Il y a un an et demi, en pleine crise ukrainienne, l'idée de renforcer les liens culturels avec la Russie avait suscité la réticence de certains politiciens suisses. Mais désormais Pro Helvetia va de l’avant.
La décision a été prise en toute discrétion au mois de décembre, sans communiqué officiel. Ce n’est qu’au travers de deux lignes et d'une offre d’emploi sur le site de Pro Helvetia qu’on découvre que la fondation ouvrira bien une antenne et qu’elle cherche déjà activement un chef de bureau pour Moscou.
Volonté de pérenniser les liens
Pro Helvetia mène déjà un programme d’échanges avec la Russie, baptisé "Swiss Made in Russia", depuis trois ans. 700 événements ont été réalisés dans ce cadre et sa volonté est de pérenniser les liens déjà tissés.
La fondation suisse n’est d’ailleurs pas la seule à constater l’effervescence de la scène culturelle russe et la soif d’échanges. De nombreux pays européens ont poursuivi, voire intensifié, leurs échanges culturels avec la Russie malgré les sanctions. Ces centres culturels étrangers collaborent avec une grande variété d’acteurs culturels - proches ou non des autorités.
Contrôle gouvernemental renforcé
Reste que le gouvernement russe a renforcé son contrôle sur le monde culturel et sur les organisations étrangères présentes en Russie, dont certaines peuvent désormais être qualifiés d’indésirables. Les centres culturels étrangers en Russie espèrent qu’ils ne seront pas concernés.
Isabelle Cornaz/oang
Les explications du président de Pro Helvetia
Président de la fondation Pro Helvetia, Charles Beer souligne que la Suisse n'a jamais pris de sanctions économiques contre la Russie, contrairement à l'Union européenne et aux Etats-Unis.
Il remarque également que l'ensemble des pays européens qui ont des programmes avec la Russie sur le plan culturel les ont maintenus. "Donc nous n'avons aucune raison d'entrer dans une espèce de politique de sanctions - qui plus est sous l'angle culturel", souligne le Genevois.
Charles Beer rappelle encore que le message sur la culture voté en juin dernier par les Chambres fédérales et entré en vigueur au premier janvier de cette année "évoque notre travail en Russie du point de vue de son développement."