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Coup de frein pour le marché de la voiture électrique

Le constructeur chinois BYD présente une voiture électrique au Salon de l'auto de Genève. [Keystone - Cyril Zingaro]
Coup de frein sur la voiture électrique / Tout un monde / 7 min. / le 8 avril 2024
Les ventes de voitures électriques ralentissent fortement, après l'essor des dernières années. Malgré les baisses de prix, les clients trouvent les voitures électriques encore trop chères et trop compliquées à recharger. Aujourd'hui, les constructeurs se battent pour gagner les consommateurs ordinaires.

Le marché de la voiture électrique est entré dans une période plus difficile. Les deux plus grands constructeurs du monde, l'américain Tesla et le chinois BYD, ont vu leurs ventes de véhicules ralentir fortement en début d'année. Le constructeur chinois a même essuyé un recul de 40% de ses ventes.

Jusqu'à présent, la voiture électrique était plutôt un marché de niche pour une clientèle convaincue. Aujourd'hui, les constructeurs se livrent une guerre sans merci pour gagner les consommateurs et consommatrices ordinaires. Les Etats, eux, veulent réaliser leur transition énergétique. Avec l'interdiction de la vente de véhicules thermiques en Europe en 2035, la concurrence va encore s'exacerber.

Baisse de prix

Tesla a lancé les premières salves en 2023, en baissant fortement le prix de ses modèles les moins chers pour faire face à l'offensive du chinois BYD. Mais cela n'a pas empêché les ventes de l'entreprise américaine de reculer. En effet, les voitures électriques restent plus chères que les voitures thermiques, explique Bertrand Rakoto, directeur de la recherche automobile chez Ducker Carlyle aux Etats-Unis, dans l'émission Tout un monde lundi.

"La clientèle est relativement limitée parce qu'on s'adresse quand même à une population plutôt aisée, qui correspond à des foyers multi-motorisés. Cette clientèle n'est pas extensible à l'infini", poursuit Bertrand Rakoto. Le responsable rappelle que même avec une guerre des prix, la valeur d'un véhicule électrique dépasse les 40'000 dollars.

Eliminer la concurrence, le pari de BYD

Aujourd'hui, la question est "qui aura les reins les plus solides pour éliminer la concurrence", explique dans Tout un monde Laurent Petizon, consultant automobile indépendant. Il observe que des constructeurs plus petits et plus fragiles ont déjà déposé le bilan.

Le pari de BYD est de "tenir le plus longtemps possible pour éliminer un maximum de concurrents", souligne Laurent Petizon. Même si le constructeur chinois a également vu ses ventes chuter, en raison entre autres du ralentissement économique chinois, il va continuer à exporter en masse ses voitures d'entrée de gamme, à prix cassés. BYD dépasse désormais Tesla en Chine et en Europe.

Dans cette bataille des prix, les batteries continuent de poser problème. Celles produites par les États-Unis et l'Europe restent complexes et lourdes. Quant aux matières premières qui les composent (lithium, manganèse ou cobalt), elles n'existent pas en quantité suffisante et leur extraction coûte très cher.

"Les clients sont un peu perdus"

Selon Flavien Neuvy, économiste et directeur de l'observatoire Cetelem, les clients sont actuellement un peu perdus. "Ils hésitent, ne savent pas ce qu'il faut acheter, électrique ou thermique, et quand on hésite, on a plutôt tendance à décaler l'achat d'un véhicule", analyse l'économiste.

Plusieurs facteurs freinent en effet l'achat de véhicules électriques, notamment les bornes rapides qui coûtent cher. Elles ne sont pas assez nombreuses en Europe, encore moins aux Etats-Unis. Les automobilistes les plus modestes sont aussi refroidis par la suppression progressive des aides à l'achat de voitures électriques, au fur et à mesure que leur nombre augmente. Les États ne pourront bientôt plus se permettre de les subventionner.

Sujet radio: Francesca Argiroffo

Adaptation web: Julie Liardet

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Un enjeu électoral aux Etats-Unis

Le marché de la voiture électrique est devenu un enjeu électoral aux Etats-Unis. Certains se demandent pourquoi dépenser des milliards de dollars pour aider à l'achat de véhicules électriques, certes produits aux Etats-Unis, mais qui ne conviendraient pas aux Américains du Midwest.

Le sénateur républicain du Wyoming John Barrasso a récemment dénoncé devant le Sénat une politique qui ne bénéficierait qu'aux démocrates aisés de Californie. Il a également critiqué le fait que les batteries proviennent de Chine.