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L'initiative contre les armes à la maison repoussée

Les armes d'ordonnance font 300 morts chaque année en Suisse, dénoncent les initiants.
Les armes d'ordonnance font 300 morts chaque année en Suisse, dénoncent les initiants.
Sans surprise, le Conseil national a décidé vendredi par 103 voix contre 66 de recommander au peuple de rejeter l'initiative visant à interdire les armes militaires à domicile. Un texte contre lequel la droite a tiré à boulets rouges au cours d'un débat de plus de quatre heures tenu jeudi.

L'initiative "pour la protection face à la violence des armes" joue sur l'émotion pour attaquer l'armée de milice et le tir sportif, ont dénoncé les orateurs bourgeois. En rendant obligatoire le dépôt des armes d'ordonnance dans les arsenaux, elle rend non seulement difficile l'accomplissement des tirs obligatoires mais remet en question le principe même du soldat milicien, selon eux.

Il est faux de croire encore aujourd'hui que "les Russes vont passer le Rhin au milieu de la nuit et que les soldats suisses devront se défendre à domicile avec leur arme", a rétorqué Tiana Moser (PVL/ZH). "La place d'un fusil est à l'arsenal, pas dans la chambre à coucher", a ajouté Chantal Galladé (PS/ZH).

Et de rappeler que sur les quelque 2,5 millions d'armes en circulation en Suisse, les 1,7 million de fusils ou pistolets d'ordonnance anciens ou nouveaux provoquent la mort de 300 personnes chaque année. L'accessibilité de ces armes rend le passage à l'acte beaucoup plus facile, en particulier dans les suicides impulsifs. Elles sont également un outil de violence domestique dans la mesure où elles servent à faire peur, ont fait valoir les orateurs de gauche.

Loi déjà très stricte

Pour la droite, au contraire, cette initiative ne changera pas la réalité. "Le problème n'est pas l'arme mais l'être humain qui décide de mettre fin à ses jours", a affirmé Thomas Hurter (UDC/SH), estimant que celui qui veut se suicider trouvera de toute façon un moyen pour y parvenir.

A l'instar de ses collègues et de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, il a rappelé que les armes d'ordonnance peuvent déjà être entreposées de manière volontaire et qu'il n'est plus possible d'avoir des munitions de guerre à domicile. Les lois actuelles sont déjà très strictes et de toute façon, il restera toujours des armes illégales en circulation, selon la droite.

Plus généralement, l'initiative exige la création d'un registre national des armes à feu, l'interdiction de détention d'armes à feu automatique et de fusils à pompe ainsi qu'une définition plus stricte du permis de port d'arme. Des mesures qui auraient peut-être aidé à éviter la tuerie de Zoug, selon les initiants, au nombre desquels figurent la gauche, les associations féminines et de prévention du suicide ainsi que la FMH.

ats/dk

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La fin d'une tradition suisse?

Outre le dépôt des armes d'ordonnance à l'arsenal, l'initiative interdit également la conservation des fusils d'assaut après la fin des obligations militaires.

Une disposition dénoncée avec véhémence par les représentants des sociétés de tir qui y voient la fin d'une "tradition suisse", malgré les affirmations contraires des initiants.

La gauche et les associations féminines au front

L'initiative "Pour la protection face à la violence des armes" est soutenue par la gauche, les associations féminines et de prévention du suicide ainsi que la FMH.

Elle doit encore passer devant le Conseil des Etats avant d'être soumise au peuple.