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Le Portugal n'accordera plus d'exonération fiscale aux retraités étrangers

Une maison au Portugal (image d'illustration). [Keystone - Fabio Mestrinho]
Le Portugal ne sera plus le paradis des retraités étrangers / La Matinale / 1 min. / le 5 octobre 2023
Le gouvernement portugais a annoncé lundi soir que le pays cessera d'accorder une exonération fiscale aux retraités étrangers dès janvier 2024. Cette politique instaurée en 2009 est accusée d'aggraver la crise du logement.

Entre 2009 et 2020, les retraités étrangers venus s'installer au Portugal ne payaient aucun impôt sur le revenu. Cette politique mise en place dans la foulée de la crise européenne de la dette visait à attirer des capitaux étrangers. La loi a évolué en 2020 avec l'introduction d'un taux d'imposition de 10%, qui reste largement avantageux dans un pays où les impôts sont parmi les plus élevés d'Europe.

>> Lire à ce sujet : Le Portugal met fin aux exonérations fiscales pour retraités étrangers

Ces dernières années, cette politique a ainsi attiré des milliers de retraités étrangers au Portugal, ce qui a eu pour effet, entre autres, de relancer le marché immobilier, en particulier dans la région de Lisbonne ou dans les stations balnéaires de l'Algarve (sud). Si bien que, désormais, ces incitations fiscales sont accusées par le gouvernement de favoriser l'explosion des prix de l'immobilier au Portugal.

Crise du logement

Dès 2024, les nouveaux arrivants dans le pays n'auront donc plus droit à aucun privilège. Les avantages fiscaux pour les étrangers actifs dans des métiers considérés à "forte valeur ajoutée", comme les médecins ou les architectes, seront également supprimés.

Pour le gouvernement, ces mesures ne sont plus justifiées. "Maintenir une telle mesure à l'avenir reviendrait à prolonger une injustice fiscale", a expliqué lundi le Premier ministre socialiste António Costa à la télévision.

Entre 2012 et 2021, le coût du logement a progressé de 78% au Portugal, contre 35% dans l'ensemble de l'Union européenne, selon une étude de la Fondation portugaise Francisco Manuel dos Santos. Au deuxième trimestre 2023, le loyer médian a encore bondi de 11%, selon des données officielles.

Face à une colère qui monte dans la population, en pleine crise du logement, le gouvernement a donc pris cette décision drastique. Reste désormais à voir si elle aura des conséquences directes sur l'économie.

Olivier Bonamici/jop avec ats

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Plusieurs mesures pour le logement

Dans le contexte de la crise du logement, des milliers de Portugaises et de Portugais sont descendus samedi dans les rues de Lisbonne et d'une vingtaine d'autres villes du pays pour réclamer une action plus ferme de la part du gouvernement.

L'exécutif a récemment adopté un train de mesures visant à freiner les prix de l'immobilier qui prévoit notamment la fin des "visas dorés" ou la location obligatoire d'appartements vacants depuis plus de deux ans dans les régions les plus peuplées.

Par ailleurs, pour venir en aide à près d'un million de familles, le gouvernement a décidé la semaine dernière de permettre aux emprunteurs de bénéficier d'un taux réduit pendant deux ans.

Les Suisses aussi s'exilent pour une vie moins chère

Une thèse publiée mercredi par l'Université de Neuchâtel s'est penchée sur les retraités qui quittent la Suisse pour s'établir en Espagne. Son autrice Livia Tomas a mené des entretiens avec 55 personnes âgées de 64 à 89 ans et de diverses nationalités. Et sur cette base, elle souligne que le motif financier est l'un des facteurs décisif, que ce soit pour préserver un train de vie aisé, ou simplement pour pouvoir joindre les deux bouts.

"Il y a des personnes qui ont quitté la Suisse parce que, pour elles, ce n'était tout simplement pas possible de vivre en Suisse avec leurs moyens", explique-t-elle jeudi dans La Matinale.

Le travail souligne aussi le phénomène de la "bi-localité", soit des personnes qui conservent leur domicile en Suisse tout en séjournant au moins trois mois par année à l'étranger. "Normalement, ce sont des personnes plus privilégiées, parce qu'une stratégie bi-loclae, ça veut dire qu'il y a des propriétés dans les deux pays", explique Livia Tomas.

>> Écouter :

Le logo de l'Université de Neuchâtel (UniNE). [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]KEYSTONE - Jean-Christophe Bott
Une thèse publiée par l'UNINE se penche sur les raisons qui poussent les Suisses à prendre leur retraite en Espagne / La Matinale / 1 min. / le 5 octobre 2023