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WEF: les valeurs du capitalisme en question

L'ex-premier ministre britannique a fustigé la seule maximisation du profit.
L'ex-premier ministre britannique a fustigé la seule maximisation du profit.
Pour Tony Blair, la crise actuelle oblige à s'interroger sur les valeurs. Il faut défendre des intérêts plus globaux, et pas seulement le profit, a dit l'ex-premier ministre britannique au WEF. Egalement présent à Davos, Bill Clinton a lui estimé qu'"il y a le feu au lac".

«La meilleure conception de la libre entreprise est celle qui
est au profit de tout le monde, au service de la société, et pas
axée sur la seule maximisation du profit», a souligné Tony Blair au
cours d'un débat sur les valeurs éthiques et morales dans le
capitalisme. Le principe de la libre entreprise n'a pas échoué,
c'est le système financier qui a échoué, a-t-il ajouté.

Selon le travailliste, il faut réviser le concept de la libre
entreprise et se doter d'institutions qui reprennent les valeurs
communes partagées, en se basant notamment sur la justice. «On peut
ainsi évoluer vers un monde non seulement plus prospère, mais aussi
plus juste». Tony Blair s'est dit persuadé que «nous pourrons
mettre en place des régulations permettant d'éviter une telle
crise».

Shimon Peres : "Ford meilleur que Lénine"

Le président israélien Shimon Peres a comparé les systèmes
économiques, relevant que chacun a des atouts et des phases
finales. Le communisme a préféré l'égalité à la liberté, mais il a
débouché sur une sorte d'esclavagisme plutôt que sur la liberté.
«Henri Ford s'est mieux débrouillé que Lénine, car il a fait de ses
employés des clients, et non des sujets», a lancé Shimon
Peres.



Dans le système capitaliste, on a aussi exagéré car on a voulu
avancer trop vite et laisser trop faire l'initiative privée, estime
le président israélien. «Nous avons exagéré dans la recherche du
profit, un profit qui était d'ailleurs parfois imaginaire, ce qui a
débouché sur un échec. Cela n'a rien à voir avec le concept, mais
avec son application».

Un banquier à Davos

Le banquier Stephen Green, président
de HSBC, participait aussi à cette discussion. «Un des rares
banquiers qui a eu le courage d'affronter Davos !», a relevé
malicieusement Tony Blair. Stephen Green a lui aussi reconnu le
dérapage survenu dans le système.



«On a glissé vers une attitude où dès qu'il y avait une
transaction à effectuer, on pouvait foncer, sans se poser la
question de ce qui est bien ou mal», analyse Stephen Green. Selon
lui, il faut certes revoir les règles qui régissent les banques et
les marchés, mais il n'y a pas de règle qui puisse rendre
obligatoire un bon comportement et résoudre tous les
problèmes.



Contrairement aux ONG par exemple, les entreprises doivent faire
du profit, mais il doit être durable. «Nous avons une
responsabilité sociale», a dit le banquier britannique. Et toujours
au chapitre de l'auto-critique, il estime que c'est un bon moment
pour se pencher sur les rémunérations excessives de ces dernières
années et corriger certaines erreurs.

Défense du capitalisme

«Le pire que nous puissions faire serait de remettre en question
l'existence même du capitalisme», a lancé Indra Nooyi, présidente
et directrice de l'entreprise américaine de boissons et
d'alimentation PepsiCo. Elle a insisté sur son rôle de moteur et
sur l'importance de la concurrence. «La mort du capitalisme serait
la fin de tout progrès dans notre société».



Malgré ce cri du coeur, la dirigeante a tout de même adopté une
attitude non dénuée de critique. Quand la concurrence est entravée
par un manque de transparence, la conséquence est l'appât du gain,
a-t-elle ainsi dénoncé.

Théologie

Le théologien Jim Wallis a insisté pour sa part sur la notion de
bien commun, qui n'a pas souvent guidé les décisions économiques.
«On se demande quand la crise va se terminer, mais ce n'est pas la
bonne question. Il faut plutôt se demander comment elle va nous
changer, nous transformer dans la manière de faire des
affaires».



Pour Jim Wallis, la crise est aussi spirituelle. Et si elle ne
nous transforme pas en nous permettant de remettre en avant le bien
commun, toutes les souffrances et les misères qu'elle va engendrer
seront vaines.



ats/ant

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Bill Clinton: "Il y a le feu au lac"

L'ex-président des Etats-Unis Bill Clinton a tressé jeudi des louanges à l'équipe économique du nouveau président Barack Obama, qu'il a qualifiée d'»excellente», au Forum mondial de Davos. Il lui fait confiance pour remédier à la crise actuelle.

Le problème pour le président Obama, c'est que les investissements les plus profitables à long terme pour les Etats Unis - dans les infrastructures et l'énergie notamment - ne sont pas ceux qui seront les plus rentables à court terme, a fait observer Bill Clinton, un habitué de Davos, s'entretenait avec Klaus Schwab, le président et fondateur du World Economic Forum (WEF).

«Il y a le feu au lac comme on dit en Suisse», a-t-il plaisanté, soulignant qu'il est urgent d'agir de manière énergique. Et d'ajouter: «N'oublions pas que la nouvelle équipe vient d'arriver. Elle fait déjà un excellent travail».

Livrant son analyse de la crise, le démocrate a reconnu que tout a commencé aux Etats-Unis. Il a mis en cause les «subprimes», la consommation excessive, l'endettement trop élevé, des analyses des risques trop lâches et des réglementations trop médiocres.

Après avoir surpassé la crise, il faudra revenir aux anciennes manières de gagner de l'argent, à un système financier plus traditionnel, a prôné l'ancien locataire de la Maison Blanche (1993 2001). Pour s'en sortir, il faut le soutien de la Chine et des pays qui ont beaucoup de liquidités, a-t-il aussi noté.

La police fait enlever un drapeau tibétain dans une vitrine

Rien ne doit rappeler le Tibet au premier ministre chinois lors de son passage à Davos.

La police cantonale des Grisons a fait enlever un drapeau tibétain dans la vitrine d'un magasin de souvenirs. La police s'est présentée mercredi avant l'ouverture du magasin. Elle a exigé que tous les livres du Dalaï Lama, les ouvrages tibétains et le drapeau du Tibet soient retirés de la vitrine, a indiqué la commerçante Margrit Merz à la radio et à la télévision alémaniques.

La police a prévenu la commerçante que le matériel serait saisi si elle n'exécutait pas les ordres. Après discussion, elle a obtenu de pouvoir laisser les livres en vitrine, mais le drapeau doit rester caché. Il n'y a aucune base juridique pour une telle intervention de la police, estime Catherine Weber, directrice des Juristes démocrates de Suisse (JDS). L'action policière a été «totalement excessive», a-t-elle encore indiqué.

André Krake, porte-parole du gouvernement des Grisons pour le WEF, a rappelé que l'exécutif de Davos a autorisé une manifestation de Tibétains mercredi. Le rassemblement s'est déroulé dans le calme, près de la gare, loin du centre des congrès où le premier ministre chinois Wen Jianao prenait la parole.

Par ailleurs, des militants de Greenpeace et de la Déclaration de Berne (DdB) ont réalisé une action surprise jeudi matin près de Klosters (GR). Ils ont suspendu une banderole géante le long d'un pont. Leur message s'adressait à Barack Obama.

A travers le slogan «Regulate Corporations Now», le nouveau président américain était appelé à contrôler plus sévèrement les grandes multinationales.