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Le gouvernement espagnol nie l'espionnage de dirigeants indépendantistes catalans

Les indépendantistes catalans accusent Madrid de les avoir espionnés avec le logiciel Pegasus
Les indépendantistes catalans accusent Madrid de les avoir espionnés avec le logiciel Pegasus / 19h30 / 1 min. / le 19 avril 2022
Des dizaines de dirigeants indépendantistes catalans ont accusé Madrid d'avoir piraté leurs téléphones portables avec le logiciel Pegasus. Le gouvernement central nie ces allégations.

L'Espagne "est un pays démocratique et un Etat de droit, dans lequel on n'espionne pas, on n'intercepte pas de conversations, on ne place pas sur écoute, si ce n'est dans le cadre de la loi", a affirmé mardi la porte-parole du gouvernement Isabel Rodríguez.

Le mouvement indépendantiste catalan a accusé lundi Madrid d'avoir espionné illégalement des dizaines de ses chefs de file en installant le logiciel Pegasus sur leurs téléphones portables. Un rapport de "Citizen Lab", une organisation basée à l'Université de Toronto au Canada, documente ces faits présumés. Selon cette enquête, au moins 65 indépendantistes catalans ont été surveillés entre 2017 et 2020.

>> Plus d'informations sur le logiciel espion : Pegasus est "un outil qui cible les personnes qui dérangent les autorités en place"

Carles Puigdemont épargné, mais pas ses proches

Parmi les personnes visées figurent l'actuel président régional catalan Pere Aragonés (qui était au moment des faits numéro deux de la région) et les ex-présidents régionaux Quim Torra et Artur Mas. Des eurodéputés, des députés régionaux et des membres d'organisations civiles indépendantistes se trouvent également sur la liste.

L'ancien président régional Carles Puigdemont, qui avait fui en octobre 2017 en Belgique pour échapper à la justice espagnole après la tentative de sécession de la Catalogne, n'a pas été directement espionné. Mais nombre de ses proches, dont son épouse, l'ont été, précise l'organisme canadien.

"Le gouvernement n'a rien à voir" avec ces accusations et "n'a rien à cacher", a insisté sa porte-parole Isabel Rodríguez. Elle a affirmé que l'exécutif "va collaborer autant que possible avec la justice pour enquêter sur ces faits" si les tribunaux le demandent.

>> Ecouter aussi les explications de Marie Bolinches, correspondante de la RTS en Espagne :

Les explications de Marie Bolinches, correspondante en Espagne
Les explications de Marie Bolinches, correspondante en Espagne / 19h30 / 1 min. / le 19 avril 2022

afp/ami

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Le climat s'était détendu en Catalogne

La Catalogne, région du nord-est de l'Espagne, est le théâtre depuis plusieurs années d'une crise politique entre les indépendantistes, qui contrôlent l'exécutif et le parlement régional, et le gouvernement central.

En octobre 2017, les séparatistes avaient organisé un référendum d'autodétermination malgré son interdiction par la justice. Ils avaient déclaré unilatéralement, en vain, l'indépendance de la région.

Les tensions se sont considérablement apaisées depuis la reprise en 2020 du dialogue entre les indépendantistes et le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez. Celui-ci a gracié l'an dernier neuf indépendantistes au nom de la "réconciliation".

>> Relire : Sortie de prison pour neuf indépendantistes catalans graciés

Enquête parlementaire européenne sur le scandale Pegasus

Le Parlement européen va constituer une commission d'enquête sur le scandale causé par Pegasus. Le logiciel aurait été utilisé par des gouvernements de l'UE pour espionner des personnalités, des responsables politiques, des journalistes et des élus européens.

La commission cherchera à déterminer si l'utilisation de logiciels espions a enfreint le droit européen et les droits fondamentaux. Le rapport devrait être adopté dans un an, précise le groupe Renew.

Le commissaire européen à la Justice, le Belge Didier Reynders, serait au nombre des responsables européens espionnés grâce à Pegasus.