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Le Rwanda attend toujours les migrants expulsés du Royaume-Uni

La porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo.
Premier revers pour le partenariat controversé entre le Londres et Kigali / La Matinale / 1 min. / le 16 juin 2022
Le Rwanda a assuré mercredi rester "pleinement engagé" dans son "partenariat" avec Londres malgré l'annulation la veille, en raison de recours judiciaires, du premier vol censé amener à Kigali des migrants illégaux expulsés du Royaume-Uni.

A plus de 6000 kilomètres de distance, les mots ont été les mêmes. "Nous ne sommes pas découragés par ces développements", a déclaré la porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo, en écho à la formule utilisée par la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel dans un communiqué peu avant.

"Le Rwanda reste pleinement engagé à oeuvrer pour que ce partenariat fonctionne", a-t-elle assuré, affirmant que le pays d'Afrique de l'Est "se tient prêt à accueillir les migrants lorsqu'ils arriveront et à leur offrir sécurité et opportunités".

Vol annulé de justesse

Le premier vol prévu dans le cadre de cet accord controversé devait décoller de Grande-Bretagne mardi soir, avant d'être annulé à la dernière minute après une décision de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

Ce projet est depuis des semaines au centre de vives critiques, venant notamment de l'agence des Nations unies pour les réfugiés et d'organisations de défense des droits de l'homme, mais aussi des responsables de l'Eglise anglicane qui l'ont qualifié d'"immoral".

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Le gouvernement de Kigali, fréquemment accusé de violations des droits de l'homme, rejette avec force les critiques selon lesquelles le Rwanda ne serait pas un pays sûr pour les migrants.

"Nous ne pensons pas qu'il soit immoral d'offrir un chez-soi aux gens", a déclaré Yolande Makolo lors d'une conférence de presse mardi, affirmant que le Rwanda était prêt à accueillir "des milliers" de migrants.

"Nous ne considérons pas le fait de vivre au Rwanda comme une punition", a-t-elle lancé, en rappelant que ce pays d'environ 13 millions d'habitants accueille déjà plus de 130'000 réfugiés de divers pays.

"Opportunité" économique pour le Rwanda

Cet accord, qui doit être financé par le Royaume-Uni à hauteur de 120 millions de livres sterling (140 millions d'euros), est également pour certains observateurs un moyen pour le Rwanda de détourner les critiques sur son bilan en matière de droits de l'homme et de liberté d'expression.

Dans les rues de la capitale rwandaise Kigali, on s'interrogeait mercredi sur l'avenir de ce projet que certains voient comme une "opportunité". Le directeur du Hope Hostel, où les demandeurs d'asile devaient être hébergés à leur arrivée, a refusé de commenter l'annulation du vol. D'autres habitants craignent que la réputation du Rwanda ne soit écornée par la confusion de ces derniers jours.

L'ONG Amnesty International s'est, elle, félicitée de ces dernières péripéties. "Les tentatives du gouvernement britannique de saper l'ensemble du système international de protection des réfugiés en transférant leurs responsabilités au Rwanda ont été contrecarrées", a tweeté la directrice régionale adjointe d'Amnesty pour l'Afrique de l'Est.

jfe avec ats

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