Publié

Gabriel Matzneff et ses relations avec des mineurs indignent la France

L'écrivain Gabriel Matzneff est au coeur d'une vive polémique. [AFP - Ulf Andersen]
Affaire Gabriel Matzneff: le ‘’consentement’’ de Vanessa Springora secoue le milieu littéraire et médiatique français / Le 12h30 / 2 min. / le 30 décembre 2019
En France, la polémique autour de l'écrivain Gabriel Matzneff et de son attirance sexuelle pour les mineurs, connue depuis plus de 40 ans, prend de l'ampleur. Le ministre de la culture Franck Riester a notamment apporté son soutien à "toutes les victimes" de l'homme de lettres.

"L'aura littéraire n'est pas une garantie d'impunité. J'apporte mon entier soutien à toutes les victimes qui ont le courage de briser le silence", a écrit samedi le ministre sur son compte Twitter avant la parution jeudi de "Consentement", témoignage de l'éditrice Vanessa Springora, qui raconte comment elle est tombée sous l’emprise sexuelle de Gabriel Matzneff, alors qu’elle n’était âgée que de 14 ans.

L'attirance sexuelle de Gabriel Matzneff, encore chroniqueur aujourd'hui au Point, pour les mineurs des deux sexes, notamment exposé en 1975 dans son essai intitulé "Les moins de seize ans", n'a jamais fait ciller le monde de l'édition. Mais la publication de cet ouvrage a changé la donne.

Vanessa Springora raconte dans son livre avoir entamé une relation, sous emprise, avec l'écrivain au milieu des années 1980. Il était alors presque quinquagénaire et multipliait les relations avec de jeunes gens, parfois dans le cadre de tourisme sexuel en Asie. Jamais l'un des adolescents concernés n'avait encore pris la parole.

Séquence virale

Lauréat du prix Renaudot essai 2013, l'écrivain a longtemps été une figure prisée du milieu littéraire, invité à la télévision pour s'épancher, sans trop choquer, sur ses attirances sexuelles. Une séquence de l'émission littéraire "Apostrophes" avec le journaliste et écrivain Bernard Pivot en 1990, très partagée sur les réseaux sociaux, a notamment refait surface et suscité une vive polémique.

Bernard Pivot y interroge sur un ton badin l'écrivain: "Pourquoi vous êtes-vous spécialisé dans les lycéennes et les minettes?" La séquence a été vue près de 900'000 fois depuis sa mise en ligne jeudi dernier. Elle marque les esprits grâce à l'intervention de l'écrivaine canadienne Denise Bombardier, seule à réagir. Elle juge que Gabriel Matzneff aurait "des comptes à rendre à la justice" s'il n'avait pas "une aura littéraire".

Accusé de complaisance, Bernard Pivot s'est quant à lui attiré les foudres de nombreux internautes. Il a évoqué vendredi, dans un Tweet, une autre "époque". "Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale; aujourd'hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c'est un progrès. Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d'un pays et, surtout, d'une époque", s'est-il défendu.

"Attaques injustes"

Jamais condamné par la justice, Gabriel Matzneff a réagi à la polémique, qui prend de l'ampleur jour après jour. Dans un message à L'Obs le 26 décembre, il a fait part de sa "tristesse" au sujet d'un "ouvrage hostile, méchant, dénigrant".

Par ailleurs, dans le journal Le Parisien, l'écrivain a dénoncé dimanche des attaques "injustes et excessives". Il évoque également "la beauté de l'amour que nous vécûmes, Vanessa (Springora) et moi".

gma avec afp

Publié

Allocation et logement de la ville

Le ministre français de la culture Franck Riester a demandé au Centre national du livre (CNL) de lui fournir "toutes les précisions" concernant une allocation versée à certains écrivains pour compenser les difficultés financières liées au grand âge ou à la maladie, dont Gabriel Matzneff est bénéficiaire.

L'écrivain bénéficie également d'un logement de la ville de Paris dans le Ve arrondissement qui lui a été attribué en 1994, donc "sous la mandature de Jacques Chirac", a indiqué la mairie, confirmant une information de L'Express.

"La Ville de Paris ne dispose aujourd'hui d'aucune base légale pour demander le départ de Monsieur Matzneff, celui-ci étant en dessous du plafond de revenus requis et ayant plus de 65 ans", fait-elle valoir dans un message adressé à l'Agence France-Presse.