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Le procès du scandale 1MDB s'est poursuivi mardi avec deux hommes d'affaires suisses sur le banc des accusés

Le procès du volet helvétique de l’affaire 1MDB s’ouvre au Tribunal pénal fédéral, avec deux hommes d’affaires suisses sur le banc des accusés
Le procès du volet helvétique de l’affaire 1MDB s’ouvre au Tribunal pénal fédéral, avec deux hommes d’affaires suisses sur le banc des accusés / 19h30 / 2 min. / le 9 avril 2024
Le Tribunal pénal fédéral a interrogé mardi l'un des deux prévenus dans le procès 1MDB. Ce ressortissant hevético-britannique s'est efforcé d'étayer l'hypothèse selon laquelle le fonds souverain et la société Petrosaudi étaient des émanations des Etats malaisien et saoudien.

Âgé de 46 ans, le prévenu a expliqué qu'il habitait en Suisse avec sa famille. Il n'a pas de revenu dès lors qu'il ne peut pas travailler dans la finance tant que ce procès n'est pas terminé et qu'il ne sait rien faire d'autre. Sans revenus - il devrait bientôt toucher les loyers d'un immeuble à Londres, il est soutenu financièrement par sa mère.

Entré chez Petrosaudi à "l'automne 2009", l'homme a insisté sur les liens supposés entre cette société et la famille régnante en Arabie saoudite. Ainsi, le capital était détenu à égalité entre le prince Turki, l'un des fils de feu le roi Abdallah, et le second accusé, un Genevois d'origine saoudienne. Ce dernier aussi aurait été bien introduit auprès de la famille royale.

Interrogé sur les activités de Petrosaudi, l'homme d'affaires a expliqué que cette société basée à Genève était considérée comme un partenaire très fiable par l'entreprise dans laquelle il travaillait auparavant. Petrosaudi avait ses entrées auprès d'acteurs importants du secteur en raison de sa proximité avec l'Arabie saoudite.

>> L'interview d'Henry Peter dans Forum: :

Procès du fonds souverain malaisien 1MDB: interview d’Henry Peter
Procès du fonds souverain malaisien 1MDB: interview d’Henry Peter / Forum / 4 min. / le 9 avril 2024

Peu d'activités réelles

Tout au long de ses déclarations, l'accusé a tenté de battre en brèche la thèse du Ministère public de la Confédération (MPC). Pour l'accusation, Petrosaudi n'avait pas d'activité notable avant la conclusion de la joint-venture qui a abouti au détournement de 1,8 milliard de dollars avec le fonds souverain malaisien 1MDB.

La Cour des affaires pénales a tenté de comprendre pourquoi les partenaires étaient si pressés de conclure, entre la rencontre entre le prince Turki et le Premier ministre malaisien de l'époque Najib Razak à mi-août 2009 sur le yacht Alfa Nero au large de Cannes et la fin septembre. Seule explication fournie, cela répondait à un désir "d'en haut". Mais on n'en saura pas plus.

Le président a passé en revue les échanges de courriels entre le prévenu et les autres participants aux négociations avec 1MDB. Pour certains, l'intéressé a invoqué sa mémoire défaillante, 15 ans après les faits. Pour d'autres, son ignorance: "l'acte d'accusation mentionne beaucoup de choses dont je n'ai pas idée."

Concernant les différentes adresses utilisées, parfois très brièvement, par les différents protagonistes ou leurs noms de code, il s'agirait "d'une pratique courante dans les affaires".

Droits fictifs

Le tribunal s'est penché sur l'évaluation des droits d'exploitation du champ pétrolier Serdar III au Turkmenistan. Ce sont ces droits qui ont été apportés par Petrosaudi dans la joint-venture, alors que 1MDB contribuait par des versements s'élevant à 1 milliard de dollars. Or Petrosaudi n'a jamais finalisé l'acquisition de Serdar III. En revanche, Petrosaudi a acquis la maîtrise des fonds transférés à la joint-venture.

Le prévenu a insisté sur la variabilité des évaluations dans le domaine pétrolier. Petrosaudi aurait passé un "accord exclusif de négociations" avec le groupe canadien propriétaire des droits sur Serdar III. Pour mémoire, cette zone était et est toujours l'objet d'un conflit frontalier entre le Turkmenistan et l'Azerbaïdjan et n'est pas exploitée à ce jour. La résolution du conflit aurait multiplié la valeur des droits.

Au fil des messages, la cour a abordé le deuxième volet de l'escroquerie présumée, soit la restructuration de la joint-venture par le biais d'un prêt islamique. Ce dernier s'est concrétisé par le versement de 500 millions de dollars en septembre 2010, suivi d'un transfert de 330 millions entre mai et octobre 2011.

>> Les explications dans le 12h45 de Matthieu Hoffstetter :

Ouverture du procès 1MDB à Bellinzone dans des conditions très spéciales. Les explications de Matthieu Hoffstetter
Ouverture du procès 1MDB à Bellinzone dans des conditions très spéciales. Les explications de Matthieu Hoffstetter / 12h45 / 1 min. / le 9 avril 2024

Exécutant ou acteur

Au-delà de sa mémoire défaillante, le financier a suggéré qu'il avait été davantage un exécutant qu'un acteur, que les décisions étaient prises à un niveau plus élevé. Qui était le "big man" mentionné dans les mails? Mystère, mais l'accusé évoque le roi Abdullah. Une manière d'accréditer à nouveau l'implication de l'Arabie saoudite.

Sur les 1,8 milliard de dollars qui auraient été détournés au total par le biais de Petrosaudi, son directeur aurait touché personnellement 570 millions et son adjoint 37 millions. Le reste aurait bénéficié à d'autres acteurs, particulier à Jho Low, conseiller de Najib Razak.

Les deux prévenus sont accusés principalement d'escroquerie par métier, gestion déloyale et blanchiment d'argent aggravé. Le procès doit durer jusqu'à fin avril.

Sujet radio: Nicole della Pietra

Adaptation web: ami/fgn avec ats

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