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Le président de SwissSki Urs Lehmann quitte le Conseil de la FIS, entre défiance et apaisement

Urs Lehmann, président de SwissSki, annonce sa démission du conseil de la Fédération internationale de ski. [Keystone]
Le président de SwissSki Urs Lehmann annonce sa démission du conseil de la Fédération internationale de ski / Forum / 2 min. / le 6 avril 2024
SwissSki a annoncé samedi que son président Urs Lehmann se retirera du conseil de la Fédération internationale de ski (FIS), sur fond de tensions entre les deux instances. Le Vaudois Jean-Philippe Rochat sera proposé pour le remplacer.

Ce départ intervient alors que le climat est tendu entre Urs Lehmann et le président de la FIS, le Suédois Johan Eliasch. Le premier s'était présenté contre le second à la tête de la FIS, et la rivalité a dégénéré: les deux hommes ne se parlent plus et s'accusent de tous les maux.

Tentative d'apaisement?

Alors qu'Urs Lehmann préside également le comité d'organisation des Championnats du monde de ski alpin prévus en 2027 à Crans-Montana, le Suédois lui mène la vie dure, notamment en exigeant des garanties particulières pour cette compétition, dont le contrat d'organisation n'a toujours pas été signé.

>> Lire : Les Mondiaux de ski 2027 à Crans-Montana sont-ils menacés?

On peut donc interpréter cette démission comme une tentative de calmer le jeu entre les deux hommes et de revenir aux problèmes concrets pour garantir la tenue de cet événement en Valais. Invité samedi dans l'émission Sport Première de RTS-La 1ère, son successeur Jean-Philippe Rochat affirme toutefois que "ce n'est pas la première raison" [lire encadré].

Toujours est-il que dans cette optique, Jean-Philippe Rochat, ancien vice-président de SwissSki et avocat de métier, présente un profil sans doute plus consensuel. Il dispose aussi d'un important réseau dans le monde du ski et des instances dirigeantes du sport en général.

La défiance règne

Urs Lehmann ne compte toutefois pas se mettre en retrait. Selon le communiqué de SwissSki, il veut poursuivre son mandat à la tête de la Fédération suisse et estime qu'avec cette décision, il aura une plus grande marge de manoeuvre "pour trouver les meilleures solutions possibles pour le bien du sport".

Ces propos aux notes provocantes s'inscrivent dans un contexte où les grandes fédérations de sport d'hiver ne partagent pas toujours les idées de Johan Eliasch, notamment en matière de calendrier, mais aussi de droits, et donc d'argent.

Patrick Délétroz/jop

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Une situation qui n'est "dans l'intérêt de personne", affirme Jean-Philippe Rochat

"Il y a une situation un peu paradoxale en cette fin de saison. SwissSki a probablement fait sa meilleure saison de tous les temps, alors que la FIS, elle, a fait une saison qui crée beaucoup de mauvaise humeur", a exposé Jean-Philippe Rochat dans Sport Première.

La bonne saison helvétique, tant en ski alpin qu'en ski nordique, fait donc partie des raisons qui poussent Urs Lehmann à se "concentrer sur des priorités au niveau national", affirme-t-il.

"La Suisse a fait une saison absolument fantastique, c'est devenu une énorme machine, c'est énormément de travail et c'est vrai que pour Urs Lehmann, il y a des priorités. On le voit avec l'Autriche, il y a des hauts et des bas. Il ne faut jamais perdre de mémoire qu'on n'aura peut-être pas toutes les années des saisons comme celle-là. Donc il y a du travail et un besoin de leadership en Suisse", dit-il.

Mais il existe effectivement une tension particulière entre SwissSki et la FIS. "Parce que SwissSki va bien, grandit, et que son président n'a pas sa langue dans sa poche et qu'il a clairement affirmé une position forte, parfois aussi au nom d'autres moins courageux", s'aventure Jean-Philippe Rochat.

Urgence autour de Crans-Montana 2027

"Il est vrai que le climat est momentanément délétère, à un moment très délicat", alors que les Mondiaux de ski alpin et de ski nordique doivent se tenir en Suisse dans les années à venir, convient le Vaudois. "Il faut impérativement recréer un peu d'unité. Je vais essayer d'en recréer avec quelques nouveaux membres et quelques autres fédérations européennes avec lesquelles j'avais gardé des contacts", annonce-t-il.

Concernant Crans-Montana, "je ne suis pas sûr que ma seule candidature va changer quoi que ce soit dans les semaines qui viennent", souligne encore le Vaudois. "Mais il est vrai que la situation est désormais intolérable. Elle n'est dans l'intérêt de personne, que ça soit la FIS, les communes, le Valais ou le ski suisse en général. Là, il y a une urgence qui ne pourra probablement même pas attendre mon élection en juin. C'est un problème parmi d'autres qui témoigne de ce climat délétère autour de la Fédération internationale de ski."

>> Écouter son interview complète dans Sport Première :

Jean-Philippe Rochat avait notamment présidé le comité de candidature valaisane pour les Jeux olympiques de 2026. [Keystone - Peter Klaunzer]Keystone - Peter Klaunzer
L'interview complète de Jean-Philippe Rochat / Le Journal horaire / 12 min. / le 6 avril 2024