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Elisabeth Baume-Schneider: "La migration est le sismographe de la situation géopolitique mondiale"

L'invitée de La Matinale (vidéo)- La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider (PS)
L'invitée de La Matinale (vidéo) - La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider (PS) / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 23 novembre 2023
Un projet pilote de procédure d'asile express a débuté le 13 novembre à Zurich. Il prévoit de traiter les demandes d'asile de personnes originaires d'Algérie, de Libye, du Maroc et de Tunisie en l'espace de 24 heures et serait réservé aux requêtes vouées à l'échec. Pour Elisabeth Baume-Schneider, ce projet doit permettre au système d'asile "d'être résiliant, fort et agile".

Ce projet pilote concerne des personnes qui n'ont "très souvent pas droit à l'asile" et pour qui la Suisse n'est généralement pas la destination finale, explique la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider dans La Matinale de la RTS. "Par exemple, il y a des personnes qui ne viennent même pas au premier rendez-vous pour formuler une demande d'asile parce qu'elles ne sont pas intéressées à le faire", affirme-t-elle. "Elles sont peut-être intéressées à faire une étape en Suisse pour aller ailleurs".

>> Relire : La Confédération teste une procédure d'asile express

Désengorger les centres d'asile

La socialiste ne s'en cache pas, ces procédures accélérées ont pour but d'avoir un effet dissuasif, mais les migrants auront droit à un accompagnement juridique et pourront faire appel, précise-t-elle. "Il y a des avocats à disposition, donc les droits fondamentaux des personnes sont respectés", ajoute la ministre de la Justice.

La volonté, c'est de permettre au système d'être résiliant, fort et agile, de dire "non" à celles et ceux qui n'ont pas droit à la protection pour permettre de traiter plus rapidement

Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale

Ce projet pilote, qui sera testé et évalué jusqu'à fin février, devrait permettre de désengorger les centres d'asile en effectuant "de manière accélérée toutes les étapes d'un dossier".

"La volonté, c'est de permettre au système d'être résiliant, d'être fort et agile, de dire "non" à celles et ceux qui n'ont pas droit à la protection pour permettre de traiter plus rapidement", explique Elisabeth Baume-Schneider. "Parce qu'il y a 15'000 dossiers qui sont en attente de traitement. Et parmi ces dossiers, bon nombre de personnes ont droit à une protection", poursuit-elle.

Collaborations

Malgré un système d'asile sous pression, "le dialogue et la collaboration est de bonne qualité" entre la Confédération et les cantons, qui ont "une responsabilité commune à différents moments de la procédure", selon Elisabeth Baume-Schneider. La conseillère fédérale reconnaît que les cantons sont aussi sous pression et sont également en première ligne pour faire face à l'arrivée de migrants.

"Si tout à coup les cantons ont quelques centaines de personnes en plus par rapport à leurs propres responsabilités, ça met tout le système en difficulté, voire en crise", affirme Elisabeth Baume-Schneider.

Aujourd'hui, le Conseil fédéral et les cantons travaillent sur une solution à long terme. "Il faut avoir une planification au niveau de l'accueil entre la Confédération et les cantons et augmenter ces possibilités d'hébergement pour ne pas se retrouver chaque été à rechercher des places, à rechercher des abris de protection civile, à voir s'ils sont bien équipés", résume-t-elle.

La migration, c'est aussi le sismographe de la situation géopolitique mondiale et je crois que la Suisse a un rôle clair à jouer

Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale

La Jurassienne rappelle toutefois que ce manque d'anticipation est dû à des circonstances imprévues. "Personne n'avait prévu la guerre en Ukraine", affirme-t-elle, notant que chaque mois la Suisse reçoit plus de 2000 demandes d'asile de citoyens ukrainiens, qui "surchargent pendant un petit moment les centres d'hébergement". "Et personne n'avait prévu non plus que la pression de l'asile sur l'Europe en général allait augmenter massivement", ajoute-t-elle.

Ces événements ont eu des répercussions en niveau suisse, mais à l'international également. La Suisse devra donc aussi collaborer avec ses partenaires européens, une réforme du système de Dublin étant bientôt sous toit. "La migration, c'est aussi le sismographe de la situation géopolitique mondiale et je crois que la Suisse a un rôle clair à jouer", conclut-elle.

Propos recueillis: Pietro Bugnon

Adaptation web: Emilie Délétroz

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