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Pas de course aux subventions pour sauver la métallurgie suisse

Le Conseil fédéral réaffirme son refus de soutenir l'industrie avec des subventions
Le Conseil fédéral réaffirme son refus de soutenir l'industrie avec des subventions / 19h30 / 1 min. / le 22 mai 2024
Le Conseil fédéral ne veut pas se lancer dans une course au subventionnement de la métallurgie, même s'il reconnaît le défi que doit affronter le secteur. Une telle mesure serait "extrêmement coûteuse et quasiment vouée à l’échec", a déclaré mercredi Guy Parmelin à la RTS.

L'Union européenne et les Etats-Unis ont lancé des initiatives de politique industrielle visant la décarbonisation et la réduction des dépendances commerciales, a rappelé le conseiller fédéral en charge de l'Economie Guy Parmelin. Or, ces mesures prennent une tournure protectionniste et provoquent des distorsions du marché, pointe-t-il.

Ces déséquilibres constituent un défi, reconnaît le Conseil fédéral, en réponse à une motion socialiste du Parlement qui réclamait des mesures d'aide pour le secteur métallurgique suisse, sous pression.

Le gouvernement "se mobilise à tous les niveaux" contre les mesures protectionnistes prises à l'étranger. Il a demandé à l'UE que la Suisse soit épargnée par ces mesures. "Jusqu'ici, l'UE n'écoute vraisemblablement pas" malgré l'accord de libre-échange, regrette le Vaudois. "Mais il ne faut jamais désespérer".

Les politiques sectorielles seraient vouées à l'échec en Suisse

Invité mercredi dans l'émission Forum de la RTS, Guy Parmelin a expliqué que diverses études démontrent que, pour un pays comme la Suisse avec un marché intérieur de huit millions d’habitants, une politique industrielle dite verticale, qui soutient un secteur ou une branche spécifique, "est extrêmement coûteuse et quasiment vouée à l’échec".

En revanche, le Conseil fédéral est disposé à adopter une politique industrielle dite horizontale, c’est-à-dire à améliorer constamment le cadre général. Des programmes, par exemple pour la décarbonisation des entreprises, ont été mis en place, affirme Guy Parmelin. "La loi sur le climat et l’innovation prévoit un investissement de 200 millions chaque année pour les dix prochaines années", souligne-t-il.

>> L'intégralité des explications de Guy Parmelin dans l'émission Forum :

Le Conseil fédéral ne subventionnera pas massivement l'industrie suisse: interview de Guy Parmelin
Le Conseil fédéral ne subventionnera pas massivement l'industrie suisse: interview de Guy Parmelin / Forum / 7 min. / le 22 mai 2024

Pas de nouvelles subventions

La Confédération n'entend donc pas se lancer dans une course aux subventions. Le secteur métallurgique peut faire face à la concurrence grâce aux programmes d'encouragement en place et à venir dans le domaine de la politique énergétique et climatique, estime le gouvernement.

Interrogé spécifiquement sur le cas de Stahl Gerlafingen, qui a annnoncé la fermeture d'une de ses deux lignes de production et la suppression de 95 postes, Guy Parmelin a répondu que la Confédération était "en contact" avec l'entreprise soleuroise. Comme les autres, elle pourra profiter du soutien aux investissements pour la décarbonation, en présentant des projets qui remplissent les critères prévus.

L'industrie métallurgique est une grande consommatrice d'énergie. Mais les prix du secteur sont nettement à la baisse depuis plus d'une année, et une détente se dessine également sur le plan des coûts du réseau, constate le Conseil fédéral.

>> Les explications de Guy Parmelin dans le 19h30 :

Le conseiller fédéral Guy Parmelin revient sur la décision de la Suisse de ne pas soutenir les industries à travers des subventions
Le conseiller fédéral Guy Parmelin revient sur la décision de la Suisse de ne pas soutenir les industries à travers des subventions / 19h30 / 3 min. / le 22 mai 2024

La fermeture regrettable de Vetropack

Quant à la fermeture de Vetropack, prévue pour l'été avec 182 postes qui passent à la trappe, Guy Parmelin la trouve "regrettable". Il ne s'agit pas là d'un problème d'investissement, mais de rentabilité à long terme, selon lui.

"C’est dramatique, chaque licenciement est un drame pour les familles et pour la région", regrette-t-il dans l'émission Forum, "mais nous devons vivre avec et respecter" ce choix, poursuit-il.

>> Lire aussi : Le Conseil fédéral appelé à soutenir les entreprises clés pour l'économie suisse, dont Vetropack

Suisse compétitive

Ainsi que le montre une étude, le renouveau de la politique industrielle à l'étranger n'entrave pas la compétitivité de la Suisse, a encore précisé le conseiller fédéral UDC. La Suisse a en effet instauré elle aussi des programmes de promotion, souligne-t-il, notant toutefois que de nombreux instruments adoptés dans d'autres pays ne sont pas adaptés à la Suisse.

Malgré les crises consécutives, pandémie de Covid-19 et guerre en Ukraine en tête, l'économie suisse a fait preuve de résilience. En observant l’évolution de ces dernières années, le conseiller fédéral constate que le niveau d’industrialisation de la Suisse demeure assez élevé. Il souligne également l’importance de l’ouverture de nouveaux marchés par le biais d’accords de libre-échange, comme celui avec l’Inde.

>> Pas de course aux subventions pour sauver la métallurgie suisse: interview de Sophie Michaud-Gigon, conseillère nationale (Les Vert-e-s/VD) :

L'Etat doit-il soutenir activement certaines entreprises clés? Interview de Sophie Michaud Gigon
Pas de course aux subventions pour sauver la métallurgie suisse: interview de Sophie Michaud-Gigon, conseillère nationale (Les Vert-e-s/VD) / La Matinale / 1 min. / le 23 mai 2024

Adaptation web: agences/Miroslav Mares

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Dépendance limitée

Dans l'ensemble, les dépendances commerciales de la Suisse sont limitées. Pour la plupart, elles ne posent pas de problème, note encore le Conseil fédéral dans un rapport demandé par le Conseil national.

Moins de 2% de la valeur des marchandises importées sont sources de dépendance. La tendance est à la hausse, en particulier pour les importations depuis la Chine. Le Conseil fédéral a identifié 195 biens pour lesquels la Suisse est tributaire de fournisseurs étrangers, dont 32 sont considérés comme problématiques.