Modifié

Avec le changement climatique, les arbres sont en avance sur leur développement

Le changement brutal des températures provoque des dégâts dans plusieurs vignobles de Suisse romande
Le changement brutal des températures provoque des dégâts dans plusieurs vignobles de Suisse romande / 19h30 / 2 min. / lundi à 19:30
Avec le retour du froid, les agriculteurs craignent de perdre leurs récoltes. Les arbres fleurissent en effet de plus en plus tôt, ce qui décuple leur sensibilité au gel. Le secteur de l'agriculture doit aujourd'hui apprendre à vivre avec cette nouvelle réalité climatique.

Aucun dégât majeur lié au froid n'a été signalé jusqu'à présent sur les arbres fruitiers et les vignobles suisses, mais les agriculteurs restent sur le qui-vive face à cette nouvelle réalité du changement climatique.

>> Lire : Avec une nature qui se réveille de plus en plus tôt, le gel tardif fait frémir les maraîchers

Le docteur en agroclimatologie Serge Zaka indique cependant que le vrai problème n'est pas le gel, mais l'évolution des stades de développement des plantes.

>> Ecouter l'interview de Serge Zaka dans La Matinale :

Le retour des gelées d’avril chamboule l’agriculture printanière: interview de Serge Zaka
Le retour des gelées d’avril chamboule l’agriculture printanière: interview de Serge Zaka / La Matinale / 6 min. / lundi à 07:00

"Cette chaleur que nous avons eue début avril a accéléré la croissance des végétaux d'à peu près deux semaines, voire un mois pour certains arbres", explique-t-il dans La Matinale de la RTS. Les hivers doux et les printemps précoces réveillent en effet la nature plus tôt que prévu et certains vergers sont déjà en fleurs ou dans la phase de composition de fruits lorsque les températures plus froides, typiques du mois d'avril, reviennent.

"Il y aura toujours des risques de gel jusqu'à fin avril", affirme Serge Zaka, "certes un petit peu plus faibles, mais sur des végétaux beaucoup plus sensibles". Les plantes deviennent en effet plus sensibles au gel à mesure qu'elles se développent, précise l'agroclimatologue. "Lorsque le bourgeon est fermé, la plante peut résister jusqu'à -15 à -30 degrés, lorsqu'elle est en floraison, c'est plutôt -2,2, -1,8 lorsqu'elle perd les pétales et -0,5 lorsque le petit fruit se forme", détaille-t-il.

>> Ecouter aussi le témoignage de Jean-Daniel Heiniger, arboriculteur à Eysins et Chavannes-des-Bois (VD), dans La Matinale :

Jean-Daniel Heiniger, arboriculteur à Eysins. [RTS - Romain Baudrat]RTS - Romain Baudrat
Dans les vergers, les producteurs sont sur le pont pour tenter de limiter les dégâts: interview de Jean-Daniel Heiniger / La Matinale / 1 min. / lundi à 06:18

Mesures de lutte

Alors que les températures sont encore passées en dessous de 0 degré par endroits dans la nuit de dimanche à lundi, les cultures ont été placées sous surveillance afin de ne pas perdre les récoltes, et ce jusqu'à la fin de la semaine en tout cas. Afin de lutter contre le gel, les agriculteurs tentent de "réchauffer le microclimat de la parcelle", indique Serge Zaka, "en allumant des feux, des chaufferettes ou des ventilateurs pour éviter que l'air froid ne s'accumule au niveau des plantes au sol".

Il s'agit toutefois de mesures à court terme, précise l'expert. "A plus long terme, il faudra mettre en place des éléments socio-économiques et scientifiques sur l'évolution de l'arbre pour faire décaler ces dates d'ouverture des bourgeons", estime-t-il. "Mais il faut aussi faire attention à ce que ce nouveau matériel génétique soit résistant aux sécheresses et aux canicules, donc le problème est assez compliqué".

Evolution des espèces

A terme, certains arbres fruitiers pourraient disparaître en Suisse en raison du manque de froid en hiver. Certains arbres ont en effet besoin de longues périodes avec des températures basses pour bien fleurir au printemps. Mais pour Serge Zaka, il faudra surtout que l'agriculture s'adapte au changement climatique. Cela signifie que de nouvelles cultures pourraient faire leur apparition en Suisse.

"On pourrait voir l'arrivée de nouvelles espèces, comme la figue, l'olive, qui peuvent être intéressantes dans les vallées Sud, ou l'abricot, qui pourrait remonter peut-être dans certaines vallées", observe l'agroclimatologue. "D'anciennes variétés disparaissent, mais d'autres apparaissent dans un nouveau contexte climatique, donc ce n'est pas une fin de l'agriculture, mais une évolution nécessaire pour faire face au changement climatique", ajoute-t-il.

>> Lire à ce sujet : Conséquence du changement climatique, la Suisse se lance dans la culture d'amandes

Météosuisse a annoncé lundi que des températures minimales autour de 0 degré ou légèrement inférieures, ainsi que des gelées au sol, vont se poursuivre les nuits à venir et jusqu'à vendredi.

>> Ecouter aussi les explications de Marianne Giroud Gaillard,  prévisionniste chez MétéoSuisse :

Le verger de Jean-Daniel Heiniger, arboriculteur à Eysins. [RTS - Romain Baudraz]RTS - Romain Baudraz
Après un début de mois d'avril estival, le froid qui s'est installé en Suisse: interview de Marianne Giroud Gaillard / La Matinale / 59 sec. / lundi à 06:22

Propos recueillis: Valérie Hauert

Adaptation web: Emilie Délétroz avec ats

Publié Modifié