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Libye: Berne adapte ses sanctions à celles de l'ONU

Mouammar Kadhafi a longtemps profité de l'allégeance des tribus libyennes. Une situation désormais révolue. [Ettore Ferrari]
Mouammar Kadhafi et sa famille ne pourront plus effectuer de transactions en Suisse. - [Ettore Ferrari]
Le Conseil fédéral a adapté vendredi ses sanctions contre les dirigeants libyens et leurs proches aux mesures prises par le Conseil de sécurité des Nations unies. En plus du blocage des fonds de 29 personnes, déjà décidé le 21 février, toute transaction financière leur est désormais interdite.

En examinant les sanctions de l'ONU, le Conseil fédéral a constaté que les 29 personnes figurant dans son ordonnance du 21 février sont les mêmes que celles répertoriées sur la liste de l'ONU. Il est désormais interdit de leur transférer des avoirs financiers ou de leur mettre à disposition, directement ou indirectement, des ressources économiques.

L'objectif est d'empêcher tout soutien à Mouammar Kadhafi et à son clan, a précisé devant les médias le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi. Comme les autres, l'entreprise pétrolière Tamoil n'a par exemple pas le droit de réaliser une transaction qui pourrait enrichir une des 29 personnes de la liste.

Tamoil pas touché

Le gouvernement n'a toutefois pris aucune mesure explicite envers la compagnie pétrolière dont le siège est à Genève. Il ne s'est pas occupé de cas particuliers, a précisé son porte-parole.

Le Conseil de sécurité de l'ONU ne vise pas non plus "les entreprises publiques libyennes ou les sociétés contrôlées directement ou indirectement par l'Etat libyen. Elles ne sont pas concernées par ces sanctions dans la mesure où elles n'ont pas été explicitement nommées par le Comité de sanction de l'ONU", précise le Conseil fédéral dans un communiqué.

De plus, Tamoil Suisse n'a aucun lien direct avec la Libye. Son capital-actions est contrôlé à 100% par Tamoil Group, une personne morale sise à Monaco. Ce dernier dépend lui d'Oilinvest, un groupe aux Pays-Bas qui est lui-même contrôlé par Libyan Investment Authority, a indiqué Laurent Paoliello, porte-parole de Tamoil Suisse.

Pas de pétrole libyen

02-22, presse, key.JPG [Laurent Gillieron]
02-22, presse, key.JPG [Laurent Gillieron]

Alors que seuls quelque 8% du pétrole vendu sur le marché suisse proviennent de Libye, Tamoil Suisse n'en compte paradoxalement pas du tout. Pour des raisons d'infrastructures techniques, la raffinerie Tamoil de Collombey (VS) n'utilise depuis deux ans et demi qu'une qualité particulière de brut, qui ne provient pas de Libye, a ajouté Laurent Paoliello.

Un boycott de Tamoil par la clientèle suisse serait à ce titre contre-productif. Ce sont avant tout les quelque 1500 employés directs ou indirects de la société en Suisse qui en souffriraient, selon le porte-parole qui relève que tel n'est pour l'heure pas le cas du tout.

Surveillance

Aucun indice de boycott ne s'est manifesté, constate-t-il en soulignant la fidélité des clients à leur station-service. "Nous avons en outre toujours fait preuve de transparence et les Suisses se sont rendu compte que nous n'avions rien à voir avec le clan Kadhafi", a-t-il précisé.

Laurent Paoliello n'a pas le sentiment que Tamoil Suisse est davantage surveillé depuis le déclenchement de la révolte libyenne. "Nous connaissons une très bonne collaboration avec les autorités", l'entreprise ayant une activité sensible notamment sur les plans énergétique et environnemental. "Nous sommes déjà très surveillés en tant que tel", note le porte-parole.

ats/cht

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Réfugiés: subsides supplémentaires examinés

La Suisse étudie actuellement des aides supplémentaires pour les personnes qui fuient la Libye. Un soutien à hauteur de 500'000 francs au Programme alimentaire mondial (PAM) est en cours d'examen, a indiqué vendredi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Selon le département de Micheline Calmy-Rey, trois équipes du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA) sont déjà en action aux frontières libyennes - deux en Tunisie et une en Egypte. Ces huit secouristes au total évaluent les besoins des réfugiés qui peuvent pratiquement changer d'heure en heure.

Il y a quelques jours, la Confédération avait annoncé un don de 500'000 francs au total pour le Comité international de la CroixRouge (CICR). Elle avait déjà promis un autre demi-million à l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui prend soin des travailleurs étrangers ayant fui la Libye et s'occupe de les rapatrier.