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Les trois voitures les plus vendues en Suisse, radiographie d'un marché en pleine transition

fokus : très chères voitures
fokus : très chères voitures / basik / 11 min. / le 4 septembre 2023
En 2022, on comptait en Suisse près de 4,8 millions de voitures en circulation, selon l'Office fédéral de la statistique. L'émission Basik s'est intéressée aux trois modèles neufs les plus vendus l'an dernier: une voiture 100% électrique, un SUV et un break diesel. Des modèles qui reflètent les envies des consommateurs et les changements opérés dans le secteur automobile.

Pour certains, elle est synonyme de liberté, de puissance ou même d'un statut social. Pour d'autres, elle symbolise la pollution, les embouteillages à n'en plus finir et des prises de tête au quotidien. Une chose est sûre, l'automobile reste très prisée par la population suisse et a pris une place importante sur nos routes.

En l'espace de 40 ans, le nombre de voitures de tourisme a plus que doublé. Elles étaient près de 2,25 millions en 1980. Aujourd'hui, ce chiffre avoisine les 4,8 millions, d'après les données de l'Office fédéral de la statistique. Une augmentation à corréler avec la hausse démographique.

En 2022, le marché de l'automobile a repris des couleurs, après une phase morose durant la pandémie. Sur le top du podium des voitures neuves les plus demandées l'année dernière figure la Tesla modèle Y, un modèle 100% électrique coûtant environ 55'000 francs. La Volkswagen Tiguan et la Skoda Octavia viennent ensuite.

Une infrastructure insuffisante

Paradoxalement, les véhicules électriques ne représentent à l'heure actuelle que 2,3% du parc automobile en Suisse. Un pourcentage qui va augmenter progressivement, si l'on se base sur les données des nouvelles immatriculations: l'année dernière, les voitures 100% électriques représentaient 17,3% de ces nouvelles immatriculations à l’échelle nationale. A ce rythme, les experts estiment qu'en 2030, elles constitueront 30% du parc automobile.

Le TCS n'hésite pas à promouvoir ce type de propulsion auprès de ses membres et du grand public. Selon un sondage mené par l'organisation, une bonne partie de la population adhère à une transition vers l'électrique, mais de nombreux freins subsistent, souligne Massimo Gonnella, porte-parole du TCS: "D’abord, le prix d'achat reste encore très élevé par rapport aux voitures thermiques. Ensuite, la crise énergétique que l'on traverse inquiète les gens. Enfin, troisième facteur très important, la situation de l'infrastructure en Suisse est malheureusement en retard".

Actuellement, on compte environ 10'000 stations de recharges publiques sur l'ensemble du territoire. Il en faudra huit fois plus d'ici 2035. Mais ce sont surtout les bornes à domicile qui manquent: la Suisse doit en construire deux millions en l'espace de 12 ans. Le Conseil fédéral prévoit de subventionner leur installation, grâce à une enveloppe de 30 millions de francs par année durant 6 ans. Un montant qui reste insuffisant, selon le TCS. Il faudrait tripler cette somme, soit 90 millions de francs par année.

Quel avenir pour les garagistes traditionnels?

L'arrivée de l'automobile électrique touche directement certains métiers, à commencer par celui de garagiste. Florian Vetsch possède un garage, depuis 60 ans dans la région genevoise. Il aime bichonner de vieux modèles avec des moteurs thermiques qui vrombissent.

Dans son atelier, il voit passer des modèles très récents: "J'ai quelques clients qui ont des voitures hybrides, qui sont moitié électriques, moitié à carburant. On s'occupe du carburant, des freins, des lumières, des pneus, mais tout ce qui est électrique, on ne touche pas". Selon ce professionnel, manipuler les moteurs électriques, c'est mettre la vie des mécaniciens en danger à cause des forts voltages. Il préfère rediriger les clients vers les agences de marques, qui disposent désormais de mécaniciens spécialisés en électricité.

Les experts automobiles estiment que l'activité traditionnelle des garagistes va diminuer de 30 à 40% ces prochaines décennies. Et la récente annonce de l'Union européenne d'interdire à la vente les voitures neuves à combustion dès 2035 ne fait que renforcer cette tendance. Une décision qui va forcément avoir un impact sur le marché helvétique.

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Le succès des SUV

L'autre tendance observée en se basant sur les modèles les plus vendus est la généralisation des SUV sur nos routes. Selon les données de l'association des importateurs d'automobiles auto-suisse, 51,5% des nouvelles voitures vendues en 2022 étaient un "sport utility vehicle" (véhicule utilitaire sport en français).

Chez le concessionnaire AMAG, tous les jours ou presque, des clients viennent récupérer leur SUV, bien souvent après plusieurs semaines d'attente. Le modèle qui se vend le mieux est le Tiguan, du constructeur allemand Volkswagen, confirme Raphaël Noblecourt, chef de marque chez AMAG au Petit-Lancy (GE): "Aujourd'hui, le Tiguan est un produit qui pèse entre 20 et 25% de nos volumes de vente. Auparavant, c'était la Golf qui faisait ces volumes-là. Le Tiguan est le deuxième modèle le plus vendu, juste après la Polo".

Le succès des SUV est une aubaine pour les constructeurs, car une fabrication optimisée leur permet de dégager d'importantes marges. En revanche, ces modèles sont aujourd'hui la cible de nombreuses critiques, notamment pour leurs émissions de CO2 et la place qu'ils occupent en ville.

Selon Vincent Kaufmann, professeur en mobilité à l'EPFL, la voiture reste fortement dominante en Suisse: "On constate qu'environ 65 à 70% des distances parcourues sont effectuées avec des voitures. Un taux qui va sans doute baisser légèrement. Mais la voiture reste un moyen de transport important, en particulier dans les zones de montagne, dans les zones rurales et pour les déplacements de loisirs".

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Ana Silva

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