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Les réseaux sociaux, nouveau vecteur de la lutte contre le sexisme ordinaire

La seconde "marche des s..." suisse a eu lieu le 12 octobre 2013 à Genève. [Martial Trezzini]
La seconde "marche des s..." suisse a eu lieu le 12 octobre 2013 à Genève. - [Martial Trezzini]
Alors que l'association Slutwalk Suisse a remis mercredi au Conseil d'Etat genevois 127 plaintes symboliques, le sexisme ordinaire est de plus en plus souvent pointé du doigt sur les réseaux sociaux.

"Ne nous dites pas comment nous comporter, dites leur de ne pas violer". Slutwalk Suisse, qui milite sous ce slogan choc, a remis mercredi au Conseil d'Etat genevois 127 plaintes symboliques recueillies lors de la marche organisée en 2013. Une façon de rappeler que la Suisse n'échappe pas aux violences sexuelles.

"On oublie souvent que dans 70% des cas de viols, l'agressée connaît l'agresseur", relève Coline de Senarclens, du comité de l'association. "Mais quand on va voir la police pour porter plainte contre un ami, on est moins légitime que quand on s'est fait attaquer dans un parking", relève la militante qui précise: "la meilleure façon de lutter contre les violences sexuelles est de combattre le sexisme ordinaire".

Sifflements, remarques gênantes, insultes...

Sifflements, remarques gênantes, insultes font partie du quotidien de nombreuses femmes à travers le monde. Plus de 80% des personnes interrogées par Slutwalk Suisse disent avoir été victimes de harcèlement de rue.

Or, encore trop souvent, les victimes sont accusées d'avoir provoqué l'agression qu'elles ont subie.

("Les policiers qui me demandent 'Bien, que portiez-vous?' quand je fais état d'une attaque et d'une tentative de viol")

"Draguer n'est pas harceler"

"Il est important de distinguer la drague, qui est un jeu de séduction entre deux personnes consentantes, du harcèlement de rue qui est un phénomène d'exclusion", souligne Coline de Senarclens. "En sifflant une femme dans la rue, en l'insultant, on lui fait sentir qu'elle n'est pas là où elle devrait être, on lui donne envie de fuir."

Il y a deux ans, la Belge Sofie Peeters mettait en lumière ce phénomène en filmant en caméra cachée les rues de Bruxelles.

Voir le sujet de RTBF sur "Femme de la rue":

Un phénomène global

Depuis, de nombreuses femmes dénoncent des comportements inadéquats vécus dans l'espace public, notamment sur les réseaux sociaux. Des hashtags comme #HarcelementDeRue ou #safedanslarue ont par exemple connu un joli succès et continuent à être utilisés de Lausanne...

au Caire.

Actes sexistes dénoncés

En France, le collectif "Stop au harcèlement de rue", inspiré de l'Américain @StopStreetHarassment, s'est monté en avril à Paris pour dénoncer ces actes non répréhensibles par la loi.

Dans la même mouvance, une doctorante de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), Juliette Lancel, a lancé mardi un Tumblr dans le but de montrer des exemples d'actes sexistes à travers des portraits.

Une illustratrice new yorkaise, Tatyana Flalizadeh, a de son côté eu l'idée originale d'afficher dans les rues des portraits de femmes avec, en légende, un message que ces dernières adressent à leur agresseur.

Découvrez le projet "Stop telling women to smile":

Des expériences inédites

Tous les moyens sont bons pour sensibiliser les hommes (et les femmes) aux paroles et aux actes relevant du sexisme. S'inspirant de témoignages postés sur le site anglais, Everyday Sexism, une journaliste du Guardian a reproduit en caméra caché des comportements de rue sur des hommes (voir la vidéo).

Passé inaperçu en 2009 - sauf à Kiev, la terre des Femen, où il avait remporté un prix, le court-métrage français "Majorité opprimée" d'Eléonore Pourriat a dépassé le million de vue ce printemps. Preuve que le sujet est plus d'actualité que jamais.

Voir le court-métrage:

Juliette Galeazzi

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#YesAllWomen versus #NotAllMen

Le hashtag #YesAllWomen a été lancé fin mai sur Twitter au lendemain de la tuerie masculiniste de Santa Barbara, en Californie. Le suspect présumé, âgé de 22 ans, avait poignardé trois personnes à mort puis en avait tuer trois autres par balles avant de se suicider.

Dans une vidéo postée sur YouTube, le jeune homme explique avoir voulu punir les femmes qui l'ont "toutes rejeté et regardé de haut". Aussitôt, des femmes, surtout anglo-saxonnes, réagissent en faisant part de leurs expériences de la misogynie.

#YesAllWoman because society is more comfortable about people making jokes about rape than it is with people revealing they've been raped

— giraffe (@haneeners) 28 Mai 2014


(trad: "parce que la société est plus à l'aise avec les gens qui plaisantent sur le viol qu'avec ceux qui avouent avoir été violé").

Cette expression a été conçue, explique l'hebdomadaire français Les Inrocks, comme pendant féministe à "Not All Men", utilisée pour désigner les hommes qui coupent court à une conversation sur le sexisme, la misogynie ou le harcèlement en déclarant "Tous les hommes ne sont pas...".

Le coup de gueule des féministes turques

"Serre tes jambes, n'empiète pas sur mon espace!", c'est le nom de la campagne lancée le 15 avril dernier sur les réseaux sociaux par des féministes turques fatiguées par le comportement incivique des hommes dans les transports en commun.

bacaklarını topla yerimi işgal etme! pic.twitter.com/WrZ5zmiSt1

— İFK feministler (@ifkfeminist) 15 Avril 2014