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Micheline Calmy-Rey en route pour Tripoli

Le Falcon 50 de la Confédération s'est envolé de l'aéroport de Berne-Belp peu après 18h00.
Le Falcon 50 de la Confédération s'est envolé de l'aéroport de Berne-Belp peu après 18h00. (photo de notre correspondant à Berne)
Micheline Calmy-Rey et son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos étaient attendus samedi soir à Tripoli pour tenter de trouver une issue à la crise opposant Tripoli et Berne. D'après son avocat, l'homme d'affaires suisse Max Göldi pourrait quitter la Libye dimanche.

Micheline Calmy-Rey s'est envolée samedi peu après 18h00 de l'aéroport de Berne-Belp pour Madrid afin d'y rejoindre son homologue espagnol. "Les modalités pour la libération et la sortie de Max Göldi prévoient que la conseillère fédérale se rende encore ce soir à Madrid pour rencontrer son homologue espagnol, Miguel Angel Moratinos", a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans un communiqué.

Le Falcon 900 de la Confédération est ensuite reparti de la capitale espagnole à destination de Tripoli, où il doit atterrir peu avant minuit. Une source officielle libyenne, confirmée par une source diplomatique occidentale, avait assuré un peu plus tôt que Micheline Calmy-Rey et Miguel Angel Moratinos étaient attendus samedi soir à Tripoli pour tenter de trouver une issue à la crise opposant la Suisse à la Libye, dans laquelle l'Union européenne (UE) joue le rôle de médiatrice.

Selon l'agence italienne ANSA, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi, qui maintient une relation privilégiée avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, doit également se rendre dimanche à Tripoli dans le cadre des habituelles consultations italo-libyennes. Le dirigeant italien avait promis début mai à la présidente de la Confédération Doris Leuthard, alors en visite à Rome, de s'engager "personnellement" pour la libération de Max Göldi.

Retour possible dimanche

"Le procureur général nous a remis le passeport de Max Göldi. Nous avons achevé toutes les procédures pour qu'il puisse obtenir son visa de sortie dimanche", a de son côté déclaré samedi l'avocat de Max Göldi, Salah Zahaf. Le Suisse avait été libéré jeudi après avoir purgé quatre mois de prison pour "séjour illégal". Max Göldi se trouve depuis dans un hôtel de Tripoli proche du ministère libyen des affaires étrangères, a indiqué ANSA.

"En très bonne santé" selon son avocat, portant barbe et cheveux longs, l'entrepreneur suisse n'a pas souhaité faire de déclarations à l'agence italienne. Employé d'ABB, Max Göldi avait été arrêté le 19 juillet 2008 avec un autre Suisse, Rachid Hamdani, à la suite de l'arrestation du fils du dirigeant libyen, Hannibal, deux jours auparavant à Genève, sur plainte de deux domestiques l'accusant de mauvais traitements.

Max Göldi a été emprisonné le 22 février à Tripoli.
Max Göldi a été emprisonné le 22 février à Tripoli.

Après 53 jours de prison, les deux hommes avaient été libérés mais interdits de quitter le territoire libyen. Ils s'étaient alors réfugiés à l'ambassade de Suisse à Tripoli. Rachid Hamdani, également citoyen tunisien, a pu quitter la Libye le 23 février dernier. Max Göldi a quitté le même jour l'ambassade pour se rendre aux autorités libyennes et purger sa peine de prison.

Crise diplomatique

Cette affaire a plombé les relations entre la Suisse et la Libye. En 2008, la Libye avait ainsi retiré ses avoirs des banques suisses, expulsé les sociétés helvétiques installées en Libye et annoncé un arrêt de ses exportations de pétrole vers la Confédération, avant de prévenir, en mars dernier, d'un arrêt commercial total.

En réaction à la détention de ses deux ressortissants, la Confédération, membre associé de l'espace Schengen, avait de son côté décidé en 2009 de restreindre, pour l'élite libyenne, l'attribution de visas permettant d'accéder aux pays de l'espace Schengen. Tripoli avait répliqué en février en annonçant des restrictions de visas à l'encontre des ressortissants des pays européens. Après moult négociations, l'UE et Tripoli avaient finalement levé leurs restrictions à l'octroi de visas.

Médiation européenne

L'Union européenne (UE), et notamment l'Espagne qui assure actuellement la présidence des Vingt-Sept, a joué les médiateurs entre Berne et Tripoli. En visite vendredi à Bruxelles, le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères Peter Maurer a insisté sur le fait que l'engagement de l'UE avait été ininterrompu, coupant court aux affirmations selon lesquelles les Vingt-Sept s'étaient désintéressés du cas Göldi au cours des dernières semaines.

La présidence espagnole s'est réjouie vendredi des derniers développements. Sa porte-parole Cristina Gallach a indiqué que des efforts étaient en cours pour procurer un visa de sortie à Max Göldi. La Commission européenne a salué la sortie de prison du Suisse et estimé qu'un "retour immédiat dans sa patrie serait un pas important vers une solution du conflit bilatéral entre la Suisse et la Libye". Vendredi, la présidente de la Confédération Doris Leuthard a exprimé sa reconnaissance envers l'UE.

agences/dk

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Un scénario "cauchemar" évoqué

Hasni Abidi, directeur du Centre d'étude et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM), a déclaré être confiant quant à "une issue rapide et favorable" pour Max Göldi. Il a toutefois évoqué un scénario "cauchemar" pour les autorités suisses.

"Les tenants du régime radical" en Libye pourraient au dernier moment trouver une raison d'empêcher le retour du ressortissant suisse "même s'il a son passeport et son visa de sortie". Une hypothèse à laquelle il ne croit guère, s'est-il empressé d'ajouter.