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Le suicide des personnes âgées demeure un tabou en Suisse

Exit proposera bientôt aux Vaudois de voter sur l'aide au suicide. [Fotolia - yuri arcurs]
Le suicide des personnes âgées toujours tabou dans le monde et en Suisse / InterCités / 6 min. / le 25 juin 2015
Plus de 300 personnes de plus de 65 ans se suicident en Suisse chaque année. Il faut améliorer la prévention, a confié jeudi à la RTS Gabriela Stoppe, psychiatre spécialiste du suicide.

De manière générale, on est plus heureux avec l'âge, a constaté Gabriela Stoppe, psychiatre spécialiste du suicide chez les seniors et présidente de l'association MentAge, qui s'est confiée à l'émission InterCités. Néanmoins certaines personnes âgées peuvent avoir envie de se suicider.

En 2012, 1037 personnes se sont données la mort par suicide en Suisse, dont 312 personnes de plus de 65 ans. Le nombre moyen de suicide chez les hommes est de 16 pour 100'000 habitants. Ce taux grimpe à 35 chez les 65-84 ans, et même à 70 chez les plus de 85 ans. Et ceci n'est que la pointe de l'iceberg puisque, la plupart du temps, on conclut à une mort naturelle.

Différence hommes-femmes

Le taux de suicide est globalement plus élevé chez les hommes. En 2012, on a ainsi déploré 228 suicides de seniors masculins contre 84 suicides féminins.

En revanche, 75% des morts assistées (qui sont le plus souvent demandées par des personnes âgées) concernent des femmes (159 côté masculin contre 264 côté féminin).

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance.

Dépression et solitude

Dans 90% des cas, une maladie psychique a été relevée. La dépression, qui est une maladie, et la solitude sont des causes de suicide fréquentes. "Les rapports médicaux ont révélé qu'il y a deux pics dans la solitude en Suisse: à la puberté et à un âge élevé. On serait mieux intégré dans la société à un âge où on peut travailler", a précisé Gabriela Stoppe.

Manque de sommeil

"Le sommeil représente pour de nombreuses personnes une belle pause. Il permet pendant quelques heures d'être libéré de ses tracas", explique Gabriela Stoppe. Donc si une personne a dû mal à s'endormir ou qu'elle ne parvient pas à bénéficier d'un sommeil réparateur, "cela devient un facteur de risque de suicide", prévient la spécialiste.

La santé, la qualité de vie et les ressources économiques ont aussi une influence sur le risque de suicide.

Prévention et autres solutions

Il est temps de se rendre compte de la gravité de la situation, estime Gabriela Stoppe. "Le suicide est un thème tabou, en particulier celui des personnes âgées. En Suisse, on débat surtout sur l'assistance au suicide, plutôt que de parler d'une prévention au suicide", déplore-t-elle.

Face à l'urbanisation et à la digitalisation des rapports humains, la spécialiste préconise l'urban gardening et les maisons trans-générationnelles. Les maisons de vieillesse ne doivent pas être édifiées dans des quartiers excentrés, ajoute-t-elle.

Alain Croubalian, bri

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