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Huit pays demandent un débat sur le Xinjiang à l'ONU

Des délégués assistent à la journée d'ouverture de la 50e session du Conseil des droits de l'Homme, au siège européen des Nations Unies à Genève, lundi 13 juin 2022. [KEYSTONE - Valentin Flauraud]
Des délégués assistent à la journée d'ouverture de la 50e session du Conseil des droits de l'Homme, au siège européen des Nations Unies à Genève, lundi 13 juin 2022. - [KEYSTONE - Valentin Flauraud]
Un groupe de huit pays, dont les Etats-Unis, demande un débat en 2023 au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève sur la situation au Xinjiang. Il a déposé lundi un projet de décision devant l'instance onusienne.

Selon le projet de texte, ces huit Etats souhaitent une discussion lors de la session de mars prochain, après le rapport récent du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Celui-ci avait conclu à de possibles crimes contre l'humanité.

>> Relire : Le rapport de l'ONU sur le Xinjiang évoque des crimes contre l'humanité

Dans un Conseil des droits de l'homme plus polarisé que jamais, les incertitudes subsistaient sur le lancement d'un projet de résolution ou de décision sur le Xinjiang. Certains doutaient de la possibilité d'obtenir une majorité face à la pression importante menée par la Chine. L'initiative de lundi laisse penser qu'une majorité pourrait se dégager pour aborder cette situation, mais dans quelques mois seulement.

Une délégation chinoise à Genève

Outre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et plusieurs pays nordiques portent ce projet de décision qui sera discuté dans une dizaine de jours. Depuis le début de la réunion au Conseil il y a deux semaines, la Chine a multiplié les mises en garde contre une telle action à son encontre à l'ONU, alors que la Suisse s'était dite favorable à un suivi du rapport du Haut-Commissariat.

Pékin avait dès le début activé une vingtaine d'alliés pour montrer son opposition. Jeudi dernier, le gouvernement avait fait venir une délégation d'une Xinjiang pour "rétablir la vérité" sur la situation en termes de droits humains, lors d'une conférence de presse de plus de deux heures, dont presque la totalité était des discours. L'un de ces responsables a à nouveau affirmé lundi devant l'instance onusienne l'"égalité" entre toutes les communautés dans la région.

>> Ecouter le sujet de Tout un monde sur la contre-offensive de Pékin concernant le Xinjiang :

Un camp de détention dans le Xinjiang en Chine. [AP Photo/Keystone - Mark Schiefelbein]AP Photo/Keystone - Mark Schiefelbein
Pékin lance sa contre-offensive concernant le Xinjiang au Conseil des droits de l'Homme / Tout un monde / 4 min. / le 23 septembre 2022

>> Lire aussi : Pékin lance sa contre-offensive sur le Xinjiang au Conseil des droits de l'Homme

Des divergences au sein du Conseil

Le même jour, les fronts se sont à nouveau affrontés. Dans une déclaration conjointe lue par le Pakistan, près de 70 pays ont dénoncé une "politisation" du Conseil, notamment sur la question du Xinjiang. De nombreux pays occidentaux ont condamné au contraire les violations des droits humains dans le territoire chinois. Les Etats-Unis ont répété leur accusation de "génocide".

Parmi ses reproches, la Chine dénonce le rapport comme une initiative du Haut-Commissariat sans mandat du Conseil. Et selon elle, celui-ci multiplie les "erreurs" et les "mensonges" et montre une "instrumentalisation par les pays occidentaux".

Le rapport parle de possibles crimes contre l'humanité perpétrés contre les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes, dont plus d'un million au moins seraient retenus dans des camps d'internement. Selon l'ONU, les accusations de torture, de soins contraints, de violences sexuelles dans les centres de détention ou encore de contrôle forcé des naissances "semblent crédibles". Le Haut-Commissariat estime que ces violations sont largement répandues. La Chine affirme, elle, lutter contre le terrorisme.

ats/iar

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