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La COP27 se termine sur un bilan contrasté à Charm el-Cheikh

La COP27 se termine sur un bilan contrasté à Charm el-Cheikh
La COP27 se termine sur un bilan contrasté à Charm el-Cheikh / 12h45 / 2 min. / le 20 novembre 2022
Après des négociations longues et difficiles, la COP27 s'est terminée dimanche à l'aube sur un bilan contrasté. Un texte très disputé sur l'aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique a été adopté, mais pas une baisse des gaz à effet de serre.

La grande conférence sur le climat de l'ONU a pris fin avec plus d'un jour de retard sur le calendrier prévu, ce qui en fait l'une des COP les plus longues de l'histoire. "Cela n'a pas été facile", mais "nous avons finalement rempli notre mission", a souligné le président égyptien de la conférence Sameh Choukri.

Une déclaration finale fruit de nombreux compromis a été finalement adoptée, appelant à une réduction "rapide" des émissions, mais sans ambition nouvelle par rapport à la dernière COP de Glasgow en 2021. "Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant et c'est une question à laquelle cette COP n'a pas répondu", a regretté le secrétaire général de l'ONU António Guterres.

Dans la foulée, l'Union européenne s'est dit "déçue" par l'accord sur les émissions.

>> Retrouvez le suivi de ces deux semaines de COP27 : La COP27 s'achève sur un bilan contrasté, avec un fonds pour aider les pays vulnérables

Une résolution "historique"

Cette édition a en revanche été marquée par l'adoption d'une résolution emblématique, qualifiée d'historique par ses promoteurs, sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique déjà subis par les pays les plus pauvres.

Ce dossier des "pertes et dommages" climatiques des pays pauvres avait failli faire dérailler la conférence, avant de faire l'objet d'un texte de compromis de dernière minute qui laisse de nombreuses questions en suspens, mais acte le principe de la création d'un fonds financier spécifique.

"Les pertes et dommages dans les pays vulnérables ne peuvent désormais plus être ignorés, même si certains pays développés avaient décidé d'ignorer nos souffrances", a salué la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate.

Le texte sur les réductions d'émissions a été également très disputé, de nombreux pays dénonçant ce qu'ils considéraient comme un recul sur les ambitions définies lors de précédentes conférences, notamment sur l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, contenir le réchauffement à 1,5 degré Celsius par rapport à l'ère pré-industrielle, qui est toutefois réaffirmé dans la décision finale.

>> Lire aussi : Ignazio Cassis: "La Suisse est bien placée pour dire ce qui est nécessaire de faire" pour le climat

Trajectoire de +2,4 degrés

Les engagements actuels des pays signataires de l'accord ne permettent pas de tenir cet objectif, ni même celui de contenir l'élévation de la température à 2 degrés par rapport à l'ère pré-industrielle, quand les humains ont commencé à utiliser en masse les énergies fossiles responsables du réchauffement climatique.

Ces engagements, en admettant qu'ils soient intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4 degrés à la fin du siècle et, au rythme actuel des émissions, sur celle d'un catastrophique +2,8 degrés.

Or, à près de 1,2 degré de réchauffement actuellement, les impacts dramatiques du changement climatique se multiplient déjà. L'année 2022 en a été l'illustration, avec son cortège de sécheresses, de feux géants et d'inondations dévastatrices, impactant récoltes et infrastructures.

Les coûts de ces événements extrêmes s'envolent également: la Banque mondiale a ainsi estimé à 30 milliards de dollars le coût des inondations qui ont laissé un tiers du territoire pakistanais sous l'eau pendant des semaines et fait des millions de sinistrés.

Près de 1400 personnes ont péri depuis juin dans des inondations au Pakistan. [Keystone - AP Photo/Pervez Masih]
Près de 1400 personnes ont péri depuis juin dans des inondations au Pakistan. [Keystone - AP Photo/Pervez Masih]

"Suspects habituels"

Les pays pauvres, souvent parmi les plus exposés mais qui sont généralement très peu responsables du réchauffement, réclamaient depuis des années un financement des "pertes et dommages" qu'ils subissent. La bataille ne s'achèvera pas avec l'adoption de la résolution de Charm el-Cheikh, puisque celle-ci reste volontairement vague sur certains points controversés.

Les détails opérationnels doivent être définis pour adoption à la prochaine COP, fin 2023 aux Emirats arabes unis, promettant de nouveaux affrontements, notamment sur la question des contributeurs, les pays développés insistant pour que la Chine en fasse partie.

Autre sujet qui a secoué la COP: les ambitions de réductions d'émissions. De nombreux pays ont estimé que les textes proposés par la présidence égyptienne constituaient un retour en arrière sur les engagements d'en relever régulièrement le niveau pris à Glasgow.

"Cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux", a regretté Laurence Tubiana, architecte des accords de Paris de 2015. C'est sans compter la question de la réduction de l'usage des énergies fossiles, à l'origine du réchauffement, mais à peine mentionnées dans la plupart des textes sur le climat.

Le charbon avait été cité en 2021 après de rudes échanges, mais, à Charm el-Cheikh, les "suspects habituels", selon l'expression d'un délégué, s'y sont une nouvelle fois opposés pour le pétrole et le gaz. Arabie saoudite, Iran ou Russie sont les noms de pays les plus souvent avancés.

Le développement des renouvelables fait cependant l'objet d'une mention inédite aux côtés des énergies à "basses émissions", expression généralement appliquée au nucléaire.

>> Regardez l'analyse d'Etienne Kocher dans le 12h45 :

COP27: l'analyse d'Etienne Kocher, envoyé spécial de la RTS à Charm el-Cheikh
COP27: l'analyse d'Etienne Kocher, envoyé spécial de la RTS à Charm el-Cheikh / 12h45 / 1 min. / le 20 novembre 2022

ats/fgn

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