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Anne Hidalgo en tête à Paris, Edouard Philippe en ballottage au Havre

La maire de Paris Anne Hidalgo au bureau de vote pour sa réélection, le 15 mars 2020 à Paris. [AFP - Eliot Blondet]
L'abstentionnisme grand gagnant des municipales en France, le 2e tour menacé / La Matinale / 1 min. / le 16 mars 2020
Avec une abstention record estimée entre 53,5% et 56%, les Français ont déserté les bureaux de vote dimanche lors du 1er tour des municipales, en raison du coronavirus. Anne Hidalgo (PS) est en tête à Paris, Christian Estrosi (LR) quasi réélu à Nice, et Edouard Philippe (LREM) en ballottage au Havre.

Parmi les quelque 47,7 millions d'électeurs appelés à élire leur maire, moins de la moitié aura au final glissé un bulletin dans l'urne, validant une importante poussée écologiste dans une ambiance générale surréaliste après que le gouvernement a décrété samedi soir la fermeture de tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays".

Un chiffre historique pour un scrutin généralement mobilisateur chez les Français, en dépit d'une lente érosion d'un mandat à l'autre: en 2014, l'abstention avait été de 36,45% au 1er tour. Une forte interrogation pèse désormais sur la tenue du second tour, dimanche prochain, dans un pays où l'épidémie (127 morts et 5423 cas dimanche soir) n'en est qu'à ses débuts, selon tous les spécialistes.

Dans ce contexte, Edouard Philippe a annoncé depuis Le Havre qu'experts scientifiques et partis politiques seraient consultés "en début de semaine", en espérant obtenir un "consensus républicain" autour de la tenue ou non du second tour.

Report = annulation du premier tour

Plus largement, Edouard Philippe est soumis à une intense pression après avoir choisi de maintenir ce premier tour malgré le contexte sanitaire qui n'épargne pas la classe politique, à l'image du président des Républicains Christian Jacob, testé positif au coronavirus dimanche.

Selon le constitutionnaliste Didier Maus, interrogé par l'AFP, un report du second tour conduirait à annuler le résultat du premier tour, et obligerait les électeurs à revoter pour les deux tours. Le président Emmanuel Macron a souligné dimanche qu'il était "important de voter dans ces moments-là", après s'être rendu dans l'isoloir avec son épouse Brigitte au Touquet.

Anne Hidalgo en tête à Paris

Dans ce contexte inédit, l'attention portée aux premiers résultats est diluée. Pourtant, le scrutin est crucial pour Les Républicains, arrivé largement en tête en 2014, comme pour le Parti socialiste mis en déroute aux dernières élections nationales.

La bonne nouvelle pour le PS est venue de Paris où la sortante Anne Hidalgo était créditée d'une solide avance (autour de 30%), bien au-delà de ce que lui prédisaient les sondages, sur la candidate LR Rachida Dati (22%) et l'ancienne ministre de la Santé LREM Agnès Buzyn (17%).

Christian Estrosi quasi réélu à Nice

A Nice, le LR Christian Estrosi a frôlé la réélection dès dimanche avec 47,6% des voix. A Marseille, la succession de Jean-Claude Gaudin était bien plus incertaine pour la candidate LR Martine Vassal, confrontée à une dissidence, et donnée au coude-à-coude avec la liste de gauche de Michèle Rubirola, devant Stéphane Ravier (RN).

A Toulouse, le sortant Jean-Luc Moudenc, soutenu par LR et LREM, était pour sa part bien placé (35,3%).

Les écologistes en force

Mais dans la Ville Rose comme dans de nombreuses autres grandes villes, les écologistes ont surfé sur la vague amorcée aux Européennes, comme à Bordeaux, Strasbourg, Lyon, Grenoble ou encore Besançon, où les candidats estampillés EELV sont en tête ou à la bataille pour la pole, créant parfois la surprise.

A Rennes (25,3%), Lille (23,5%) Nantes (19%), ils s'affirment aussi comme davantage que des forces d'appoint pour les maires sortantes PS Nathalie Appéré (32,7%), Martine Aubry (30%) et Johanna Rolland (32%).

Le Rassemblement national semble pour sa part bien parti pour conquérir Perpignan, puisque le candidat Louis Aliot était en tête à 35,6%. Le RN a aussi fait réélire dès le premier tour ses places fortes de Fréjus et Hénin-Beaumont, et a vu Robert Ménard, qu'il soutient à Béziers, être plébiscité au 1er tour (68,7%).

Edouard Philippe en ballottage au Havre

Parmi les dix membres du gouvernement impliqués dans ces élections, le Premier ministre Edouard Philippe est mis en ballottage au Havre avec 43,59% des voix par le communiste Jean-Paul Lecoq (35,87%). Il est désormais sous la menace d'une large coalition des autres partis. Battu, sa position à Matignon deviendrait intenable.

Gérald Darmanin, tête de liste, à Tourcoing (Nord) a été réélu dès le 1er tour, tout comme Franck Riester à Coulommiers (Seine-et-Marne). Le ministre de la Culture est toujours à l'isolement après avoir été contaminé au coronavirus. Mais ces succès ne devraient pas masquer les difficultés de La République en marche qui ne paraissaient pas en position d'enlever une grande ville.

Jusqu'à mardi 18h00

La barre relativement basse (10% des suffrages exprimés au 1er tour), au-dessus de laquelle une liste peut se maintenir, devrait se traduire par une multiplication des triangulaires, voire des quadrangulaires, au second tour. Les candidats autorisés à se maintenir auront jusqu'à mardi 18h00 pour trouver des alliés ou fusionner leurs listes en vue du second tour. S'il a lieu.

afp/kkub

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