Les vieux diesels sont interdits d'entrée à Stuttgart, en Allemagne

"Je ne peux plus rien en faire. Sauf la mettre au garage ou alors je décide de m'en servir quand même, en espérant ne pas me faire pincer par la police. Mais ce n'est pas une solution", affirme à la RTS Nikolaus Sauer, un habitant de Stuttgart.

Ce propriétaire d'un 4x4 diesel est sorti tous les samedis vêtu d'un gilet jaune pour manifester contre cette interdiction, annoncée depuis plus d'un an.

Cette mesure fait suite à une décision de la Cour administrative fédérale, basée à Leipzig, prise en février 2018. Saisie par l'association environnementale Deutsche Umwelthilfe (DUH), la cour a obligé la ville de Stuttgart, particulièrement polluée, à interdire à la circulation et au stationnement les véhicules les plus sales. Soit ceux répondant à la norme Euro 4, mis en circulation entre 2006 et 2010, ou précédents.

Les véhicules équipés d'un moteur répondant à la norme Euro 5 (mis en circulation entre 2011 et 2015) ne sont pour le moment pas concernés par cette interdiction, mais cela pourrait changer à la mi-2019, lorsque les résultats d'une expertise sur leurs émissions seront connus.

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D'autres villes allemandes concernées

Stuttgart n'est pas la seule visée par cette interdiction: d'autres villes, comme Cologne, Bonn, Francfort ou Düsseldorf sont également obligées de restreindre la circulation des véhicules diesel dans certaines rues ou quartiers particulièrement pollués.

D'autres devront suivre, comme Berlin ou Essen. La ville de Hambourg, elle, n'a pas attendu une décision de justice pour limiter les véhicules diesel dans les zones les plus polluées au dioxyde d'azote.

Mais c'est à Stuttgart que l'interdiction est la plus drastique, car toute la ville est déclarée zone interdite. Quelque 18'000 véhicules diesel sont désormais condamnés au garage, sans compter les dizaines de milliers d'automobilistes qui vivent en périphérie de la ville et qui doivent se rendre au travail tous les jours. Les contrevenants s'exposent à une amende de 80 euros.

Au-dessus de la norme européenne

Ces mesures prises au pays du dieselgate visent à répondre une directive européenne, qui impose de ne pas dépasser les 50 microgrammes de dioxyde d'azote (NO2) par mètre cube (μg/m3). Des études ont montré le lien entre le NO2 et les décès prématurés.

Sur la rue Neckartor, l'une des plus polluées au dioxyde d'azote de Stuttgart, quelque 80'000 véhicules passent par jour. Les concentrations de NO2 ont certes diminué depuis le début des années 2000, mais restent encore, en 2017, à 70 μg/m3.

A titre de comparaison, les villes suisses les plus polluées au dioxyde d'azote, à l'image de la rue Necker à Genève, enregistrent des concentrations moyennes de près de 40 μg/m3. Au-dessus de la norme suisse de 30 μg/m3, mais rien de comparable avec les grandes métropoles comme Stuttgart, troisième ville d'Europe de l'Ouest la plus touchée par la pollution au NO2, derrière Londres et Paris, selon l'Agence européenne de l'environnement (AEE).

Pour les constructeurs automobiles allemands, le dioxyde d'azote émis par des véhicules diesel est en effet devenu l'épine dans le pied, car le diesel était une manière de réduire les émissions de CO2 de leurs voitures.

Feriel Mestiri avec Anne Maillet et Pascal Jeannerat