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Guantanamo: un ancien détenu témoigne

Sami Elhaj, caméraman détenu 6 ans à Guantanamo.
Sami Elhaj, caméraman détenu 6 ans à Guantanamo.
Lors de la journée de soutien aux victimes de la torture, Micheline Calmy-Rey a regretté que la lutte contre le terrorisme justifie ces traitements. Un caméraman d'Al Jazeera détenu six ans à Guantanamo s'est exprimé au 19:30.

Battu, affamé, malade et isolé, l'homme a pourtant survécu à sa
détention. Sami El Haj a quitté Guantanamo il y a quelques
semaines. Ce caméraman d'Al Jazeera avait été capturé en décembre
2001 au Pakistan, alors qu'il s'apprêtait à couvrir la guerre en
Afghanistan.



Dans une interview au 19:30 de la TSR, Sami El Haj détaille les
méthodes illicites employées par ses interrogateurs. "Ils voulaient
savoir quels étaient les liens entre ma chaîne et Al Qaïda",
explique-t-il. Aucune connection n'a été établie entre le média
qatari et la nébuleuse terroriste. "Et aucune accusation précise
contre ma personne ne m'a été présentée", affirme Sami El Haj.

La déclaration de Micheline Calmy-Rey

"La torture est un phénomène abjecte, tous les Etats
l'admettent. Et pourtant, bien que la torture soit frappée d'une
interdiction absolue en droit international, aucune région du monde
n'est complètement libérée de ce fléau", a déclaré jeudi Micheline
Calmy-Rey dans un message à l'occasion de la journée internationale
de soutien aux victimes de la torture.



Sans citer de pays, la cheffe du Département fédéral des affaires
étrangères juge "préoccupante la tendance récente des Etats
d'accepter la pratique de la torture comme un mal nécessaire dans
la lutte contre le terrorisme".

Réhabilitées

Aux Etats-Unis, les agents de la CIA ont le droit de recourir à
des méthodes d'interrogatoire comme la simulation de noyade,
assimilées par beaucoup à de la torture. Invoquant la lutte contre
le terrorisme, le président américain George W. Bush a opposé son
veto en mars à un projet de loi interdisant de telles
méthodes.



"Il est important de rappeler que chaque victime a droit à la
réparation et à la réhabilitation. Cela implique que tous les
moyens nécessaires soient mis en oeuvre pour la réadaptation des
victimes sur le plan médical, psychologique, social et juridique",
a ajouté la ministre.

Poursuivis

Micheline Calmy-Rey souligne que "l'Etat doit garantir, dans son
système juridique, la réparation et l'indemnisation des victimes".
D'une part, une enquête "effective et impartiale" sur les
allégations de torture doit être menée.



D'autre part, chaque Etat partie à la Convention internationale
contre la torture, entrée en vigueur en 1987, "a l'obligation de
poursuivre toute personne soupçonnée d'avoir commis des actes de
torture, se trouvant sur son territoire et qu'il n'extrade
pas".



agences/ma

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"Guantanamo" devant la Maison Blanche

Amnesty International a lancé mercredi un nouvel appel au gouvernement américain pour demander la fermeture de la prison de Guantanamo, en reconstituant en grandeur nature une de ses cellules de haute sécurité à quelques pas de la Maison Blanche.

Cette cellule d'isolement de 3 mètres de long et 2 mètres de large, identique à celles qui renferment les deux-tiers des détenus de Guantanamo, "est une manière de montrer aux Américains l'injustice en taille réelle", a déclaré Gwen Fitzgerald, porte-parole d'Amnesty.

Les visiteurs expérimentent ainsi par eux-même "la sensation d'être enfermé 22 heures par jour dans une boîte sans avoir été jugé et sans savoir quand ils seront libérés" a expliqué Larry Cox, directeur exécutif d'Amnesty International-USA.

A l'intérieur de la cellule, une caméra les incite à enregistrer un message vidéo destiné au président George W. Bush et qui sera ensuite mis en ligne sur le site de l'organisation. Larry Cox espère former "une opinion publique forte et durable" qui mettra un terme à "cet horrible chapitre de l'histoire américaine".

La récente décision de la Cour suprême autorisant les détenus de Guantanamo à saisir la justice civile a été saluée par Amnesty International. Le centre de détention de la base navale américaine à Cuba compte encore quelque 270 prisonniers malgré une réprobation internationale quasi-unanime.

Déclaration commune

La Haut commissaire aux droits de l'homme Louise Arbour ainsi que les institutions onusiennes en charge de la lutte contre la torture ont émis une déclaration commune de soutien aux victimes.

Soixante ans après l'adoption de la déclaration des droits de l'homme, le texte demande aux Etats de réaffirmer "leur ferme volonté de faire appliquer le cadre légal contre la torture et d'aider à éradiquer la violence à l'encontre des femmes".