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Des produits chimiques indésirables dans le corps des habitants et habitantes de Suisse

Une prise de sang pour rechercher du PFOS. [Belga via AFP - Jonas Roosens]
Des produits chimiques indésirables dans le corps des Suisses.esse.s / On en parle / 8 min. / le 31 août 2023
Une étude de l'OFSP de type bio-surveillance humaine, qui a analysé le sang et l'urine de 789 personnes, a révélé des résidus chimiques indésirables. Parmi elles, l'acide perfluorooctane sulfonique, ou PFOS, substance interdite depuis 2010 en Suisse mais qui possède une grande longévité dans l'environnement.

Il y a des substances chimiques indésirables dans le corps des Suissesses et des Suisses, révèle une étude à grande échelle de l'OFSP dite de "biosurveillance humaine". Ainsi, le sang et l'urine de 789 personnes en bonne santé âgées entre 20 et 69 ans dans les cantons de Vaud et de Berne ont été sondés pour cette analyse d'un type nouveau en Suisse.

Parmi les résultats notables, le rapport souligne que "l'exposition à l'acide perfluorooctane sulfonique (PFOS) s'avère préoccupante pour la santé, puisque 3,6% des participants sont exposés à des concentrations dépassant la valeur seuil fixée pour les PFOS. Cette substance de la famille des PFAS fait l'objet d'une interdiction dans l'UE et en Suisse, depuis plus de 10 ans, sauf quelques exceptions, mais elle est toujours présente dans l'environnement et dans le corps humain en raison de sa longue durée de vie et de sa grande mobilité".

Le PFOS, potentiellement dangereux pour la santé

Murielle Bochud, professeure de santé publique à la Faculté de Biologie et Médecine de l'Université de Lausanne, a travaillé sur cette étude pilote. "Nous avons mesuré un certain nombre de substances chimiques de synthèse. L'un des constats est que d'une part, certaines de ces substances n'étaient pas détectables, ce qui est réjouissant. En revanche, d'autres substances connues pour être potentiellement dangereuses pour la santé ont été détectées dans un certain pourcentage des participants, notamment l'acide perfluorooctane sulfonique, ou PFOS", explique-t-elle jeudi dans l'émission On en parle.

Cette molécule chimique de synthèse fait partie d'une famille de produits plus étendue, les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées). Ils se trouvent dans l'eau, l'alimentation, les habits, les chaussures et l'atmosphère. "Ces substances sont intéressantes dans plusieurs secteurs de l'industrie, comme le textile et l'aérospatial. Elles ont été synthétisées dès les années 1950. Dès qu'un potentiel danger pour la santé a été constaté, certaines de ces substances ont été interdites, notamment le PFOS. Néanmoins, comme ces substances persistent longtemps dans l'environnement, elles sont encore détectables à l'heure actuelle.", précise Murielle Bochud.

Un mode de vie sain recommandé

À noter que si les PFOS sont interdits en Suisse depuis 2010, les résidus mettent plusieurs années à disparaître, d'où leur présence dans l'environnement, les aliments et par extension le corps humain.

Pour se tenir à l'écart du PFOS, Murielle Bochud recommande une alimentation saine et variée, une pratique régulière du sport et éviter de fumer. Il faut aussi éviter de garder de vieux ustensiles de cuisine comme les poêles à frire. Les aliments pré-emballés sont aussi à éviter.

Une première étude concluante

Pour donner suite à cette première étude pilote, l'OFSP a rédigé un rapport pour le Conseil fédéral. "La communauté de santé publique en Suisse soutient la mise sur pied d'une grande cohorte populationnelle qui viserait justement à nous donner une meilleure idée de l'état des lieux, par exemple 100'000 personnes suivies pendant 20 ans pour déterminer si la situation se dégrade ou s'améliore."

Sujet radio et propos recueillis par Mathieu Truffer

Adaptation web: Myriam Semaani

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