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Saddam Hussein a été pendu à Bagdad

Saddam Hussein avait pris le pouvoir en 1979
Saddam Hussein a été exécuté pour le massacre de chiites
L'ancien président irakien Saddam Hussein, condamné à mort pour l'exécution de 148 villageois chiites dans les années 1980, a été pendu samedi à Bagdad.

Conduit menotté à la potence, l'ancien raïs, entièrement vêtu de
noir, a refusé de porter une cagoule. Après que son chapeau lui eut
été ôté, celui qui a dirigé l'Irak pendant près de trois décennies
n'a pas souhaité parler, mais a répété une prière dite par un imam
sunnite.

"Dieu est grand"

Puis, alors que la corde allait être passée autour de son cou,
il s'est écrié "Dieu est grand. La nation sera victorieuse et la
Palestine est arabe", a témoigné Sami al-Askari, conseiller
politique du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, qu'il
représentait lors de l'exécution.



Le conseiller du Premier ministre a précisé que le gouvernement
n'avait pas encore décidé ce qu'il ferait du corps de Saddam
Hussein. Après l'annonce de l'exécution, rapportée par la
télévision nationale Irakiya, Bagdad était relativement calme. Des
n'ont
pas tardé à pleuvoir du monde entier.

Bagdad reste calme

La nouvelle de la pendaison a été accueillie dans une relative
indifférence à Bagdad. Seuls quelques tirs de joie ont résonné dans
les quartiers majoritairement chiites. La situation était normale
samedi en fin de matinée dans les rues de la capitale, moins
fréquentée que d'habitude en ce premier jour des célébrations de
l'Aïd al-Adha, la fête musulmane du Sacrifice.



A l'annonce de l'exécution de Saddam Hussein, de brèves rafales
d'armes automatiques pour fêter l'événement ont résonné au dessus
de certains quartiers chiites de la ville. Ces manifestations
spontanées se sont calmées après quelques minutes. A Sadr City
(nord-est de Bagdad), bastion du leader radical chiite Moqtada
Sadr, quelques voitures avec à leur bord des hommes en armes
sillonnaient en trombe les rues du quartier, célébrant à coup de
klaxons la mort de l'ex-dictateur.

Condamné pour un seul cas

Renversé quelques semaines après l'invasion de l'Irak par la
coalition conduite par les Etats-Unis, en mars 2003, Saddam Hussein
avait été arrêté le 13 décembre de la même année. Traduit en
justice, il avait été condamné à mort par pendaison le 5 novembre
pour les crimes contre l'humanité commis en 1982 avec le massacre
de 148 chiites à Doujaïl.



Cette condamnation avait été confirmée mardi par le juge de la
Cour d'appel, Mounir Haddad. Vendredi, ses avocats avaient tenté
une dernière fois de faire reporter son exécution, en déposant un
recours devant une juge de Washington. Ils souhaitaient profiter
des droits offerts à l'ex-raïs par une plainte civile dont il
faisait l'objet aux Etats-Unis pour obtenir une suspension
temporaire de la procédure.

Ultime appel rejeté

Moins d'une heure avant celle prévue de l'exécution, vers 6h en
Irak (3h GMT), la juge Colleen Kollar-Kotelly avait rejeté la
demande des avocats, expliquant qu'il n'appartenait pas aux
tribunaux américains d'interférer dans les processus juridiques de
pays étrangers.



Auparavant, Nouri al-Maliki avait également rejeté les appels pour
épargner Saddam Hussein, déclarant aux familles des personnes tuées
sous son régime qu'il s'agirait d'une insulte aux victimes. "Notre
respect des droits de l'homme requiert que nous l'exécutions, il
n'y aura ni retour ni délai dans le déroulement de la sentence",
avait expliqué le Premier ministre irakien lors d'une rencontre
avec les familles, selon des propos rapportés par son bureau.



ap/cab

PARCOURS D'UN DICTATEUR

Né en 1937 à Tikrit, village proche de Bagdad, Saddam Hussein
est élevé par sa mère. Adhérant en 1955 au parti Baas, il participe
en 1959 à la tentative d'assassinat du 1er Ministre Kassem, ce qui
lui vaut un exil en Egypte et une condamnation à mort par
contumace.



