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Emotion après le décès de Jean-Claude Mermoud

Les Conseillers d'Etat Vaudois ont observé une minute de silence après le décès de leur collègue. [Dominic Favre]
Les Conseillers d'Etat Vaudois ont observé une minute de silence après le décès de leur collègue. - [Dominic Favre]
Le conseiller d'Etat vaudois UDC Jean-Claude Mermoud est décédé tôt mardi à l'âge de 59 ans. Le chef du Département de l'économie avait dû être opéré vendredi en raison d'un problème cardio-vasculaire. La classe politique du canton a fait part de son émotion.

Après le décès subit de Jean-Claude Mermoud, le président du gouvernement vaudois Pascal Broulis a fait part de sa tristesse mardi matin dans une déclaration officielle devant le Grand Conseil: "Ce matin, le canton de Vaud est en deuil. Le doyen du gouvernement s'est éteint malgré une prise en charge rapide et malgré tous les soins qui lui ont été prodigués". C'est la première fois qu'un conseiller d'Etat décède en exercice.

Le chef du Département de l'économie avait été opéré d'urgence vendredi dernier à la suite d'un accident cardio-vasculaire. "Nous sommes sous le choc", a ajouté Pascal Broulis, soulignant le rôle important du chef du Département de l'économie dans l'équipe gouvernementale.

- Le discours de Pascal Broulis au Grand Conseil -

Discours de P. Broulis après le décès de J.-C. Mermoud
Discours de P. Broulis après le décès de J.-C. Mermoud / L'actu en vidéo / 1 min. / le 6 septembre 2011

Au nom de ses collègues du Conseil d'Etat, Pascal  Broulis a rendu hommage à cet "homme d'écoute", "chaleureux", qui "savait pacifier" les débats au besoin. "Notre peine est profonde", a déclaré le président du Conseil d'Etat en adressant ses condoléances à la famille.

Conseiller d'Etat depuis 13 ans

Jean-Claude Mermoud était conseiller d'Etat depuis 1998. En 2009, il avait déjà connu un problème de santé: après un malaise à Neuchâtel, il avait dû être hospitalisé puis opéré d'une appendicite avec une légère perforation.

Jean-Claude Mermoud, lors d'une conférence de presse en mai 2011. [Dominic Favre]
Jean-Claude Mermoud, lors d'une conférence de presse en mai 2011. [Dominic Favre]

Ce sportif, qui pratiquait la course à pied et avait disputé la Patrouille des glaciers, devait participer ces jours au début de la campagne pour l'élection au Conseil des Etats. Après 13 ans au gouvernement, l'UDC avait décidé de ne pas se représenter en mars, et de briguer cet automne un siège à la Chambre des cantons.

En signe de deuil, les drapeaux seront en berne durant trois jours dans le canton. Le Grand Conseil a renoncé à siéger mardi. La fête en l'honneur du nouveau président du législatif Jean-Robert Yersin, qui devait avoir lieu dans l'après-midi, a été repoussée. "On ne peut pas faire la fête dans ces circonstances", a déclaré Jean-Robert Yersin.

L'UDC Vaud suspend ses activités

L'UDC va rester en pensée avec Jean-Claude Mermoud et avec sa famille. La politique peut attendre, nous venons de perdre un ami, a commenté le député Claude-Alain Voiblet.

"En tant que secrétaire du parti, j'étais très proche de lui", a-t-il relevé les yeux rougis. "Jean-Claude Mermoud avait une bonne hygiène de vie, il prenait soin de son alimentation et faisait du sport. Mais on ne peut pas dire non plus que c'est la fonction qui est en cause dans son décès", a conclu Claude-Alain Voiblet.

Les députés bouleversés

Les députés, y compris ses adversaires politiques, ont salué l'homme d'écoute et de terrain: "Je suis bouleversée, catastrophée. On partageait la même vision de la campagne", a déclaré Béatrice Métraux, présidente du groupe des Verts au Grand Conseil.

