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Mort d'un Nigérian: le Ministère public clôt l'enquête

Nouveau dérapage lors du renvoi d'un requérant
Les tensions sont toujours vives lors des renvois forcés par avion.
Le Ministère public zurichois clôt l'enquête sur la mort d'un Nigérian durant son renvoi forcé en mars 2010. Les causes du décès sont naturelles et internes, explique-t-il vendredi, se basant sur deux autopsies jugées "convaincantes". On ne peut reprocher à des tiers un comportement punissable pénalement.

Selon les expertises médicales, le requérant d'asile âgé de 29 ans souffrait d'une grave maladie cardiaque, rappelle le Ministère public dans un communiqué. La situation de stress au moment du renvoi a favorisé l'arythmie cardiaque du détenu. Il est possible que sa grève de la faim ait également joué un rôle.

Quant aux accusations émises par la famille du Nigérian de manquement au devoir des personnes qui s'occupaient du détenu au moment du renvoi, le Ministère public renonce à des poursuites. Il ne peut pas être prouvé que de tels manquements ont causé le décès du détenu.

Recours de la famille du défunt

Viktor Gyöffri, avocat de la famille de la victime, a indiqué vendredi à l'ats qu'il va faire recours auprès de la Cour suprême du canton de Zurich contre la décision du Ministère public de classer l'affaire.

Lors de la publication de la deuxième autopsie en juillet 2011, l'avocat de la famille de la victime avait déjà demandé la poursuite de l'enquête pénale. Le Ministère public avait alors annoncé son intention de classer l'affaire.

Pour l'avocat, la deuxième autopsie ne confirme pas les conclusions du premier rapport médical. Les deux documents évoquent chacun une maladie du coeur différente pour expliquer la cause de la mort du Nigérian.

Critiques d'Amnesty International

L'avocat fait aussi remarquer que les experts ne se sont pas prononcés sur la nature des tentatives de réanimation alors que cela leur avait été demandé. C'est un élément important sur le plan pénal, estime-t-il.

De son côté, Amnesty International demande une enquête indépendante. L'investigation du Ministère public zurichois est incomplète, estime l'organisation. Par ailleurs, on ne peut pas parler de conclusions convaincantes lorsque les deux expertises arrivent à des conclusions différentes..

Les faits remontent au 17 mars 2010. Le requérant d'asile frappé d'expulsion a succombé à un malaise peu après avoir été ligoté sur une chaise avant son embarquement dans un vol spécial à l'aéroport de Zurich.

Après ce décès, les vols spéciaux depuis la Suisse ont été suspendus. Ils ont repris en juillet 2011. Pour la première fois, du personnel médical a fait le voyage avec les requérants expulsés.

ats/rber/olhor

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