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Les économies fédérales accusées de menacer la qualité de la recherche

Les hautes écoles se sont réunies à Berne pour exprimer leurs inquiétudes face aux coupes budgétaires prévues par la Confédération
Les hautes écoles se sont réunies à Berne pour exprimer leurs inquiétudes face aux coupes budgétaires prévues par la Confédération / 19h30 / 1 min. / hier à 19:30
La qualité de l'enseignement supérieur et de la recherche est menacée en Suisse, ont mis en garde lundi les acteurs du domaine. Avec le recul annoncé de la manne fédérale, des projets et des prestations pourraient être suspendus.

Le domaine de la formation, de la recherche et de l'innovation (FRI) fait face à un frein financier, déplorent la faîtière swissuniversities, le Conseil des Ecoles polytechniques fédérales (EPF), le Fonds national suisse (FNS) et l'Académie suisse des sciences dans un communiqué. Le Conseil fédéral a annoncé en mars des mesures d'économie, au vu de l'état des finances fédérales.

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Le gouvernement prévoit un plafond d'investissements à hauteur de 29,2 milliards de francs maximum dans ce domaine entre 2025 et 2028. Le montant prévu initialement a dû être revu à la baisse de 500 millions, afin de tenir compte de la situation budgétaire tendue.

La croissance annuelle moyenne de 2% a été réduite à 1,6% pour l'ensemble du domaine FRI. En raison du renchérissement attendu, il en résulte une croissance quasi nulle, voire une diminution des moyens réels alloués aux hautes écoles. Conséquence, le domaine disposera en 2025 de moyens inférieurs à l'année précédente, une première depuis les années 1990.

Pression accrue pour les EPF et les hautes écoles

Les hautes écoles et le domaine des EPF sont particulièrement sous pression.

Les contributions aux hautes écoles sont pourtant un investissement rentable, a plaidé face aux médias Luciana Vaccaro, présidente de swissuniversities. Selon une étude, un franc investi dans une haute école produit ensuite cinq francs dans l'économie suisse dans son ensemble.

"Nous sommes conscients que les finances publiques sont sous pression. Mais nous risquons de tomber dans un cercle vicieux", selon la présidente de swissuniversities. Si le taux d'encadrement diminue, cela va prétériter la qualité de l'enseignement. Car la décision du Conseil fédéral ne tient pas compte de la hausse continue du nombre d'étudiants.

La pénurie de personnel qualifié, qui coûterait à l'économie suisse quelque cinq milliards de francs par année selon une autre étude, exigerait au contraire un encouragement ciblé de la relève. Et de citer la santé: "aujourd'hui, on a un besoin de formation et de relève. C'est aussi un domaine dans lequel il y a un besoin énorme en recherche. Si on perd ce lien, on sera plus dépendants du personnel à l'étranger."

Le domaine des EPF doit lui faire face à des coupes budgétaires annuelles de 100 millions de francs à partir de 2025. Ce domaine affiche également une croissance annuelle inférieure à la moyenne, avec un taux de 1,2% en termes nominaux.

Impact sur la recherche sur l'IA et dans d'autres domaines

La réalisation de prestations dans l'intérêt de l'économie et de la société est ainsi menacée, a dit Michael Hengartner, président du Conseil des EPF. Cette situation oblige déjà l'EPFL, l'EPFZ et les quatre établissements de recherche du domaine à suspendre ou à redimensionner des projets et des initiatives, notamment en lien avec l'intelligence artificielle.

Par ailleurs, des projets doivent être abandonnés dans les domaines de l'agriculture durable, de la santé, des matériaux de pointe et de la numérisation. Et de rappeler que 70% du financement des EPF vient de la Confédération.

Quant aux institutions d'encouragement de la recherche, le FNS et les Académies suisses des sciences, même si elles sont moins concernées, elles connaîtront également une baisse de financement.

ats/juma

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