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Signe de détente, la Russie rend les bateaux saisis il y a un an à l'Ukraine

L'un des bateaux ukrainiens remorqué par un bâtiment russe au large du port de Kerch, 17.11.2019. [Reuters - Alla Dmitrieva]
Signe de détente, la Russie rend les bateaux saisis il y a un an à l'Ukraine / Le 12h30 / 1 min. / le 18 novembre 2019
La Russie a restitué lundi à l'Ukraine les trois bateaux saisis il y a un an au large de la Crimée. Ce signe supplémentaire de détente intervient alors qu'un sommet se prépare pour tenter de régler le conflit.

Le transfert a été annoncé officiellement par le ministère russe des Affaires étrangères, conformément aux accords conclus entre les deux pays.

Dans une vidéo diffusée par la chaîne télévisée Crimée 24, on voit les trois bateaux ukrainiens remorqués par des garde-côtes russes franchissant le détroit de Kertch. On y voit les navires passer sous le pont de Crimée qui enjambe le détroit, construit par Moscou pour relier la Russie à la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en 2014.

Premier incident armé direct

Ces navires de guerre ukrainiens avaient été saisis par les autorités russes fin novembre 2018 alors qu'ils tentaient de pénétrer dans la mer d'Azov, partagée entre les deux pays, par le détroit de Kertch qui la sépare de la mer Noire.

Il s'agissait du premier incident armé direct entre ces deux pays, dont les relations traversent une grave crise depuis 2014. Les 24 marins ukrainiens capturés à cette occasion par la Russie ont été rendus à l'Ukraine lors d'un échange de prisonniers d'envergure entre les deux pays en septembre.

Paris annonce un sommet le 9 décembre

La présidence française a annoncé vendredi dernier la tenue d'un sommet réunissant la Russie, l'Ukraine, la France et l'Allemagne le 9 décembre à Paris pour tenter de régler le conflit dans l'est de l'Ukraine - qui a fait plus de 13'000 morts depuis 2014 selon l'ONU - après des "avancées majeures" depuis l'élection du nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky au printemps.

Ce sommet au format dit "Normandie" (du nom de la région française où s'était déroulé le premier du genre en 2014) doit réunir les présidents français Emmanuel Macron, russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel.

"Il y a des chances que ce (sommet) soit organisé cette année. Je ne connais pas la date exacte parce qu'elle est en cours de discussion, mais certainement cette année", a pour sa part déclaré un conseiller du Kremlin à la télévision publique russe dimanche.

afp/oang

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"Poutine ne veut pas la paix", estime le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov

Les efforts de paix entre l'Ukraine et la Russie ont été relancés par l'élection de Volodymyr Zelensky à la présidence ukrainienne en avril. Mais le processus de désengagement militaire de part et d’autre, très partiel, ne s’accompagne pas encore d’un processus politique qui permettrait d'en finir avec la guerre.

Car le Kremlin nie toujours son intervention en Ukraine et dit ne jouer que le rôle de porte-parole des séparatistes de l'est du pays. Or ces derniers n’ont pas donné de signe qu’ils voulaient faire la paix et réintégrer l’Ukraine. Et beaucoup d'Ukrainiens ne veulent du reste pas les réintégrer.

Volodymyr Zelensky doit aussi faire face à une forte opposition à Kiev contre sa politique d’apaisement. Une partie de l’opinion publique redoute par-dessus tout qu'il ne fasse trop de compromis à Vladimir Poutine et que l’Ukraine se retrouve paralysée par une mauvaise paix.

Et les critiques face à la politique du chef de l'Etat ont des représentants de poids, à l'exemple du réalisateur ukrainien Oleg Sentsov qui a passé cinq ans dans les prisons russes. Originaire de Crimée, annexée par Moscou, il avait été condamné en 2014 pour "préparation d’actes terroristes" et finalement libéré en septembre dernier.

"On pousse l'Ukraine comme on pousse une vache à l'étable"

Dans une interview accordée au correspondant de la RTS Sébastien Gobert pour l'émission Tout un monde, il veut mettre en garde les Ukrainiens contre tout excès d’optimisme: "On parle des négociations de paix et tout le monde veut la paix ici, mais il faut comprendre que Poutine ne veut pas la paix", dit-il. "Ce qui est sur la table en ce moment, une réintégration des territoires occupés de l'est, ce n'est pas la paix, c'est une trêve. J'ai l'impression que l'on pousse l'Ukraine à la table des négociations comme l'on pousse une vache à l'étable", illustre Oleg Sentsov. Et pour le réalisateur, "il ne peut y avoir de dialogue constructif tant que Poutine est au pouvoir en Russie."

>> Ecouter les explications de Sébastien Gobert et l'interview d'Oleg Sentsov dans l'émission Tout un monde: