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Berne supprime les sorties pour certains détenus

La nouvelle annexe de la prison de Champ-Dollon pourra accueillir 100 détenus de plus. [Martial Trezzini]
Le conseiller d'Etat bernois H.-J. Käser a annoncé vouloir uniformiser les pratiques pénitentiaires des différents cantons. - [Martial Trezzini]
Conséquence de la récente cavale d'un violeur et assassin dans le Jura vaudois, le canton de Berne supprime provisoirement toutes les sorties accompagnées et congés pour les détenus internés ou dangereux. Il met la faute sur les Neuchâtelois.

Durant la fuite de ce détenu, un conflit de compétences est apparu entre les autorités neuchâteloises et bernoises, a déclaré jeudi devant la presse le conseiller d'Etat bernois Hans-Jürg Käser.

Le canton a donc entrepris de clarifier la notion d'allégement dans l'exécution des peines ainsi que les responsabilités respectives des autorités de placement et des établissements d'exécution. Le directeur de la police et des affaires militaires entend faire toute la lumière sur les circonstances qui ont conduit à la fuite du Jurassien de 64 ans.

Celui-ci avait profité d'un pique-nique accompagné pour fausser compagnie à ses gardiens. S'étant rendu à la police au bout de quatre jours, il est actuellement incarcéré au pénitencier bernois de Thorberg.

En matière d'exécution des peines impliquant plusieurs cantons, il est impossible de stigmatiser une seule autorité en lui imputant l'entière responsabilité d'un incident, a estimé Hans-Jürg Käser. Ce serait ignorer toute la complexité d'une mission intercantonale.

Du relâchement

Néanmoins, le conseiller d'Etat bernois n'a pas mâché ses mots au sujet de l'encadrement prévu par la prison de Bellevue à Gorgier (NE) lors de la balade du détenu. "Dans le véhicule, la sécurité enfants n'était même pas enclenchée", a-t-il souligné. Le récidiviste qui se trouvait à l'arrière pouvait donc ouvrir les portières et il n'était de surcroît pas menotté. Avec un peu de bon sens, un tel relâchement dans les conditions de l'excursion est difficilement compréhensible, a estimé Hans-Jürg Käser.

En janvier, le canton de Berne avait exigé que le détenu, contrairement à de précédents accords, n'ait plus droit à six sorties par année, mais deux. Neuchâtel était d'un autre avis, a déclaré Christian Margot, chef de la Section de l'application des peines et mesures. Ainsi, Berne n'a pas été informé d'une sortie effectuée en avril. Le canton partait donc du principe que le pique-nique litigieux était la seconde sortie de l'année. C'est pourquoi il n'est pas intervenu lorsque les Neuchâtelois l'ont annoncée par fax.

Interrogé par l'ats, le conseiller d'Etat neuchâtelois Jean Studer n'a pas souhaité réagir à ces critiques. Il souligne que "beaucoup de questions sont ouvertes" et renvoie à l'enquête administrative.

Eliminer les pratiques disparates

Hans-Jürg Käser souhaite désormais éliminer les pratiques disparates en matière d'exécution des peines. Il entend intervenir dans ce sens au sein de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police. Il s'agit d'obtenir une uniformisation des directives en vigueur dans les trois concordats existants en Suisse.

Concernant le récent évadé, condamné dans le canton de Berne, la responsabilité de l'exécution de la peine incombe certes à ce canton. Mais les sorties accompagnées ne sont pas considérées comme un allégement de l'exécution et relèvent de la compétence de l'établissement lui-même, lequel doit dès lors en assurer la sécurité, estime Berne.

Emotion considérable

Le détenu s'était rendu à la police vendredi dernier après une cavale de quatre jours qui a suscité une émotion considérable. Le directeur de la prison de Gorgier et son adjoint ont donné leur démission. Selon Jean Studer, un cadre ne "garantissant plus la distance nécessaire" s'était installé ces dernières semaines autour du détenu.

L'enquête administrative devrait être confiée à l'ancien juge fédéral Claude Rouiller, dont le mandat est "en voie de définition", a précisé M. Studer. L'organisation de défense des détenus "Reform 91" a vivement critiqué la suppression des congés et sorties, qui touche 150 personnes incarcérées, dont 19 internées. Pour elle, il est incompréhensible que les prisonniers fassent les frais d'erreurs de l'autorité.

ats/rber/olhor

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