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L'entreprise d'armement Ruag voulait exporter des lance-mines au Qatar

L'entreprise suisse d'armement Ruag voulait exporter des lance-mines au Qatar. [EQ Images/Keystone - Moritz Hager]
L'entreprise d'armement Ruag voulait exporter des lance-mines au Qatar / Le 12h30 / 1 min. / le 6 septembre 2018
La version non censurée de l'audit publié lundi par le Contrôle fédéral des finances, que la télévision alémanique SRF s'est procurée, révèle que l'entreprise suisse Ruag a souhaité exporter des armes au Qatar via la Finlande.

Nouveau rebondissement dans le débat sur les exportations de matériel de guerre par la Suisse. Lundi, le Contrôle fédéral des finances (CDF) publiait un rapport accablant qui pointait notamment les contrôles insuffisants de la part de la Confédération et la proximité jugée trop grande avec l'industrie de l'armement et ses lobbyistes.

>> Lire aussi : Les exportations de matériel de guerre pas assez contrôlées, selon un audit

L'audit du CFD révélait aussi les tactiques des fabricants de matériel de guerre pour contourner les interdictions. Dans cette version officielle, plusieurs passages avaient été caviardés, dont certains exemples concrets.

Destination Qatar, via la Finlande

C'est l'un de ces passages rendus illisibles dans la version envoyée aux médias que SRF a révélé. Il donne un exemple concret des mécanismes permettant aux entreprises d'armement de jouer avec la loi.

Dans ce cas, Ruag voulait exporter des lance-mines au Qatar, en passant par la Finlande. C'est dans ce pays scandinave que les mortiers auraient été installés sur des engins blindés, afin de contourner l'interdiction d'exporter du matériel de guerre s'il représente plus de la moitié du produit fini.

Le Contrôle des finances a dénoncé la fuite, par l'intermédiaire de son directeur: "La remise d'un document confidentiel est susceptible d'être poursuivie par les autorités pénales", a rappelé à la RTS Michel Huissoud.

Bisbilles politiques

Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car ce nouvel élément relance le débat politique. Dans son audit, le CDF pointait du doigt le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), lequel délivre les autorisations d'exportations. En réaction, le SECO, lui, a parlé d'un rapport "politique".

A droite, on dénonce le timing de cette publication qui intervient pile au moment où le Conseil fédéral veut assouplir l'ordonnance sur le matériel de guerre. Le Contrôle des finances s'immiscerait ainsi dans les décisions politiques.

Mais le CDF peut aussi compter sur des "avocats" haut placés. Mardi, le président de la Confédération Alain Berset estimait sur les ondes de la RTS que la publication de ce rapport était un signe d'un "bon fonctionnement des institutions".

Alexandra Richard/rens

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Ruag renonce à une usine au Brésil

L'entreprise d'armement RUAG, en mains de la Confédération, renonce à la construction d'une usine de munitions au Brésil. Y voyant un risque pour la réputation de la Suisse, le Conseil fédéral a appelé le groupe bernois à faire marche arrière. Le gouvernement s'est exprimé en tant qu'actionnaire unique du groupe.

Dans sa réponse à une motion et une interpellation, le Conseil fédéral précise jeudi avoir déjà communiqué sa position au conseil d'administration de RUAG Holding.

En avril, seize organisations en avaient appelé au gouvernement pour que l'entreprise d'armement fasse marche arrière. Elles invoquaient le taux très élevé de criminalité au Brésil.

Le déclencheur de la mobilisation a été le meurtre de la politicienne carioca de gauche Marielle Franco le 14 mars à Rio. Elle dirigeait une commission de surveillance des engagements militaires et policiers contre la criminalité dans cette ville.