Publié

Plus de 40 morts et un mécontentement qui ne faiblit pas en Colombie

Les Colombiens de toutes classes sociales et de tout âge s'opposent au gouvernement conservateur du président Ivan Duque.
Les Colombiens de toutes classes sociales et de tout âge s'opposent au gouvernement conservateur du président Ivan Duque. / 19h30 / 2 min. / le 13 mai 2021
En Colombie, les manifestations contre le gouvernement conservateur du président Ivan Duque ne faiblissent pas, malgré la répression. Les violences policières qui semblent hors de contrôle et un bilan toujours plus lourd, 40 morts à ce jour, cristallisent désormais les mécontentements.

Mercredi, d’importantes manifestations ont encore été organisées partout dans le pays. Cela fait plus de deux semaines que les Colombiennes et Colombiens de toutes classes sociales et de tout âge s'opposent au gouvernement en place.

Les protestataires dénoncent une situation d'extrême inégalité dans le pays, dont l'économie s'est encore détériorée avec la pandémie, qui a fait près de 79'000 morts. La Colombie est désormais confrontée à une recrudescence de la violence des groupes armés financés par le narcotrafic.

"En disant légitimement que ce n'est pas juste, tout ce que nous avons reçu de la part de l'Etat, c'est de la violence", a confié un manifestant à l'afp. "On a accumulé beaucoup trop de choses. On a pris conscience qu’il y avait beaucoup trop de morts, trop d’injustices que nous avons vécues durant de nombreuses années. Et maintenant les gens n’en peuvent plus", a ajouté un autre jeudi dans le 19h30.

Plus de 40 morts et 1000 blessés

Les affrontements qui ont marqué certaines des manifestations depuis le 28 avril ont fait au moins 42 morts, dont un membre des forces de l'ordre, selon le Défenseur du peuple, une entité publique de protection des droits humains.

De son côté, le ministère de la Défense, dont relève la police en Colombie, maintient un chiffre de 849 agents blessés, dont douze par armes à feu, et 716 civils mais sans préciser le nombre de ceux par balles. Il s'agit des manifestations les plus sanglantes qu'ait jamais connues ce pays de 50 millions d'habitants.

La rue exigeait des changements de la part du gouvernement à la base, mais elle dénonce désormais surtout la répression, tout comme plusieurs ONG et la communauté internationale. Le président Ivan Duque estime lui que les forces de l'ordre ont agi en "obéissance absolue à la Constitution" et que les abus "pour comportements individuels (...) sont traduits en justice". Il a fait état de 65 actions disciplinaires contre des agents, dont huit pour homicide, onze pour agression physique, 27 pour abus d'autorité. Lundi, la police a en outre annoncé la suspension de cinq de ses membres.

Mais les manifestants exigent davantage. "Nous espérons d'abord des excuses pour tous les camarades qui sont tombés, pour nous qui sommes dans la rue, pour toutes ces familles dont le droit à manifester, le droit à la vie a été violé", a ainsi souligné un étudiant de 22 ans.

Rencontre entre le président et des jeunes

Le président de droite Ivan Duque a aussi rencontré mercredi des représentants des jeunes, qui sont en première ligne de la protestation, après avoir promis pour les plus modestes la gratuité des frais d'inscription à l'entrée dans les universités publiques.

"Je vais mettre toute mon énergie, toute ma capacité et toute l'équipe gouvernementale pour que ce processus (de négociation) se passe bien", a déclaré le président lors de cette rencontre avec des étudiants à Bogota.

Le chef de l'Etat, dont le mandat se termine l'an prochain, a provoqué la colère populaire avec un projet de réforme fiscale, prévoyant une hausse de la TVA et un élargissement de la base de l'impôt sur le revenu. Il avait déjà été confronté à d'autres mobilisations massives en 2019 et 2020. Il a fini par retirer son texte le 2 mai.

Signe de la tension actuelle, la ministre des Affaires étrangères Claudia Blum a présenté sa démission jeudi, sans donner la raison de son départ. C'est le second ministre qui rend son tablier depuis le début de la crise, le 28 avril, après le ministre des Finances Alberto Carrasquilla, à l'origine du projet de loi d'augmentation de la TVA.

>> L'interview dans Forum de Mathilde Allain, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine à l’Université Sorbonne Nouvelle :

La Colombie fait face à des manifestations violentes contre une réforme fiscale (vidéo)
La Colombie fait face à des manifestations violentes contre une réforme fiscale (vidéo) / Forum / 3 min. / le 4 mai 2021

boi avec afp

Publié