Saddam devient vice-président du régime en 1968, à la faveur d'un
coup d'Etat. Au pouvoir, il nationalise l'industrie pétrolière,
lance des programmes de développement économique et étend l'offre
de services publics (écoles, hôpitaux). La démission du Président
al-Bakr le 16 juillet 1979 lui ouvre les portes de la présidence de
l'Irak. Le 22, il exécute les membres du parti Baas susceptibles de
lui nuire. Saddam est un musulman sunnite, le peuple est surtout
chiite.



La guerre contre l'Iran (1980-88) met l'Irak à genoux avec une
dette de 75 mrds de dollars. Cherchant désespérément de l'argent à
l'étranger, Hussein demande l'annulation de cette dette et presse
en particulier le Koweït de renoncer à ses 30 mrds de créances.

Invasion du Koweït

Saddam annexe le Koweït le 2 août 1990, contrôlant 20% des
réserves de pétrole du Golfe. En janvier 1991, une coalition
d'Etats portée par les Etats-Unis, incluant la Syrie et l'Arabie
Saoudite, bombarde l'armée irakienne et la repousse hors des
frontières koweitiennes. Côté irakien, la guerre fait près de
85'000 morts et 175'000 prisonniers. En Irak, des rébellions kurdes
et chiites sont brutalement réprimées, y compris avec des armes
chimiques.



Suite aux attentats de septembre 2001, G.W.Bush accuse l'Irak de
soutenir le terrorisme et de chercher à se doter d'armes de
destruction massive. En mars 2003, les USA et la Grande Bretagne
entrent en guerre contre l'Irak sans le soutien de l'ONU. Après
quatre semaines de combat, la coalition entre à Bagdad.



En décembre 03, Saddam Hussein est capturé. Les images de
l'ex-"raïs", hagard et hirsute, font le tour du monde. Jugé
coupable d'avoir ordonné la mort de 148 villageois chiites en 1982,
il est condamné à la peine de mort par pendaison le 5 novembre
2006. D'autres procès, dont celui concernant le génocide des Kurdes
dans les années 1980, étaient prévus.

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De la chute du régime à la pendaison

Trois ans jour pour jour, ou presque, se sont écoulés entre la capture de Saddam Hussein, le 13 décembre 2003, et son exécution.

19-20 mars 03: Les forces américaines et britanniques pénètrent en territoire irakien à partir du Koweit. L'opération «Iraqi Freedom» est lancée. 9 avril: Bagdad tombe. Saddam Hussein disparaît.

12 mai 03: Le diplomate américain Paul Bremer prend la tête de l'Autorité provisoire de la coalition (CPA), chargée d'administrer le pays en attendant de transférer le pouvoir aux Irakiens.

19 août 2003: Un camion piégé explose devant les locaux de l'ONU à Bagdad, tuant 22 personnes dont le Brésilien Sergio Vieira de Mello, représentant spécial en Irak. Les Nations unies quittent le pays.

13 décembre 03: Saddam Hussein est capturé dans une cache proche de Tikrit, sa ville natale.

28 juin 04: Les Etats-Unis transfèrent la souveraineté au gouvernement du Premier ministre Iyad Allaoui, deux jours avant la date prévue. L'Autorité provisoire de la coalition est dissoute et Paul Bremer quitte l'Irak.

30 janvier 05: La coalition chiite remporte les premières élections législatives libres organisées en un demi-siècle en Irak.

6 avril 05: L'Assemblée élit à la présidence le Kurde Djalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).

15 octobre 05: La Constitution est approuvée par référendum.

19 octobre 2005: Ouverture du premier procès de Saddam Hussein devant le Haut tribunal pénal irakien.

22 février 06: La destruction du dôme de la Mosquée d'Or de Samarra, haut lieu de culte des chiites d'Irak, déclenche des violences à caractère religieux. Le spectre d'une guerre civile hante désormais le pays.

19 juin 06: Les procureurs du Haut tribunal pénal irakien requièrent la peine de mort contre Saddam Hussein, son demi-frère Barzane al Tikriti, qui dirigeait les services secrets, l'ancien vice-président Taha Yassine Ramadan, et Aouad Hamed al Bandar, ancien président du tribunal révolutionnaire.

21 août 06: Ouverture du deuxième procès de Saddam Hussein, poursuivi pour génocide dans le cadre de la campagne contre les Kurdes du nord de l'Irak dans les années 1980.

5 novembre 06: Saddam Hussein est jugé coupable de crimes contre l'humanité pour les morts de Doudjaïl et condamné à la mort par pendaison. Sa peine est confirmée en appel le 26 décembre.

30 décembre 06: Saddam Hussein est pendu peu avant 06h00.