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Benazir Bhutto restera au Pakistan

Le retour d'exil de Benazir Bhutto gâché par les fondamentalistes
B.Bhutto n'a pas été touchée et a pu être évacuée après le drame
L'ancien Premier ministre Benazir Bhutto restera au Pakistan pour les législatives, malgré le double attentat suicide perpétré contre elle dans la nuit de jeudi à vendredi. Le dernier bilan faisait état de 130 morts.

L'ancien Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto restera au
Pakistan pour conduire son parti aux élections législatives de
mi-janvier 2008, malgré l'attentat qui la visait. «Nous n'allons
pas modifier nos plans. Notre combat pour la démocratie va
continuer. Nous allons participer aux élections», a assuré un
sénateur du Parti du peuple pakistanais (PPP), faisant référence au
prochain scrutin législatif programmé pour la mi-janvier 2008.

L'attaque de jeudi est le plus meurtrier des attentats suicide
jamais perpétrés au Pakistan. La mégalopole du sud du pays avait
pourtant été transformée en forteresse, quadrillée par 20'000
policiers, à la suite de menaces d'attentats islamistes. Le
président Pervez Musharraf, qui a pris le pouvoir il y a huit ans
par un coup d'Etat sans violences et négocie depuis plusieurs mois
un partage du pouvoir avec Benazir Bhutto, "a condamné cette
attaque dans les termes les plus fermes", parlant d'"un complot
contre la démocratie".

Un carnage

C'est au cours d'un défilé, qui durait déjà depuis neuf heures
dans la cité portuaire tentaculaire, que le camion blindé dans
lequel Benazir Bhutto se reposait a été visé par l'attentat.
Indemne, l'ancienne cheffe du gouvernement a été rapidement évacuée
du camion.



Sur les lieux du carnage, la chaussée était couverte de sang et de
morceaux de corps. "C'est comme si je marchais dans un abattoir.
Certains corps étaient intacts, d'autres complètement démembrés", a
raconté un photographe.

Condamnation des Etats-Unis

Les Etats-Unis, qui ont fait du président Musharraf leur
allié-clé dans leur "guerre contre le terrorisme", ont condamné
"l'attentat brutal". "Les extrémistes ne réussiront pas à empêcher
les Pakistanais de choisir leurs représentants à travers un
processus démocratique et ouvert", a dit la Maison Blanche, faisant
allusion aux élections législatives de janvier 2008. Le secrétaire
général de l'ONU, Ban Ki-moon et les pays de l'Union européenne ont
condamné un attentat "épouvantable". La Chine aussi condamne
"sévèrement" l'attaque.



L'attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat, mais des
activistes liés à Al Qaïda, irrités par le soutien apporté par
Benazir Bhutto à la guerre contre le terrorisme déclarée par les
Etats-Unis, avaient menacé cette semaine de l'assassiner. Pour sa
part, Benazir Bhutto accus, dans une interview diffusée vendredi en
ligne par l'hebdomadaire français "Paris Match", les partisans de
l'ancien régime militaire du général Mohamad Zia-ul-Haq
(voir ci-contre).



agences/jab/bri

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Ex-dirigeante en exil depuis 1999

Benazir Bhutto rentre au Pakistan après l'avoir quitté en 1999 pour échapper à des poursuites pour corruption. Elle a été deux fois Premier ministre (88-90 et 93-96).

L'ex-cheffe du gouvernement compte conduire le Parti du peuple pakistanais (PPP) aux élections de janvier 2008. Alors qu'elle avait promis qu'elle retournerait au Pakistan pour mettre fin à la dictature militaire du général Musharraf, l'ex-premier ministre pourrait conclure un accord de cohabitation avec le chef de l'Etat.

Ses sympathisants vouent un véritable culte à la première femme à avoir été Premier ministre dans le monde musulman et l'unique à la tête de la République islamique du Pakistan, puissance nucléaire de 160 millions d'habitants.

Purger les services secrets

"Je sais exactement qui veut me tuer. Ce sont les dignitaires de l'ancien régime du général Zia qui sont aujourd'hui derrière l'extrémisme et le fanatisme", a indiqué Benazir Bhutto.

"Nous devons purger ces éléments encore présents dans nos services secrets. Bon nombre d'entre eux sont partis à la retraite puis ont été réembauchés. Ils ont aujourd'hui beaucoup de pouvoir. Pour eux, je représente un danger : si je ramène la démocratie dans le pays, ils perdront leur influence", a-t-elle estimé.

Le père de Benazir Bhutto, l'ex-Premier ministre Zulfiqar Ali Bhutto, avait été renversé en 1977 par le général Zia ul-Haq, puis exécuté sous son régime en 1979.