Publié

Procès après un trafic de méthadone fatal

Le prévenu s'était procuré 100 grammes de méthadone pure. [Laurent Gillieron]
L'affaire jugée au Tribunal correctionnel de Lausanne avait coûté la vie à un homme en 2009. - [Laurent Gillieron]
Le procès d'un homme de 27 ans s'est ouvert lundi devant le Tribunal correctionnel de Lausanne. En février 2009, il a mis sur le marché de la méthadone obtenue de manière illicite, provoquant plusieurs intoxications et le décès d'un consommateur.

Son amie de l'époque, qui a profité de son poste d'assistante en pharmacie pour lui fournir 100 grammes de la substance, comparaît à ses côtés. Tous deux sont principalement accusés d'homicide par négligence.

A l'audience, l'homme a admis les faits qui lui sont reprochés. Il a demandé à son amie de lui fournir de la méthadone sous prétexte d'aider un cousin toxicomane, mais dans le réel but d'en faire commerce. Selon ses déclarations, il ne connaissait pas ce produit et ses caractéristiques avant que son amie ne lui en parle. Son amie lui aurait juste expliqué qu'il fallait diluer la méthadone avant de la consommer, sans lui donner plus de détails sur la façon dont il devait procéder. Pour pouvoir être consommée, la méthadone doit être très fortement diluée. Trop concentrée, elle devient extrêmement nocive et peut être mortelle.

Deux cuillères à café de méthadone pure

Le 20 février 2009, l'accusé a fourni deux cuillères à café de méthadone pure à des connaissances, en leur précisant la nature du produit et le fait qu'il devait être dilué avant d'être consommé. Les deux acquéreurs ont ensuite vendu cette substance à plusieurs clients, la faisant parfois passer pour de la cocaïne. Plusieurs consommateurs ont dû être hospitalisés, souffrant de graves intoxications. L'un d'entre eux est tombé plusieurs jours dans le coma. Selon l'enquête, leurs vies ont été mises en danger par la consommation de la substance, insuffisamment diluée.

La victime a consommé le produit le 21 février avec deux amis en le prenant pour de la cocaïne. Marié et père d'une petite fille, le jeune homme est décédé moins de trois heures plus tard d'une overdose au service des soins intensifs du CHUV.

A l'audience, l'assistante en pharmacie a dit avoir agi "naïvement et par amour". Elle dit n'avoir pas réfléchi et pas réalisé à quel point la quantité commandée était importante. Elle assure avoir précisément expliqué à son ami comment diluer la méthadone. Plusieurs autres personnes impliquées dans le drame comparaissent à l'audience aux côtés des deux principaux accusés ou on été déférées séparément. Le verdict tombera ultérieurement.

ats/cab

Publié