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France: premier décès lié aux violences urbaines

Nicole Le Chenadec, la veuve du sexagénaire décédé après les violences à Stains (nord de Paris).
Nicole Le Chenadec, la veuve du sexagénaire décédé après les violences à Stains (nord de Paris).
Les violences urbaines en France ont atteint un degré inégalé et pris un tour dramatique avec l'annonce du premier décès d'une crise qui semble hors de contrôle.

Un homme de 60 ans agressé vendredi lors des violences à Stains (Seine-Saint-Denis), est mort lundi à l'hôpital Jean-Verdier de Bondy, a-t-on appris auprès de l'établissement. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a reçu dans la matinée place Beauvau l'épouse de la victime, Nicole, et un voisin qui se trouvait à ses côtés lors de l'agression et avait également été frappé.


Selon les enquêteurs, un jeune homme a donné un coup violent à Jean-Jacques Le Chenadec qui se trouvait vendredi soir au pied de son immeuble, boulevard Maxime-Gorki à Stains. La victime était tombée à terre et avait sombré dans le coma.


Une autopsie devrait être pratiquée prochainement pour déterminer les causes exactes de la mort.


Violences inégalées


Au total, 1'408 véhicules ont été incendiés et 395 personnes interpellées en France dans la nuit de dimanche à lundi lors des émeutes dans les banlieues, selon les chiffres définitifs de la police. C'est le bilan le plus lourd en onze nuits de violences. Ces dernières continuent de se propager - tout particulièrement en province, désormais.


L'onde de choc a gagné la province


Au cours d'une conférence de presse au ministère de l'Intérieur, le directeur général de la police nationale (DGPN) Michel Gaudin a précisé que la région parisienne avec 426 véhicules incendiés, dont 18 à Paris (741 la nuit précédente, dont 36 à Paris) a été moins touchée que la province où 982 véhicules ont été brûlés (554 la nuit précédente). "La vague et l'onde de choc" de la région parisienne a gagné la province, a commenté Michel Gaudin.


Les villes les plus touchées en province, a souligné le DGPN, sont Marseille (sud), Saint-Etienne (sud-est), Toulouse (sud-ouest) et Lille (Nord). Michel Gaudin a affirmé que les émeutiers ont fait preuve de "volonté anti-institutionnelle", précisant que trois écoles, deux mairies annexes et trois postes de police ont été détruits ou fortement endommagés par le feu.


Nombreux policiers et pompiers blessés


Au cours de cette onzième nuit d'émeutes, 36 policiers ont été blessés, ainsi que 5 sapeurs-pompiers, portant le nombre total de blessés, depuis le début de cette suite d'émeutes à 77 policiers et 31 sapeurs-pompiers.


Quant au nombre total de voitures brûlées, il s'établit à 4'700, tandis que dans le même temps les forces de police et de gendarmerie ont procédé à 1'220 interpellations. Michel Gaudin a souligné qu'il y avait eu de nombreuses comparutions immédiates devant des juges, avec "chaque jour des peines de prison ferme de plus en plus lourdes".


La mort accidentelle le 27 octobre à Clichy-sous-Bois, près de Paris, de deux adolescents d'origine immigrée qui se croyaient poursuivis par la police a servi de détonateur. Les violences se sont propagées dans les banlieues déshéritées où le chômage, la pauvreté, l'échec scolaire et le sentiment d'exclusion créent un mélange explosif.


RSR/agences

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Déclarations

Le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a reconnu lundi que la situation était "très difficile" mais que la priorité restait "le rétablissement de l'autorité publique" face aux violences urbaines.
L'ancien Premier-ministre socialiste Lionel Jospin a affirmé que le gouvernement est "tombé dans le pire des pièges" en se mettant en situation de "défi", de "confrontation" et de "provocation".
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a estimé sur Europe 1 que les conséquences de la poursuite de ces violences étaient "très sérieuses" pour l'économie française, notamment dans la restauration et l'hôtellerie.