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Le procès de l'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi a démarré en Birmanie

Des manifestations ont eu lieu lundi contre la junte militaire en Birmanie, comme ici à Yangon. [STR / AFP]
Le procès de l'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi a démarré en Birmanie / Le Journal horaire / 24 sec. / le 14 juin 2021
Le premier procès contre l'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, renversée par un coup d'Etat militaire, s'est ouvert lundi dans la capitale Naypyidaw. Les observateurs dénoncent "une procédure spectacle".

Interpellée au matin du 1er février et assignée depuis à résidence, la lauréate du prix Nobel de la paix 1991, âgée de 75 ans, fait face à des poursuites judiciaires hétéroclites. Lundi, elle était jugée pour importation illégale de talkies-walkies, non-respect des restrictions liées au coronavirus et violation d'une loi sur les télécommunications.

L'audience s'est tenue dans un tribunal étroitement gardé, spécialement mis en place. Plusieurs témoins dépêchés par l'accusation ont été entendus, et les auditions vont se poursuivre mardi, a indiqué l'une de ses avocates.

Un autre procès pour sédition doit aussi débuter mardi, dans lequel Aung San Suu Kyi comparaîtra aux côtés de l'ex-président de la République Win Myint.

Décidée à se défendre malgré les conditions

L'ancienne cheffe du gouvernement birman est également inculpée pour avoir violé une loi sur les secrets d'Etat datant de l'époque coloniale et pour corruption. Elle est accusée d'avoir perçu plus d'un demi-million de dollars et une dizaine de kilos d'or de pots-de-vin. Aucune date de procès n'a été avancée à ce stade pour ces deux charges, les plus lourdes à son encontre.

>> Lire également : L'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi inculpée pour corruption

Aung San Suu Kyi n'a pas pu encore se défendre devant le tribunal, mais "elle semble bien décidée à faire valoir ses droits, quels que soient les résultats", a commenté un autre de ses avocats, qui dit tout de même "se préparer au pire", dénonçant des accusations "absurdes".

En effet, depuis son arrestation, "la dame de Rangoun" n'a été autorisée à rencontrer que trois fois l'équipe chargée de la défendre et chaque réunion a été brève. L'ex-dirigeante encourt de longues années de prison si elle est reconnue coupable.

Stratégie de neutralisation

Le chef de la junte "est déterminé à l'enfermer pour le reste de sa vie", a déploré Debbie Stothard, coordinatrice du réseau Alternative ASEAN, un réseau régional engagé dans le combat pour la démocratie en Birmanie. On assiste à "une procédure spectacle uniquement motivée par des raisons politiques", a-t-elle estimé.

"Ce procès est manifestement la première salve d'une stratégie globale visant à la neutraliser", a renchéri Phil Robertson chez Human Rights Watch.

Aung San Suu Kyi a déjà passé plus de 15 ans en résidence surveillée sous les précédentes dictatures militaires, avant d'être libérée en 2010 et de prendre cinq ans plus tard la tête du pays.

>> Retour sur le parcours de l'ex-dirigeante birmane :

Aung San Suu Kyi en 7 dates
Aung San Suu Kyi en 7 dates / L'actu en vidéo / 2 min. / le 5 février 2021

afp/jop

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Un journaliste américain libéré dans un contexte chaotique

Manifestations quasi-quotidiennes, économie paralysée par des grèves massives, recrudescence des affrontements entre armée et factions ethniques rebelles: la Birmanie est en ébullition depuis le putsch qui a mis fin à une parenthèse démocratique de 10 ans.

Le mouvement de contestation est réprimé dans le sang par les forces de sécurité qui ont tué ces derniers mois plus de 860 civils, dont des femmes et des enfants, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Près de 5000 personnes ont été placées en détention, des ONG dénonçant des cas d'exécutions extra-judiciaires, de tortures ou de violences envers les femmes.

Un reporter américain, Nathan Maung, arrêté en mars, a été libéré ce lundi, d'après son avocat. Mais plusieurs journalistes restent derrière les barreaux. "Il a été libéré lundi matin de la prison d'Insein (à Rangoun), la police ayant retiré les charges retenues contre lui", a déclaré son avocat. Le journaliste rentrera aux Etats-Unis par avion mardi, a-t-il ajouté.

La responsable des droits humains aux Nations unies, Michelle Bachelet, a déploré vendredi l'intensification des violences, ajoutant que la junte était "entièrement responsable de cette crise".