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Attentat au Pakistan: Benazir Bhutto accuse

Le retour d'exil de Benazir Bhutto gâché par les fondamentalistes
Le retour d'exil de Benazir Bhutto gâché par les fondamentalistes
La police pakistanaise interrogeait samedi trois hommes dans le cadre de son enquête sur l'attentat qui a visé jeudi Benazir Bhutto à Karachi. Elle enquêtait aussi sur une liste de suspects donnée par l'ex-Premier ministre.

Benazir Bhutto a affirmé avoir envoyé au président Pervez
Musharraf les noms de trois personnes qu'elle soupçonne d'être
impliquées dans l'attentat suicide le plus meurtrier de l'histoire
du Pakistan. L'attaque, qui a fait au moins 139 morts, a été menée
à proximité du camion blindé dans lequel elle menait un gigantesque
défilé pour célébrer son retour au pays après huit années
d'exil.

La police a également mené samedi des interrogatoires. Trois
hommes interpellés au Pendjab (centre) ont été emmenés à Karachi
pour être questionnés à propos d'une voiture d'où une grenade
aurait été jetée par des assaillants près du convoi de Benazir
Bhutto, juste avant qu'un kamikaze se fasse exploser dans la foule,
a expliqué à l'AFP un enquêteur.

L'armée suspectée

«L'enquête progresse dans la bonne direction mais, une fois
encore, nous éviterons de pointer du doigt tel ou tel ou même
d'accuser certains groupes de combattants islamistes» avant d'avoir
des certitudes, a précisé le chef de la police de Karachi, Azhar
Farooqi. Des responsables du Parti du peuple pakistanais (PPP) de
l'ex-Premier ministre (1988-1990 et 1993-1996) ont affirmé que sa
liste de suspects comprenait «des hauts responsables de
l'armée».



Les services de sécurité avaient fait savoir à Benazir Bhutto que
des cellules d'Al-Qaïda, des groupes de talibans aussi bien afghans
que pakistanais, mais aussi une organisation de combattants
intégristes basée à Karachi, mégalopole de 12 millions d'habitants,
préparaient des attentats pour son retour au Pakistan. Elle avait
fui le pays en 1999 pour échapper à des poursuites pour
d'importants détournements de fonds publics quand elle le dirigeait
et est rentrée à la faveur d'une amnistie décrétée récemment par
Pervez Musharraf.

Musharraf demande des preuves

Benazir Bhutto, 54 ans, a également, au lendemain de l'attentat,
accusé des anciens dignitaires du régime militaire du général Zia
ul-Haq, qui dirigeait le pays il y a plus de 20 ans (1977-1988), et
qui avait renversé puis fait exécuter son père, le premier ministre
Zulfiqar Ali Bhutto, en 1979. Le général Musharraf, lui-même à la
tête du pays depuis un coup d'Etat sans effusion de sang il y a
huit ans, a promis à Benazir Bhutto d'arrêter les coupables, mais
l'a aussi priée de ne pas «commencer à accuser les uns et les
autres» sans preuves.



L'époux de Benazir Bhutto a accusé, dès la nuit du drame, une
agence des services de renseignements du gouvernement d'avoir
perpétré l'attentat. Dans certains quartiers de Karachi, des
partisans de Bhutto, en colère, ont brûlé samedi des pneus,
caillassé les véhicules qui passaient et contraint certains
magasins à fermer.



agences/kot

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La tête du kamikaze dans les journaux

La police a annoncé vendredi avoir retrouvé la tête du kamikaze présumé sur les lieux de l'attentat. Plusieurs journaux en ourdou en ont publié samedi la photographie.

L'image montre un visage joufflu et mal rasé au regard éteint, avec une large protubérance le long de la mâchoire et de la lèvre.

Avant l'attentat, la presse avait rapporté qu'un des principaux commandants des combattants islamistes proches des talibans et d'Al-Qaïda avait promis d'accueillir Benazir Bhutto par un attentat-suicide.

L'attentat n'a pas dissuadé l'ex-Premier ministre de rester au Pakistan, où elle a promis de «restaurer la démocratie».

Elle négocie cependant depuis des mois un accord de partage du pouvoir avec le président Musharraf à l'approche des législatives prévues pour mi-janvier.

Sept morts dans un nouvel attentat

Au moins sept personnes ont été tuées samedi par l'explosion d'une bombe sur un marché dans la province du Baloutchistan, en proie à une insurrection séparatiste, dans le sud-ouest du Pakistan, a annoncé la police à l'AFP. Au moins 15 personnes ont également été blessées.

L'explosion de cette bombe au Baloutchistan intervient alors que tout le pays est en proie depuis plus de trois mois à une vague sans précédent d'attentats perpétrés par les combattants islamistes proches d'Al-Qaïda et des talibans.