et pour cause: les leaders démocrates, bien qu'ils aient été contraints de retoucher au budget fédéral, s'étaient engagés à apporter les voix qui manqueraient à ce texte.

"Les démocrates de la Chambre feront en sorte que le pays ne fasse pas défaut, un point c'est tout", avait déclaré leur chef Hakeem Jeffries. Promesse tenue puisque le projet de loi a reçu 314 voix en faveur, 165 démocrates et 149 républicains, alors que 117 élus s'y sont opposés, 71 républicains et 46 démocrates.

afp/vic

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Les détails du plan

Le projet de loi suspend le plafond de la dette jusqu'en 2025, soit après les élections présidentielles agendées à fin 2024. En échange, certaines dépenses se verront limitées afin de les maintenir stables - hors dépenses militaires - en 2024 et en hausse de 1%, hors inflation, en 2025.

Le plan prévoit aussi une baisse de 10 milliards de dollars des fonds alloués aux services fiscaux pour se moderniser et renforcer les contrôles. Le bureau de Kevin McCarthy a également précisé que l'accord prévoit le recouvrement "de milliards de dollars de fonds Covid non dépensés" pendant la pandémie, sans autre précision.

Gros point de contentieux, le compromis inclut des modifications aux conditions imposées pour bénéficier de certaines aides sociales: il augmente de 49 à 54 ans l'âge jusqu'auquel les adultes sans enfants doivent travailler pour recevoir une assistance alimentaire, mais il élimine cette obligation de travailler pour les anciens combattants et les sans-abris.

Critiques dans les deux camps

Dans les deux camps, de nombreuses voix avaient fait savoir qu'elles ne voteraient pas en faveur de ce compromis. Chez les républicains, les principales critiques émanent de l'aile trumpiste, qui réclamait encore davantage de coupes dans les dépenses. L'élu du Texas Chip Roy a ainsi fustigé un "mauvais accord", pour lequel "aucun républicain ne devrait voter".

Certains membres de leur groupe envisagent même une motion de censure pour obliger Kevin McCarthy à quitter le perchoir, une proposition qui peut être déposée par un seul élu.

Aile gauche des démocrates insatisfaite

Des voix plus modérées, comme celle de l'élue de Caroline du Sud, Nancy Mace, ont aussi manqué à l'appel. "Cet 'accord' formalise le niveau record atteint par les dépenses fédérales durant la pandémie et en fait la base de référence des dépenses à venir", avait-elle déploré en amont du vote.

Côté démocrate, des élues de l'aile gauche comme Pramila Jayapal et Alexandria Ocasio-Cortez refusaient de soutenir un texte "imposé" selon elles par les républicains.