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Champ-Dollon: un rapport très critique

La mutinerie aurait-elle été initiée par des membres du personnel?
La prison de Champ-Dollon fait face à une forte surpopulation
Dans un rapport, des experts chargés d'enquêter sur la situation de la prison de Champ-Dollon estiment que la justice genevoise recourt trop souvent à la détention préventive. Ils épinglent également la violence policière.

Mandatés par le Grand Conseil, les experts avaient pour mission
de se pencher sur les doléances des détenus de la prison genevoise,
où l'ambiance est électrique en raison d'une surpopulation
chronique. Leur rapport conclut qu'il faut modifier les mentalités
au Palais de justice, qui aurait tendance à incarcérer trop
facilement.



Le nombre insuffisant de juges d'instruction entraîne des lenteurs
dans les procédures judiciaires. Le fonctionnement
«discrétionnaire» de la Chambre d'accusation est aussi mis en
cause.

Police trop violente

Concernant la police, le rapport dénonce le recours inapproprié
à la violence lors d'arrestations et d'interrogatoires. Sur 125
détenus interrogés de manière confidentielle, 38% se sont plaints
de violences policières. "C'est beaucoup trop", a déclaré le
docteur Jean-Pierre Restellini, l'un des trois spécialistes de la
détention mandatés par le bureau du parlement, après une pétition
déposée à la fin mars de l'année dernière par les détenus de
Champ-Dollon.



Leur rapport se montre critique envers les conditions
d'arrestation et de détention. Sur 125 détenus interrogés de
manière confidentielle, 38 ont allégué des violences policières,
souvent accompagnées d'insultes à caractère raciste, avant
l'arrivée à la prison. Il s'agissait avant tout de coups de poing
ou de pied infligés lors d'arrestations musclées et
d'interrogatoires agressifs, alors que les personnes étaient
menottées, les mains dans le dos.

Etat d'esprit malsain

Une personne, mineure au moment des faits, a affirmé avoir eu la
tête totalement immergée dans de l'eau de manière à la faire parler
lors d'un interrogatoire. "Les allégations recueillies auprès
d'autres personnes permettent de penser que ce cas n'est pas
unique", a souligné le docteur Jean-Pierre Restellini. Des cas de
racket ont aussi été rapportés.



L'expert préconise la présence d'un avocat dès les premières
minutes de détention pour pallier à ce genre de problèmes. La
présence de caméras pourrait aussi être une solution. Mais selon
lui, "c'est l'état d'esprit général des forces de police qui doit
être repris en main". La création d'une véritable inspection
générale des services de police apparaît incontournable.



agences/jab

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Surpopulation chronique

Conçue pour accueillir 270 détenus, la prison de Champ-Dollon est aujourd'hui confrontée à une population moyenne de 472 prisonniers. En octobre de l'année dernière, l'établissement genevois, la plus grande prison préventive du pays, a même franchi le seuil record de 504 détenus.

Genève est le canton qui affiche le taux de détenus le plus élevé. Il est de 68 détenus pour 100'000 habitants, alors que la moyenne suisse est de 25 détenus pour 100'000 habitants.

Les experts estiment qu'un simple agrandissement du parc pénitentiaire n'est pas une solution. La construction d'établissements spécialisés permettrait toutefois d'agir sur l'une des contraintes actuelles de Champ-Dollon, à savoir l'hétérogénéité de la population carcérale. Celle-ci est composée à 60% de prévenus et à 40% de personnes condamnées.