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Swisscom: Jens Alder quitte son poste

Jens Alder cède sa place à Carsten Schloter à la tête du géant bleu
Jens Alder cède sa place à Carsten Schloter à la tête du géant bleu
Jens Alder, le patron de Swisscom depuis six ans, quitte la tête du groupe, a annoncé l'opérateur vendredi matin. Il est remplacé avec effet immédiat par Carsten Schloter, ancien directeur de Swisscom Mobile.

Son départ, qui s'est fait de plein gré selon le géant bleu, intervient après la décision du Conseil fédéral de freiner l'expansion de l'opérateur à l'étranger. Il touchera une indemnité de départ de 1,54 million de francs.

La nouvelle stratégie de l'entreprise, en cours d'élaboration,
devrait être mise en oeuvre par son successeur Carsten Schloter.
L'Allemand de 43 ans est entré chez Swisscom en 2000 et était
jusqu'ici également membre de la direction du groupe.



Les analystes ont favorablement accueilli la nouvelle. Après un
début de séance en repli, le titre de l'opérateur a pris 1,3% à
11h15 à la Bourse suisse, alors que l'indice des valeurs vedettes
Swiss Market Index (SMI) gagnait 0,25 %.

La démission de Jens Alder, âgé de 48 ans, avait déjà fait
l'objet de spéculations le 23 novembre dernier après les prises de
position du Conseil fédéral concernant l'opérateur. Le gouvernement
avait alors fait capoter les projets de reprise de l'opérateur
irlandais Eircom en limitant la stratégie d'expansion à l'étranger
et en annonçant la privatisation à venir de Swisscom.

Les paradoxes de Swisscom

Le patron démissionnaire de Swisscom laisse derrière lui une
entreprise très rentable, sans aucune dette, mais également sans
plus aucune perspective de développement. Son marché domestique, où
elle est encore archi-dominante et dans lequel la Confédération va
désormais la brider jusqu'à sa privatisation, est en effet saturé.
Les prix du téléphone ne peuvent que continuer à baisser.

Nombreux emplois à la trappe

Afin de garantir sa rentabilité, Jens Alder n'a pas hésité à
faire subir de multiples cures d'amaigrissement à son entreprise.
Les effectifs sont passés de 20'400 équivalents plein temps en 1999
à 15'660 à la fin 2004. Les suppressions d'emplois sont d'ailleurs
amenées à se poursuivre.



Très médiatique, le patron de Swisscom a également connu de
nombreux démêlés avec la Comco, dont il n'a jamais craint les
foudres , même s'il a reconnu une fois se sentir «harcelé». Cette
instance a ouvert pas moins de dix enquêtes (certaines sont encore
en cours) contre le groupe ces cinq dernières années.

En contradiction avec le Conseil fédéral

L'ex-homme fort de Swisscom affirme depuis longtemps que la
seule possibilité de se développer consiste à s'étendre à
l'étranger. Une fois sous toit la cession à perte (3,3 milliards de
francs engloutis) du canard boîteux allemand Debitel, acquis en
1999 sous l'ère de son prédécesseur Tony Reis, il est parti à la
recherche de cibles d'envergure.



Telekom Austria lui a échappé l'an dernier, pour des motifs
politiques. Puis Cesky Telekom, au printemps 2005, en raison d'une
offre légèrement insuffisante.



Fin novembre, le premier opérateur téléphonique de Suisse
négociait parallèlement le rachat de l'irlandais Eircom - il était
à deux doigts de signer - et du danois TDC. Mais Berne a mis son
veto aux ambitions d'expansion de Jens Alder.



ats/sj

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Portrait du patron sortant

Natif de Horgen, dans le canton de Zurich, Jens Alder est ingénieur en électricité de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et détenteur d'un MBA de l'Insead de Fontainebleau.

Il a ensuite travaillé pour l'équipementier Alcatel Suisse, avant de bifurquer chez Motor Columbus, puis de revenir chez Alcatel, où il est devenu directeur en 1996.

Jens Alder est entré chez Swisscom en 1998, prenant la direction des divisions «network services» (services de réseaux) et «wholesale» (ventes en gros).

En décembre 1999, il reprenait le flambeau laissé par Tony Reis.

Côté salaire, il a touché 1,4 million de francs en 2004 (rémunération en options comprises), soit 100'000 francs de moins qu'une année plus tôt.

Cela correspond à plus de trois fois le revenu annuel d'un Conseiller fédéral.

Un Allemand à la tête du géant bleu

- Carsten Schloter, le remplaçant de Jens Alder à la tête du géant bleu, est entré au service de Swisscom en 2000 et s'occupait jusqu'ici de Swisscom Mobile.

- Sous sa direction, la division Mobile a doublé le nombre de ses clients (plus de 4 millions). Cet Allemand de 43 ans avait auparavant travaillé pour Mercedes et debitel en France et en Allemagne.

- Ce polyglotte (allemand, français et anglais) a fait ses études à Paris. Economiste d'entreprise et informaticien de formation, Carsten Schloter est présenté comme un spécialiste du secteur des télécommunications et de l'informatique.