L'émotion était grande mardi au sein du Conseil d'Etat, à l'image de Jacqueline de Quattro et Pascal Broulis. [KEYSTONE - Dominic Favre]
L'émotion était grande mardi au sein du Conseil d'Etat, à l'image de Jacqueline de Quattro et Pascal Broulis. [KEYSTONE - Dominic Favre]

Pour le président du groupe radical Frédéric Borloz, "ce qui ressortait de sa personnalité, c'était un profond attachement au pays de Vaud. Le conseiller d'Etat parlait le langage des gens. Beaucoup de Vaudois se reconnaissaient en lui. C'est pourquoi il est resté aussi longtemps au gouvernement".

Présidente du parti libéral, Catherine Labouchère s'est également dite extrêmement bouleversée: C'était "un magistrat de valeur", un homme d'Etat", a-t-elle déclaré. Simple, direct, d'une grande droiture, il avait de l'empathie pour les personnes qu'il côtoyait.

A gauche de l'échiquier, les socialistes ont salué l'homme de dialogue. Au-delà des divergences politiques, il savait écouter ses adversaires politiques, a souligné le président de groupe Nicolas Rochat. "A gauche toute" a rendu un hommage à un homme "qui a toujours exercé sa fonction avec le sens de l'Etat et le souci de chercher des solutions".

Encore des inconnues

Jean-Claude Mermoud est le premier conseiller d'Etat vaudois à décéder à son poste depuis 1945. Sa mort pose des questions inédites au canton. La loi prévoit une complémentaire dans les 90 jours, sauf si les élections sont agendées dans les six mois. Or le scrutin est prévu le 11 mars, soit dans six mois et six jours.

Un autre problème concerne la présence de Jean-Claude Mermoud sur le ticket UDC pour l'élection du 23 octobre au Conseil des Etats. Les listes ne peuvent en principe plus être modifiées mais le gouvernement cherche une voie de sortie. Le canton informera mercredi ou jeudi sur les solutions retenues.

ats/pym

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Un agrarien ouvert et chaleureux

Chef du Département de l'économie depuis juillet 2007, Jean-Claude Mermoud incarnait le côté agrarien de l'UDC et se montrait ouvert et chaleureux. Né le 8 août 1952, originaire de Poliez-le-Grand (VD), fils d'agriculteur, il obtient à 20 ans son CFC d'agriculteur et reprend le domaine familial de 24 hectares à Eclagnens.

Il s'engage vite en politique. Il est successivement secrétaire municipal, municipal et syndic d'Eclagnens pendant 16 ans. Il est élu député au Grand Conseil en 1989, avant de passer au Conseil d'Etat en mars 1998.

Jean-Claude Mermoud dirige alors le Département de la sécurité et de l'environnement. Il est réélu en mars 2002 et doit reprendre en 2004 ad interim le Département des institutions et des relations extérieures (DIRE) des mains du socialiste Pierre Chiffelle qui se retire pour raisons de santé.

Le conseiller d'Etat se distinguera notamment par sa gestion des implications sur le canton de Vaud du Sommet du G8 à Evian en 2003. Il affrontera aussi les problèmes de l'asile et la crise dite des "523", puis passera au Département de l'économie en 2007 après sa troisième élection au gouvernement vaudois.

Marié et père de trois enfants, Jean-Claude Mermoud déclarait notamment: "derrière chaque enjeu politique, il faut tenir compte des destins humains ainsi que de l'intérêt général d'une communauté. Il ne sert à rien d'être obtus et figé dans une réalité du passé: il faut savoir évoluer". En avril, il avait créé la surprise en annonçant qu'il se lançait dans la course au Conseil des Etats aux côtés de Guy Parmelin.

Hommage du Conseil fédéral

Le Conseil fédéral a rendu hommage à Jean-Claude Mermoud, qui laisse l'image d'un homme de dialogue. Par son travail infatigable, il "restera dans notre mémoire comme un artisan du rapprochement des communautés", a communiqué mardi la Chancellerie fédérale.

Jean-Claude Mermoud avait su tisser des liens profonds avec la Confédération. Par ailleurs, il avait une très grande qualité parmi d'autres, celle d'être proche des gens et de les aimer.