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Les Vaudois rejettent l'initiative "Ecole 2010"

Anne-Catherine Lyon s'exprime lors des résultats des votations cantonales vaudoises dans la salle du Bicentenaire a Lausanne. [Martial Trezzini - MARTIAL TREZZINI]
"Le peuple a tranché", s'est félicitée Anne-Catherine Lyon. Le rejet de l'initiative est "clair" et le soutien à la LEO est "net". - [Martial Trezzini - MARTIAL TREZZINI]
Les Vaudois ont approuvé dimanche la nouvelle loi sur l'enseignement obligatoire (LEO) par 52% des voix et rejeté l'initiative "Ecole 2010" à 55,4%. C'est un jour "extrêmement important" pour l'école vaudoise, a souligné Anne-Catherine Lyon.

Après une campagne particulièrement agressive, le Conseil d'Etat et en particulier la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, ont poussé un véritable ouf de soulagement. Le "oui" à la LEO est net, alors qu'un sondage donnait à la mi-août l'initiative victorieuse à 56%.

"Le peuple a tranché"

Des élèves vaudois sur le chemin de l'école.dominic favreKeystone [dominic favre]
Des élèves vaudois sur le chemin de l'école. [dominic favre]

La nouvelle loi sur l'enseignement obligatoire a été rédigée et négociée en réaction à l'initiative "Ecole 2010 - Sauver l'école" déposée par des enseignants et des parents en janvier 2008.

Elle a été soutenue au Grand Conseil par 102 voix contre 28 et 8 abstentions, l'UDC étant le seul grand parti clairement contre ce texte et pour l'initiative.

"Le peuple a tranché", s'est félicitée Anne-Catherine Lyon. Le rejet de l'initiative est "clair" et le soutien à la LEO est "net". Elle a annoncé qu'elle inclurait toutes les parties pour la mise en place de la loi. Ce sera "une élaboration participative".

Deux voies au lieu de trois

La LEO réduit le nombre de filières qui passent de trois à deux. La VSO, voie secondaire à options fortement stigmatisée, est intégrée dans une nouvelle voie générale. Des enseignements à niveaux sont instaurés pour le français, les mathématiques et l'allemand. Rien ne change en revanche pour la voie baccalauréat.

La nouvelle loi introduit des notes dès la 5e année HarmoS, soit la troisième année actuelle. Les résultats aux épreuves cantonales de référence (ECR) sont désormais pris en compte, notamment pour la procédure d'orientation.

En phase avec son temps

Au-delà des dispositions techniques, les partisans de la LEO ont surtout mis en avant durant la campagne la nécessité pour le canton de se doter d'une loi scolaire en accord avec son époque, tout en opérant certains recentrages sur des notions de base. Grâce à ce compromis, la LEO a obtenu le soutien des différents bords politiques, alors que les milieux enseignants restaient divisés.

L'initiative "Ecole 2010 - sauver l'école" voulait en revanche en finir avec l'actuelle Ecole vaudoise en mutation (EVM). Elle préconisait trois filières clairement séparées, des notes dès la première année, une pédagogie "explicite" ainsi que des classes régionales d'encadrement pour les élèves dont le comportement pose problème.

"Un grand pas"

"C'est un petit oui, mais un grand pas pour l'école vaudoise", a commenté pour sa part le radical Marc-Olivier Buffat, président de la Commission du Grand Conseil qui a planché sur la LEO. Les députés ont rédigé un projet proche de la réalité scolaire d'aujourd'hui et hors de la polémique, a-t-il affirmé. Les Vaudois qui ont préféré l'initiative Ecole 2010 seront "entendus et écoutés", a poursuivi Marc-Olivier Buffat. Le PLR sera "très vigilant" quant à la mise en application de la loi. "Il n'y a pas de blanc-seing pour le département de la formation d'Anne-Catherine Lyon".

Fer de lance UDC contre la LEO, la députée Fabienne Despot s'est dite très étonnée par ce résultat. Elle a dénoncé une campagne "faussée" par l'Etat et son activisme en faveur de la LEO. Elle promet de surveiller de près la mise en oeuvre de la loi. L'UDC ne se tient pas pour battue sur l'école. Fabienne Despot indique que le parti lance une nouvelle initiative portant sur la formation duale et une formation obligatoire jusqu'à 18 ans.

A l'inverse, le syndicat SSP s'est réjoui de la victoire de la LEO qui apportera des améliorations à l'école vaudoise. Pour lui, l'initiative Ecole 2010 renforçait les inégalités.

ats/mre/hof

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Pas de droits politiques aux étrangers

Les Vaudois ont par ailleurs refusé dimanche de donner des droits politiques cantonaux aux étrangers. Ils ont nettement repoussé l'initiative "Vivre et voter ici" qui aurait élargi à l'échelon cantonal les droits déjà accordés au niveau communal. L'initiative a recueilli 68,96% de non contre 31,04% de oui. La participation a atteint 40,34%.

"Vivre et voter ici" prévoyait d'accorder les droits politiques cantonaux aux étrangers établis depuis 10 ans en Suisse et depuis trois ans dans le canton. Depuis 2003, les étrangers remplissant les mêmes conditions peuvent déjà voter et être élus au niveau communal, ce qui représente 85'000 personnes.

"Le résultat est sec. Cette initiative était en avance sur son temps", a estimé Raphaël Mahaim, député Vert et membre des initiants. "Mais je suis assez optimiste que le débat ne s'arrêtera pas là".

"Deux Vaudois sur trois ne sont pas prêts à découpler les droits politiques au niveau cantonal de l'obtention de la nationalité", a pour sa part commenté le conseiller d'Etat Philippe Leuba. Selon le chef du Département cantonal de l'intérieur, ce vote ne peut pas être interprété comme un rejet des étrangers.

Quinze communes vaudoises devront passer au système proportionnel

Toutes les communes vaudoises de plus de 3000 habitants devront élire leur législatif au système proportionnel dès 2016. Les Vaudois ont largement accepté dimanche ce changement qui concerne directement quinze communes.

La proposition, soutenue par tous les partis à l'exception des libéraux-radicaux et des Verts libéraux, a recueilli 60,83% de oui (89'357 voix) contre 39,17% de non (57'541 voix). La participation a atteint 40,27%.

La Constitution vaudoise de 2003 prévoit l'utilisation du système proportionnel en règle générale, mais laisse les communes libres d'utiliser le système majoritaire. La proposition acceptée dimanche obligera les communes de plus de 3000 habitants à passer à la proportionnelle si elles ne l'ont pas déjà fait.

Quinze communes sont concernées, dont Chavornay, Echallens, Cossonay, le Mont-sur-Lausanne et Prangins. Seize autres sont susceptibles de devoir changer de système lorsqu'elles atteindront la barre des 3000 habitants.

Dans les communes de 3000 habitants, les gens ne se connaissent plus assez pour voter sur un nom, ont fait valoir les défenseurs de la proportionnelle. Ce système garantit en outre une meilleure représentation des minorités puisqu'une liste remporte 10% des sièges avec 10% des voix, alors que le système majoritaire demande 50% des voix pour être élu.

Les défenseurs du système majoritaire ont dénoncé un "diktat" qui "restreint le libre-choix des communes et de leurs habitants". Pour eux, la proportionnelle politisera exagérément la vie publique des communes concernées, ce qui démotivera les citoyens susceptibles de s'engager.