Modifié

Quelles solutions contre la pénurie de logements?

Face à la pénurie de logements, Guy Parmelin propose un catalogue de mesures présentées lors d'une table ronde à Berne
Face à la pénurie de logements, Guy Parmelin propose un catalogue de mesures présentées lors d'une table ronde à Berne / 19h30 / 1 min. / le 13 février 2024
Des représentants des cantons, des villes et des communes, ainsi que des secteurs de la construction et de l'immobilier, ont discuté mardi d'un plan d'action sur la pénurie de logements. Il contient 30 mesures, a expliqué le conseiller fédéral Guy Parmelin.

Les échanges ont été fructueux, avec des positions critiques, mais toutes les parties sont prêtes à s'engager en faveur de ce plan d'action, a développé le ministre de l'Economie. Le but est d'améliorer les conditions-cadres dans l'offre de logements de qualité, à loyers abordables et adaptés aux besoins.

Les mesures touchent à plusieurs domaines, comme le développement de l'aménagement du territoire ou l'allègement des procédures de construction. Chaque mesure a sa propre temporalité, a continué le Vaudois. Certaines peuvent être appliquées rapidement tandis que d'autres demandent d'abord des adaptations.

Cette table ronde est organisée pour la deuxième fois, dans un contexte dans lequel il manque entre 7000 et 10'000 nouveaux logements chaque année pour couvrir la demande.

>> Les précisions de Michaël Maccabez dans le 19h30 :

Berne propose un catalogue de mesures pour lutter contre la pénurie de logements, les explications de Michael Maccabez
Berne propose un catalogue de mesures pour lutter contre la pénurie de logements, les explications de Michael Maccabez / 19h30 / 1 min. / le 13 février 2024

>> Relire : Guy Parmelin va convoquer une table ronde sur la crise du logement

Plein de petites réformes, mais attention à l'excès

Selon Jean-François Steiert, conseiller d'Etat fribourgeois et représentant des cantons, c’est une somme de petites réformes qui permettra de faire face à la crise du logement. Interrogé dans La Matinale, il estime que le plan d'action prévoit des mesures intéressantes, par exemple pour lutter contre les oppositions abusives qui bloquent les nouvelles constructions.

Il faut toutefois faire attention à ne pas tomber dans l'excès. "Je pense qu'il faut avoir des règles beaucoup plus simples", argumente le consultant immobilier indépendant Hervé Froidevaux pour qui les règles en vigueur "datent d'une autre époque". "On a construit des réglementations et ajouté une couche à chaque fois (...) et à un moment donné, ça devient indigeste", précise-t-il.

"On a accumulé des règles, le danger serait d'en rajouter", prévient-il. "Je pense qu'on doit repenser cet arsenal de règles (...) il faut les démolir et en reconstruire des plus simples et applicables facilement." Et d'avertir: "Ca ouvre la porte à de très nombreux recours (....) c'est trop compliqué".

Hervé Froidevaux insiste: il faut "arrêter de faire de la politique. "Si vous voulez protéger les locataires, les propriétaires et les investisseurs. Il faut être pragmatique (...), repenser tout ça, se mettre autour de la table (...) et faire des compromis".

Construire plus haut et diversifier

Parmi les autres solutions évoquées pour lutter contre cette pénurie de logements, construire plus haut peut-être une bonne idée pour densifier, d'après le consultant immobilier. "C'est une des voies à suivre", selon Hervé Froidevaux. "On veut construire plus, densifier, avoir plus de logements par mètre carré, donc ça veut dire, souvent, construire en hauteur, construire entre deux bâtiments, surélever. C'est ce qui se fait aujourd'hui."

Il évoque beaucoup de projets à Genève, "notamment dans le quartier du PAV (Praille-Acacias-Vernets), avec des bâtiments hauts qui sont en train de voir le jour". Ce dispositif permettrait en plus "d'avoir des espaces publics de qualité, avec des espaces verts", ajoute Hervé Froidevaux.

Autre solution imaginée par l'expert: la possibilité de faciliter la transformation d'anciens hôtels ou de locaux de bureaux en appartements qui, selon lui, est "une bonne piste". "Aujourd'hui, la mixité est indispensable, aussi pour que les gens voyagent moins entre le lieu de travail, de loisir et les logements", développe-t-il. "C'est important de le favoriser, pour autant que d'un point de vue technique et économique ce soit également faisable."

Mais, pour Benoît Bovay, avocat et professeur à l'Université de Lausanne, cette idée est plus ou moins facile à mettre en oeuvre. "Il faut encore que les bâtiments s'y prêtent. Ce n'est pas toujours simple", prévient-il.

Une autre possibilité serait de modifier des zones d'affectations destinées au commerce pour en faire des habitations. "Pourquoi pas s'il y a des zones excédentaires", indique l'avocat. Mais là encore, il reste dubitatif: "il faudrait revoir les plans d'affectation, ce qui prendra un petit peu de temps".

>> Ecouter l'interview de Benoît Bovet dans La Matinale :

L'avocat spécialiste du droit de la construction et de l'immobilier Benoît Bovay. [cbwm.ch]cbwm.ch
Transformer des bureaux en logements: interview de l'avocat et professeur à l'UNIL Benoît Bovay / La Matinale / 1 min. / le 13 février 2024

Sujets radio: Marielle Savoy

Adaptation web: Julie Marty

Publié Modifié

Des projets de construction obstrués par les recours

Certains accusent les recours aux projets de construction de les ralentir, voire les bloquer. Pour Hervé Froidevaux, il y en a effectivement trop, donc il suggère de "se concentrer sur les recours d'utilité publique, qui servent l'intérêt public, et enlever ceux qui sont d'intérêt personnel et qui ne visent qu'à retarder les constructions".

Et d'ajouter: "On sait que le rythme de la construction est extrêmement important."

Une idée que les avocats ne soutiennent pas. Pour eux, dire qu'il y a trop d'oppositions et qu'elles sont souvent abusives est exagéré. Benoît Bovay estime au contraire que beaucoup de projets sont menés sans intervention.

Et s'il y a des oppositions, elles peuvent, dans certains cas, permettre de réduire le nombre de recours, qui sont, eux, des ralentisseurs plus importants pour les projets de construction, considère Camilla Jacquemoud, avocate chez Kepler à Genève.

"Aujourd’hui, l'opposition est présentée comme l’origine du mal pour les projets de construction, mais ça peut aussi permettre de faire avancer les choses parce qu’on liquide certaines objections ou craintes et ensuite, on avance", relève-t-elle.

>> Ecouter l'intégralité du sujet dans La Matinale de mardi :

Les recours aux constructions ne sont pas toujours une mauvaise chose (image d'illustration). [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Les recours aux constructions ne sont pas toujours une mauvaise chose / La Matinale / 1 min. / le 13 février 2024