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Credit Suisse va biffer 2000 emplois dans le monde

Credit Suisse est dans le collimateur de la justice américaine. [Keystone / Martin Ruetschi]
Le numéro 2 bancaire helvétique espère réaliser un milliard de francs d'économies. - [Keystone / Martin Ruetschi]
Credit Suisse veut économiser un milliard en réduisant ses effectifs mondiaux de 4%, ce qui représente environ 2000 emplois, dont 500 en Suisse. Le numéro deux bancaire helvétique a dégagé un bénéfice net de 768 millions de francs au 2e trimestre, en baisse de 50% par rapport à la même période de 2010.

Confronté à un environnement difficile et à la vigueur du franc, Credit Suisse a vu son bénéfice net chuter de moitié au 2e trimestre à 768 millions de francs. Afin de préserver sa rentabilité, le numéro deux bancaire helvétique va aussi réduire ses coûts et biffer 2000 emplois.

Pas de licenciements

En Suisse, les mesures d'économies entraîneront la suppression de 500 emplois, a détaillé jeudi Credit Suisse, lequel employait à fin juin 50'700 collaborateurs au total. Contacté par l'ats, le porte-parole de l'établissement, Marc Dosch, a indiqué que la banque n'envisage pas prononcer de licenciements.

Le personnel concerné pourra bénéficier d'un programme interne de recherche d'emploi et de formation s'étendant sur plusieurs mois. Une partie des salariés touchés par les mesures de réduction des coûts pourront aussi retrouver un emploi à l'interne en fonction des fluctuations naturelles, a poursuivi le porte-parole.

Si la coupe vise toutes les activités de l'institut en Suisse, les mesures d'économies dans leur ensemble se focaliseront sur la division de la banque d'affaires, Investment Banking, a précisé le chef des finances du groupe, David Mathers. Une unité qui est venue plomber la performance de Credit Suisse au 2e trimestre.

Le patron de Credit Suisse Brady Dougan n'affichait pas la mine des grands jours jeudi. [Walter Bieri]
Le patron de Credit Suisse Brady Dougan n'affichait pas la mine des grands jours jeudi. [Walter Bieri]

Le programme d'économies coûtera à la banque entre 400 à 450 millions de francs en 2011, dont 142 millions ont été comptabilisés au 2e trimestre. Estimés à 1 milliard, les gains résultant de ces initiatives seront pleinement réalisés durant l'année 2012, a pour sa part relevé à Zurich Brady Dougan, le patron de Credit Suisse. Outre des taux d'intérêt stagnant à un bas niveau, l'Américain a relevé que la performance trimestrielle de la banque a souffert de vents contraires.

Marchés instables

Désécurisée par une évolution conjoncturelle devenue incertaine avec la crise de l'endettement, la clientèle a réduit son activité à mesure que son aversion au risque s'est accrue. Evoquant un trimestre difficile, Brady Dougan a aussi fait part d'une période marquée par des marchés financiers volatils et illiquides.

La sanction des investisseurs n'a pas tardé, le titre Credit Suisse a clôturé en baisse de 1,57% à la Bourse suisse, dans un marché en repli de 0,56%. Les analystes, qui tablaient selon le consensus de l'agence financière AWP sur un bénéfice net de 1 milliard de francs, n'ont pas non plus caché leur déception.

Illustrant l'appréciation du franc, les effets de changes ont pesé à hauteur de 348 millions de francs sur le bénéfice avant impôts, lequel s'est monté à 1,1 milliard. L'impact d'une variation de 10% du taux de change entre le franc et le dollar sur le résultat annuel avant impôts se chiffre à 375 millions, a expliqué David Mathers. Dans le détail des divisions, la banque d'affaires a vu son résultat avant impôts plonger de 71% à 231 millions de francs. Au regard des trois premiers mois de l'année, ce montant s'inscrit en repli de 83%.

Private Banking résiste

Private Banking, division qui englobe la gestion de fortune internationale (Wealth Management Clients) et les affaires avec la clientèle commerciale et institutionnelle en Suisse, a mieux résisté. Le résultat avant impôts a fléchi de 4% par rapport au 2e trimestre 2010 à 843 millions de francs. Hors effets de change, il a même bondi de 20%.

Asset Management, la division de la gestion d'actifs, a en revanche fortement amélioré son résultat avant impôts à 202 millions de francs, contre 22 millions un an auparavant. Jugées solides par Brady Dougan, les entrées nettes de fonds se sont au total hissées à 14,3 milliards de francs, dont 11,5 milliards pour Private Banking.

ats/bkel

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Solidarité réclamée

L'Association suisse des employés de banque (ASEB) déplore certes l'annonce par le Credit Suisse de la suppression de 2000 emplois dans le monde, dont 500 en Suisse. Mais elle salue le fait qu'aucun licenciement ne soit prévu dans le cadre de la restructuration.

L'ASEB espère néanmoins que des mesures soient mises en place, notamment dans le but de garantir une transparence maximale, a indiqué jeudi à l'ats sa secrétaire centrale Denise Chervet. Elle souhaite également que les partenaires sociaux externes, ainsi que les représentants du personnel participent au processus afin d'assurer la confiance des salariés.

Une solidarité envers les employés du monde entier est demandée. Et Denise Chervet d'ajouter qu'aucun licenciement ne peut être accepté, sans qu'il y une baisse des salaires des dirigeants et autre mesure évitant une telle issue. L'association lance en outre un appel aux salariés pour qu'ils manifestent leur indignation.

L’enquête américaine prise "très au sérieux"

Brady Dougan, le patron de Credit Suisse, "prend très au sérieux" l'enquête du Département américain de la justice visant le numéro deux bancaire helvétique dans le cadre d'éventuels délits fiscaux. "Nous travaillons dur à trouver une solution", a-t-il déclaré jeudi devant la presse à Zurich.

Les investigations de la justice américaine, dans le cadre desquelles des collaborateurs du numéro deux bancaire helvétique ont été inculpés, ne concerne pas seulement Credit Suisse mais aussi les autorités helvétiques, a indiqué Brady Dougan. A son avis, il ne fait guère sens de spéculer sur l'impact de cette enquête sur l'établissement.

Et Brady Dougan de rappeler que Credit Suisse met tout en oeuvre en vue de respecter les prescriptions des gouvernements et autorités fiscales partout sur le globe. Les investigations de la justice américaine ont probablement un impact sur la réputation de la banque, mais l'évolution favorable des afflux d'argent frais démontre qu'elle bénéficie de la confiance de ses clients.