Publié

L'enquête sur le drame du Vatican en 1998 bientôt rouverte?

Zone d'ombre Vatican 1998
Deux des protagonistes du drame du Vatican en mai 1998: le commandant Aloïs Estermann (à g.) et Cédric Tornay.
L'avocat de la mère de Cédric Tornay, le garde suisse du Vatican qui avait tué son commandant et son épouse avant de se donner la mort à Rome en mai 1998, s'adresse au pape Benoît XVI pour qu'il rouvre l'enquête. Il estime que le dossier a été "classé à la va-vite, au terme d'une enquête baclée".

Plus de 13 ans après les faits tragiques qui ont endeuillé la Garde suisse du Vatican, l'enquête rebondit. Dans une lettre de quatre pages (lire le document) dont l'émission Zone d'ombre de la TSR a obtenu copie et adressée au pape Benoît XVI, l'avocat de Muguette Baudat - la mère de Cédric Tornay, le garde qui avait tué son commandant Aloïs Estermann et son épouse Gladys avant de se suicider - dénonce une nouvelle fois les manquements de l'instruction diligentée par les "experts qui n'en sont pas" du Saint-Siège en 1998.

"Balisticiens du dimanche"

Après avoir interpellé en avril 2002 sans le moindre effet le pape Jean Paul II, en poste au Vatican à l'époque des faits, Me Luc Brossollet revient à la charge auprès de son successeur à Rome, Benoît XVI. Avec une demande, rouvrir l'instruction de ce dossier pour "mettre fin à l'injustice subie par Muguette Baudat" et lui permettre de connaître enfin la vérité sur la mort de son fils. L'avocat français pointe dans sa missive les multiples lacunes qui ont à son sens émaillé "la comédie d'une pseudo instruction" diligentée par les enquêteurs et les "balisticiens du dimanche" du Vatican, suspectés du plus grand amateurisme.

Le Saint-Siège, "Etat voyou"?

Me Luc Brossollet repose un certain nombre de questions sur le déroulement des faits - en particulier sur le suicide de Cédric Tornay - qui ont pour lui été établis à la va-vite et jamais remis en question, malgré ses sollicitations. Pour l'homme de loi, "la thèse officielle, la reconstitution de la scène de la mort de Cédric, est fausse, définitivement fausse". Et de menacer le Saint-Siège "de se ranger aux côtés des Etats voyous, indifférents aux droits et aux malheurs d'autrui" si la demande légitime d'une mère de connaître la vérité sur la mort de son fils n'était pas satisfaite.

gax

Publié

Le rappel des faits

- 4 mai 1998: Le nouveau commandant de la Garde pontificale, Aloïs Estermann, son épouse, et le vice-caporal Cédric Tornay sont retrouvés morts dans le quartier suisse au Vatican. Ils ont été tués par balle.
Rapidement, un coupable est désigné par le Saint-Siège: Cédric Tornay, qui aurait assassiné le couple avant de se suicider.

- 6 février 1999: La justice vaticane conclut son enquête. Elle estime que la théorie élaborée immédiatement après le drame, un double meurtre et un suicide, est la bonne. Cédric Tornay aurait agi sous le coup de la frustration, parce que son chef lui refusait une décoration. Une tumeur au cerveau aurait contribué à son passage à l'acte.

- 11 avril 2002: S'appuyant sur les conclusions de l'autopsie du corps de Cédric Tornay, les avocats de sa famille demande la réouverture de l'enquête. Ils sont persuadés que l'ex vice-caporal a été assasiné.

- 18 mai 2002: Le Vatican annonce qu'il ne rouvrira pas l'enquête.

- Novembre 2008: La justice suisse est saisie par la mère de Cédric Tornay, qui dépose une plainte pour meurtre. Quelques semaines plus tard, le parquet genevois classe l'affaire.