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Genève veut contrer la surpopulation carcérale

L'établissement de la Brenaz devrait être agrandi pour gagner 150 places.
L'établissement de la Brenaz devrait être agrandi pour gagner 150 places.
Le Conseil d'Etat genevois a décidé d'empoigner le problème de la surpopulation carcérale qui affecte le canton. Il a présenté mardi les grandes lignes de sa politique. Celle-ci est axée autour de la création et de l'agrandissement de lieux de détention.

L'établissement de la Brenaz, qui jouxte la prison de
Champ-Dollon, sera agrandi. Il pourra accueillir 218 détenus en
2014, contre seulement 68 aujourd'hui. Il s'agira de personnes
condamnées, qui doivent purger leur peine. Cet agrandissement
permettra de donner de l'air à la prison préventive de
Champ-Dollon.

Un deuxième Champ-Dollon

Le gouvernement genevois compte également construire un
Champ-Dollon bis à côté de l'actuelle prison. Le bâtiment devrait
être terminé à l'horizon 2017 et sa taille devrait permettre
d'accueillir entre 300 et 400 détenus. Genève, d'entente avec Vaud
et Neuchâtel, va aussi créer une centaine de places pour la
détention administrative.



La politique qu'entend mener le gouvernement genevois ne consiste
pas à enfermer plus. A Genève, on compte actuellement 200 détenus
pour 100'000 habitants. Aux yeux du conseiller d'Etat Laurent
Moutinot, rien ne justifierait d'augmenter ce taux. Il s'agit
simplement de répondre à des besoins de sécurité et de dignité.
Pendant des années, Genève n'a plus construit de nouveaux lieux de
détention. Or, la situation est devenu «critique», a souligné
Laurent Moutinot. Le canton a en effet vu sa démographie croître et
a enregistré une forte progression de la délinquance itinérante,
avec pour résultat un problème récurrent de surpopulation
carcérale.

"Curabilis" pour les détenus dangereux

Dans le cadre de sa politique pénitentiaire, le gouvernement
genevois a également décidé de donner un coup d'accélérateur à la
réalisation du projet Curabilis. Cet établissement, situé à
proximité immédiate de Champ-Dollon, devra accueillir les détenus
dangereux de la Suisse romande, condamnés à l'internement.



Le chantier Curabilis va démarrer le 3 novembre prochain, a fait
savoir le conseiller d'Etat Mark Muller, responsable du Département
des constructions. Le bâtiment, comprenant 92 places de détention,
devrait être opérationnel en 2012. Son ouverture permettra aussi de
décharger l'actuelle prison de Champ-Dollon.

Répondre à l'insécurité

Laurent Moutinot a admis que les options prises par le Conseil
d'Etat ont tenu compte du changement de climat en matière de
sécurité publique à Genève. Aujourd'hui, il existe une demande pour
investir dans la politique pénitentiaire, alors qu'il y a quelques
années, ce domaine n'était pas considéré comme prioritaire.



Le conseiller d'Etat a toutefois tenu à souligner que le taux de
remplissage des prisons ne dépendait pas uniquement du
gouvernement. «Nous n'avons pas d'influence sur la politique
criminelle, ni sur l'usage fait par la justice de la détention
préventive», a rappelé Laurent Moutinot.



ats/ato

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Facteurs d'augmentation carcérale

La population carcérale est sans cesse en augmentation. Parmi les facteurs d'accroissement, la croissance démographique mais aussi l'ouverture des frontières aurait aussi joué un rôle, les douaniers ne jouant plus leur rôle de "filtre".

A Genève, c'est surtout la sévérité des juges qui est mise en cause et de façon plus générale, la propension à vouloir punir sévèrement. Des chauffards viennent par exemple passer quelques nuits en prison, ce qui n'était pas le cas auparavant.

Champ-Dollon en surpopulation chronique

Le cas de la prison de Champ-Dollon est certainement un élément déclencheur de la nouvelle politique genevoise. Il est en constante surpopulation malgré l'ouverture en 2008 du centre de la Brenaz à Puplinge (GE).

L'établissement de Champ-Dollon compte 456 détenus pour 270 places, les conditions de vie y sont déplorables et les gardiens sont débordés.