Publié

Des centaines de locaux commerciaux sont inoccupés en Suisse romande

Commerce: les surfaces vides se multiplient
Commerce: les surfaces vides se multiplient / 19h30 / 2 min. / le 1 mars 2018
Dans de nombreuses villes romandes, des centaines de milliers de mètres carrés de surfaces d'activité restent vides, parfois pendant des années. En cause, des loyers élevés et une évolution des pratiques de consommation.

En Suisse romande, seuls les cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel tiennent des statistiques précises sur le nombre de surfaces commerciales cherchant preneur. Il s'agit pour l'essentiel de bureaux, mais aussi de locaux de vente, d'ateliers, d'usines ou d'entrepôts.

Les chiffres des offices cantonaux montrent une hausse conséquente dans de nombreuses villes au cours des dernières années.

C'est en ville de Genève que la superficie de locaux commerciaux vacants est de loin la plus importante. Alors qu'elle plafonnait à environ 60'000 mètres carrés jusqu'en 2014, elle a presque doublé depuis.

A l'échelle du canton, plus de 220'000 mètres carrés de surfaces d'activités sont actuellement vacantes, soit l'équivalent de trente terrains de football. Cela correspond à plus de 800 locaux, dont près de la moitié sont des bureaux.

Le canton de Vaud comptait fin 2017 plus de 600 surfaces vides, dont 260 bureaux, plus de 150 entrepôts et presque autant de magasins.

Après une nette baisse entre 2011 et 2012, la superficie de locaux inexploités est repartie à la hausse et dépasse désormais son niveau de 2010, à près de 190'000 mètres carrés. Particulièrement concernés, les districts de Morges et de l'ouest lausannois.

Du côté du canton de Neuchâtel, les surfaces vacantes à l'échelle du canton ont baissé de 30% entre 2016 et 2017 (de 53'000 à 37'000 m2) et sont nettement inférieures à leur niveau de 2010. Cette baisse est essentiellement portée par le district de La Chaux-de-Fonds, où la superficie de locaux vides était trois fois plus élevée en 2010.

En revanche, les locaux vides se sont multipliés dans le district de Neuchâtel au cours des cinq dernières années, passant de 46 en 2012 (pour une surface de 8000 m2) à 67 en 2017 (14'000 m2).

"Loyers excessifs"

Comment expliquer que des centaines de surfaces restent inoccupées, parfois pendant plusieurs années? Pour l'élu lausannois Denis Corboz (PS), le niveau des loyers pour les locaux commerciaux est un élément de réponse.

Dans l'hypercentre lausannois, de nombreux fonds de commerce ont les stores baissés. Soucieux de redynamiser le centre-ville, le socialiste propose de taxer les propriétaires des locaux ne trouvant pas preneur qui ne se résoudraient pas à baisser les loyers.

Il s'en est expliqué dans Forum sur la Première mardi. "Cela ne va pas tout résoudre, mais c'est une proposition parmi d'autres pour essayer de réguler ce marché qui est certainement dû à des loyers excessifs".

Les villes sont confrontées à des centres aux loyers commerciaux souvent trop chers. [Keystone - Laurent Gilliéron]Keystone - Laurent Gilliéron
Débat autour d'une taxe incitative visant à réanimer le centre-ville de Lausanne / Forum / 9 min. / le 27 février 2018

Le canton de Genève fournit une statistique du montant des loyers pour des locaux commerciaux. Si les loyers au m2 sont dans l'ensemble légèrement inférieurs à leur niveau de 2010, ce n'est pas le cas spécifiquement des loyers des bureaux qui ont, eux, sensiblement augmenté.

Difficultés du commerce de détail

Toujours dans Forum mardi, Pierre-Antoine Hildbrand, municipal PLR lausannois en charge de l'Economie, a souligné qu'"il y a de nombreuses surfaces commerciales qui ne trouvent pas preneur pour d'autres motifs que la question du loyer".

Il a évoqué un changement dans les pratiques de consommation, rappelant que le commerce de détail avait été frappé de plein fouet par l'avènement du e-commerce.

Opposé à l'idée d'une taxe, le libéral-radical a encore appelé à "distinguer les situations", certaines zones n'étant tout simplement pas assez attractives selon lui pour que l'on ose y développer une activité commerciale.

"Il faudrait soit carrément utiliser ces espaces avec d'autres objectifs, soit trouver d'autres modèles économiques", a-t-il affirmé.

1500 appartements contre 400 bureaux vides

A Genève, la question est politiquement sensible au regard de la crise du logement. Le canton compte plus de 3% de bureaux inoccupés, contre 0,4% d'appartements libres.

Réaffecter les locaux commerciaux, comme le suggère Pierre-Antoine Hildbrand? Les Genevois ont tranché. Il ont accepté en juin 2015 une modification légale visant à faciliter la transformation de bureaux vacants en logements.

Théoriquement, plus de 1500 appartements de 100 m2 pourraient tenir dans les 400 bureaux actuellement inexploités dans le canton.

Pauline Turuban

Publié