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L'horlogerie suisse vit l'une des pires années de son histoire

Dans l'horlogerie, les exportations sont en chute de 23,5% sur les 11 premiers mois de l'année
Dans l'horlogerie, les exportations sont en chute de 23,5% sur les 11 premiers mois de l'année / 19h30 / 1 min. / le 18 décembre 2020
L'année 2020 va rester l'annus horribilis de l'horlogerie suisse. Les exportations sont en chute de 23,5% sur les 11 premiers mois de l'année. Les ventes vont retrouver le niveau d'il y a 10 ans. Seul le marché chinois échappe à la baisse.

"Du jour au lendemain, tout s'est arrêté. Nous n'avions plus aucune commande. Seulement des annulations et des reports". Pour Jean-Sébastien Bolzli, codirecteur d'Aerowatch, l'arrêt de ce printemps a été brutal. "Le marché russe, qui est important pour nous, s'est totalement effondré. Et le Moyen-Orient, pour lequel on avait de bons espoirs de développement, a été très compliqué, pour ne pas dire inexistant cette année."

Le marché suisse, le plus résistant, a permis de limiter la casse. Pour l'horloger basé à Saignelégier (JU), l'activité reprend gentiment. Mais 2020 restera très loin des records, lorsque la marque écoulait près de 20'000 montres par année.

Au total, la Suisse a vu la valeur de ses exportations horlogères reculer de 23,5% en onze mois, représentant une perte de près de 5 milliards de francs par rapport à 2019. En terme de volume, la chute a été plus brutale encore (-35,2%), soit quelque 6 millions de pièces en moins que l'an passé.

Du meilleur au pire

Fournisseur de nombreuses marques de luxe, le sous-traitant Biwi a aussi vu ses activités horlogères quasiment stoppées: "En février, nous avons eu le meilleure résultat historique de la société. En mars, le pire résultat historique. Après 40 ans d'histoire, c'est du jamais vu", souligne son directeur général Pascal Bourquard.

Ce spécialiste du caoutchouc a dû s'adapter. Le salut de la société basée à Glovelier (JU) est venu de la diversification: maroquinerie, marché de l'art ou médical ont bien mieux résisté que l'horlogerie. "Cela nous a permis de maintenir la société à flot et de pouvoir voir le futur avec un agrandissement", avance le patron.

L'espoir chinois

La baisse des exportations de 2020 s'est ralentie en fin d'année et le mois de novembre a presque atteint l'équilibre par rapport au même mois de 2019.

La lueur d'espoir en cette fin d'année vient de Chine, principal moteur de la reprise des ventes.

Mais la Chine n'est pas la seule locomotive. Pour Tissot, l'une des rares marques avec un chiffre d'affaires au-dessus du milliard de francs, les ventes en ligne ont affiché une progression spectaculaire: "Cela représente 15% du chiffre d'affaires. Si c'était un pays, à lui tout seul, le e-commerce serait le marché numéro 2 pour la marque Tissot", illustre Sylvain Dolla, directeur général de la marque locloise.

L'entrée de gamme à la peine

Les montres d'entrée de gammes (moins de 200 francs de prix d'export) sont celles qui peinent à reprendre (-27,4% des volumes en novembre). Seules les exportations de montres valant plus 3000 francs ont augmenté (+5,9% du volume).

Malgré l'accalmie en fin d'année, il reste difficile d'établir un pronostic pour l'an prochain. Marques et sous-traitants n'ont jamais été confrontés à autant d'incertitudes dans leurs affaires.

Nicolas Rossé /fme

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