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Arrestation de Karadzic: un moment historique

Liesse à Sarajevo, après l'annonce de l'arrestation de Karadzic.
Liesse à Sarajevo, après l'annonce de l'arrestation de Karadzic.
Scènes de liesse à Sarajevo et satisfaction internationale: les réactions n'ont pas tardé après l'annonce de l'arrestation de Radovan Karadzic, lundi soir à Belgrade. "C'est un jour très important pour les victimes qui ont attendu cette arrestation plus de dix ans", a dit le procureur du TPI.

"J'aimerais féliciter les autorités serbes (...) pour être
parvenues à ce succès marquant en coopération avec le TPI", a dit
le procureur du TPI Serge Brammertz, qui a reporté une visite qu'il
devait effectuer mardi à Belgrade.

"C'est un jour très important pour les victimes qui ont attendu
cette arrestation plus de dix ans", a-t-il ajouté.

Un pas vers l'UE

Saluant l'arrestation de Karadzic , la présidence française de l'Union
européenne (UE) a souligné qu'elle constituait une "étape
importante" de la Serbie sur la voie de l'adhésion à l'Europe des
27.



"Cette arrestation, longtemps attendue, manifeste clairement la
volonté du nouveau gouvernement de Belgrade de rapprocher la Serbie
de l'Union européenne, en contribuant à la paix et à la stabilité
des Balkans", a estimé le président français Nicolas Sarkozy dans
un communiqué.



De son côté, la Maison Blanche a félicité le gouvernement de
Serbie pour la capture Radovan Karadzic, estimant que cette
arrestation rendait "hommage" aux victimes des atrocités dans ce
pays.



"Justice a finalement été faite", a déclaré à l'AFP à Sarajevo,
une responsable de l'association des "Mères de Srebrenica".

"Les choses changent"

Sur les ondes de la RSR,
l'ancienne porte-parole de Carla Del Ponte a attribué l'arrestation
de Radovan Karadic à un changement de situation politique en Serbie
et dans la communauté internationale. Elle la lie à la fermeture
prochaine du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
(TPIY).



«Ce tribunal est sur le point de fermer alors que deux de ses
principaux accusés sont toujours dans la nature. Alors il fallait
soit changer la donne - essayer de les obtenir -, soit fermer sur
un échec battant», a affirmé l'ex-porte-parole de l'ancienne
procureure du TPIY, la Suissesse Carla Del Ponte, alors que le
tribunal créé par l'ONU doit fermer fin 2010.



Florence Hartmann, qui dit avoir souvent «dénoncé un manque
d'entrain de la part des Occidentaux», affirme que les arrestations
manquées de Radovan Karadic par le passé étaient dues à une absence
de volonté. Pour l'ancienne porte-parole de Carla Del Ponte,
l'Europe «demandait à peine l'arrestation de Karadzic et de Mladic
aux autorités» serbes. «Les choses changent et le nouveau
gouvernement serbe y a certainement contribué», a-t-elle
estimé.



Quant à Carla Del Ponte elle-même, aujourd'hui ambassadrice de
Suisse à Buenos Aires, elle ne s'exprimera pas sur le sujet, a
expliqué le Département fédéral des affaires étrangères
(

lire encadré

).



ats/afp/ant

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"Si Karadzic est jugé, les Occidentaux doivent l'être aussi"

Dmitri Rogozine, représentant de la Russie auprès de l'Otan, a estimé mardi que les Occidentaux devraient être jugés pour les bombardements de 1999 en ex-Yougoslavie si Radovan Karadzic était déféré devant la justice internationale.

"Si Karadzic mérite que son cas soit examiné à La Haye, alors, à côté de lui, sur le banc (des accusés) doivent s'asseoir ceux qui ont pris la décision du bombardement de citoyens pacifiques et en rien coupables, tués par centaines au moment de la 'démocratisation' des Balkans par l'Ouest", a-t-il dit cité, par l'agence Interfax.

La question du transfert de Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est une "affaire intérieure" serbe, ont par ailleurs réagi mardi des sources au ministère russe des Affaires étrangères.

La Russie est un allié traditionnel de Belgrade. Des informations de presse, démenties par la diplomatie russe, avaient fait état début 2007 de la présence de Radovan Karadzic en Russie.

La réaction de Berne

La Suisse a salué l'arrestation de Radovan Karadzic, se félicitant de «l'action résolue des autorités de poursuite pénale serbes». Il s'agit d'«une victoire du droit et du principe selon lequel les crimes de guerre ne sauraient rester impunis», ont indiqué les services de Micheline Calmy-Rey.

«Cette arrestation et le transfert devant la justice internationale sont une étape nécessaire pour surmonter les séquelles douloureuses des conflits qui ont déchiré l'ex Yougoslavie», relève le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

«L'arrestation de Radovan Karadzic est également un acte essentiel du point de vue des victimes des crimes de guerre commis sous la responsabilité politique des anciens dirigeants de l'entité serbe de Bosnie-Herzégovine. Il appartient maintenant à la justice internationale de se prononcer dans toute l'indépendance qui doit être la sienne, quelles que soient les circonstances», indique le DFAE.

Et le département de rappeler que la Suisse s'engage en faveur de la justice pénale internationale de manière générale et, notamment, pour le renforcement de la primauté du droit dans la région des Balkans.

Dans cette ligne, la Suisse soutient depuis sa création le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, institué en 1993 par l'ONU. Elle a en particulier mis à disposition des Nations unies Carla Del Ponte, procureure du TPI de septembre 1999 à septembre 2007.

Jean-Philippe Jeannerat, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères, a indiqué que Carla Del Ponte, désormais ambassadrice à Buenos Aires, ne ferait aucun commentaire aux médias sur l'arrestation de Radovan Karadzic.